Le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren fait une escale inédite aux Émirats arabes unis
Ce fut par exemple le cas en 2018, avec l’escale de l’Améthyste [classe Rubis] à la base navale américaine de Norfolk, l’objectif étant alors d’afficher ses solides « liens d’amitié » avec l’US Navy. D’ailleurs, l’amiral commandant les forces sous-marines et la force océanique stratégique [ALFOST] avait même fait le déplacement pour accueillir son homologue américain à bord.
En 2020, la Marine nationale et l’État-major des armées [EMA] firent grand cas de la mission « Marianne », laquelle avait mené le SNA Émeraude et le Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain [BSAM] Seine dans la région Indo-Pacifique. Le sous-marin se rendit en Australie et à Guam, avant de patrouiller en mer de Chine méridionale [revendiquée par Pékin] ainsi que dans le détroit de la Sonde [entre Java et Sumatra]. Là, le message était clair : au-delà la démonstration opérationnelle, il s’agissait de marquer l’intérêt de la France pour la région Indo-Pacifique.
Cela étant, ce 25 août, l’État-major des armées a fait savoir, via X/Twitter, que le Suffren, le nouveau SNA de type Barracuda, venait d’accoster… aux Émirats arabes unis.
« Dans le cadre de son déploiement en Indopacifique, le SNA Suffren a accosté ce matin aux Émirats arabes unis. Cette escale témoigne du partenariat privilégié entre la France et les Émirats tout en démontrant l’autonomie stratégique et la crédibilité française dans la zone », a-t-il expliqué.
L’amiral commandant de la zone maritime de l’océan Indien [ALINDIEN], dont relèvent les forces françaises aux Émirats arabes unis [FFEAU], a donné plus de détails sur les raisons de cette escale, via un court communiqué.
« La base navale d’Abou Dhabi, où le Suffren est arrivé le 25 août 2023, constitue un point d’appui stratégique dans le nord-ouest de l’océan Indien. Grâce à un partenariat solidement ancré entre la France et les Émirats arabes unis, les forces françaises sont en mesure d’y accueillir et d’y soutenir tous les types de bâtiments de la Marine nationale déployés dans la zone afin de contribuer efficacement à la stabilité régionale, en réaffirmant le ferme attachement français à l’ordre international fondé sur le droit et la liberté d »accès aux espaces communs », a fait valoir ALINDIEN.
Cette escale à Abou Dhabi – qui peut être vue comme un « signalement stratégique » – implique que le Suffren a navigué dans le détroit d’Ormuz, où les États-Unis accusent l’Iran de menacer le trafic maritime. D’où, leur récente décision de renforcer leur posture militaire dans la région, avec notamment le déploiement des navires d’assaut amphibie USS Bataan et USS Carter Hall.
Par ailleurs, pour la France, l’océan Indien est une zone « d’intérêt stratégique », en raison des territoires sur lesquels elle exerce sa souveraineté et de l’importance de cette région pour le commerce maritime mondial, à l’heure où elle tend à devenir un espace contesté, avec une présence navale chinoise de plus en plus affirmée.
À noter que le Suffren avait été repéré dans le canal de Suez le 29 juillet dernier, avec son hangar de pont amovible [Dry Dock Shelter, ou DDS], qui permet de mettre en œuvre un Propulseur sous-marin de 3e génération [PSM3G] utilisé par le commando Hubert. La capacité du sous-marin à utiliser un tel dispositif n’a pas encore été qualifiée par la Direction générale de l’armement [DGA]. Sans doute le sera-t-elle à l’issue de cette mission.