Le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren a été remis à la DGA, puis à la Marine nationale
Cent huitième sous-marin construit à Cherbourg depuis 1899 [et le 17e à propulsion nucléaire], le Suffren a officiellement été remis au ministère des Armées, à l’issue de la signature d’un acte d’acceptation par Pierre Eric Pommmellet, le Pdg de Naval Group, et Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], à Toulon, le 6 novembre. Puis le navire a été transféré dans la foulée à la Marine nationale.
Depuis son lancement, en juillet 2019, soit 12 ans après le début de sa construction, le Suffren n’a pas perdu de temps. Après la divergence, en décembre, de son réacteur nucléaire conçu sous la responsabilité du Commissariat à l’Énergie Atomique et aux énergies alternatives [CEA] et réalisé sous la maîtrise d’œuvre de TechnicAtome, le sous-marin a ensuite entamé une série de plongée statiques afin de vérifier ses systèmes de bord et, surtout, son étanchéité ainsi que sa stabilité, tant longitudinale que transversale.
Un nouvelle étape a ensuite été franchie avec le début des essais en mer du navire, à partir du mois d’avril. Ces derniers devaient compter trois phases : sorties en mer et premières plongées dans les environs de Cherbourg, plongées en haute mer dans l’océan Atlantique et tests des systèmes de combat et des armements en Méditerranée.
Supervisée par les ingénieurs et techniciens de Naval Group, du CEA, de TechnicAtome et de la Direction générale de l’armement [DGA], avec le concours d’un équipage de la Marine nationale, cette campagne d’essais, durant laquelle le sous-marin est resté sous la propriété de son constructeur, a pris fin avec la validation de la torpille lourde F21 et le tir réussi d’un missile de croisière naval [MdCN], le 20 octobre dernier.
Malgré un bref retour en cale sèche, à Cherbourg, pour des « ajustements techniques » après la phase des plongées en haute mer, les essais du Suffren auront donc été menés tambour battant. À titre de comparaison, le SNA Rubis avait été lancé en juillet 1979 pour être armé quatre ans plus tard.
« En pleine crise sanitaire, vous avez tous fait preuve d’une mobilisation exceptionnelle, qui a permis de valider en 6 mois seulement, les essais à la mer et les performances techniques d’un sous-marin de nouvelle génération, de prononcer sa qualification avec celle de deux systèmes d’armes nouveaux, et de le livrer aujourd’hui à la Marine. C’est du jamais vu », a d’ailleurs souligné Florence Parly, la ministre des Armées, au moment de la remise du Suffren.
Pour autant, ce sous-marin n’est pas encore tout à fait prêt à être admis au service. Il devrait l’être en 2021, une fois que sera terminée la campagne d’essais opérationnels que va entamer la Force océanique stratégique [FOST] de la Marine nationale. Il s’agira ainsi de vérifier ses performances militaires dans des conditions opérationnelles.
Pour rappel, le Suffren est le premier SNA de la classe Barracuda, qui comptera six unités au total. D’une longueur de 99 mètres pour diamètre de 8,8 mètres et un déplacement de 5.300 tonnes en plongée, ce sous-marin est doté des technologies les plus récentes automatisation, mât optronique, numérisation, recours à l’intelligence artificielle, etc]. Mis en oeuvre par un équipage de 65 marins, il sera plus discret que ses prédécesseurs tout en bénéficiant d’une manoeuvrabilité accrue grâce aux barres en X de son appareil à gouverner. Armé de MdCN, de torpilles F21 filoguidées et de missiles antinavires Exocet SM39, il aura la capacité d’embarquer des commandos marine avec leur propulseur sous-marin de troisième génération [PSM3G].
Le prochain SNA de la classe Barracuda attendu par la Marine nationale est le Duguay-Trouin. Sa livraison est prévue en 2022.