L’École militaire des aspirants de Coëtquidan a désormais ses propres traditions
Dans le cadre de la réforme de la formation des officiers de l’armée de Terre, il a été décidé de faire du 4e Bataillon de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr [ESM4] une école à part entière, rattachée à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. C’est donc ainsi que l’École militaire des aspirants de Coëtquidan [EMAC] a vu le jour.
Cette dernière se prévaut de deux filiations, à savoir celle du bataillon d’éleves officiers de réserve [EOR], rattaché à l’ESM Saint-Cyr en 1931, et celle de l’École des élèves aspirants de Cherchell [Algérie], qui, durant la Seconde Guerre Mondiale, assura l’instruction d’officiers issus d’horizons divers. Celle-ci, ayant pris le nom d’École militaire d’infanterie [EMI] sera transférée à Montpellier après l’indépendance de l’Algérie.
Par la suite, la formation des officiers de réserve fut confiée au seul 3e Bataillon de l’ESM Saint-Cyr, lequel, au gré des réformes, deviendra le « 4e Bataillon » en 1991. Et, avec la professionnalisation des armées, il lui revint de former les officiers sous contrat [OSC] relevant de différentes filières.
Cette mission sera donc reprise par l’EMAC, organisée selon trois filières principales, dont OSC-E [encadrement], OSC-S [spécialistes] et OSC-P [pilotes de l’Aviation légère de l’armée de Terre. En outre, elle aura vocation à dispenser de nombreux stages plus courts au profit des officiers de réserve, des élèves officiers de la Gendarmerie nationale ou d’étudiants du partenariat grandes écoles [Polytechnique, HEC, etc].
« La création de l’École militaire des Aspirants de Coëtquidan est l’aboutissement du processus de valorisation de la formation des officiers sous contrat initiée depuis deux ans. Elle permet d’offrir une identité propre à cette voie de recrutement et de les fédérer autour d’un drapeau, de traditions et d’une tenue de prestige spécifiques », explique l’armée de Terre.
Justement, lors d’une cérémonie organisée le 6 juillet à Coëtquidan, et afin de concrétiser sa création, l’EMAC reçu son drapeau des mains de Florence Parly, la ministre des Armées. Ce qui lui donne désormais une identité propre. En outre, elle a adopté la devise « L’audace de servir », qui était celle de l’ESM4 depuis 1995.
L’identité d’une unité passe par son drapeau [ou étendard] … mais aussi par son insigne. Celui de l’EMAC réunit un écu inspiré de celui de l’ESM, l’hermine, en référence à son implantation en Bretagne, une grenade or réprésentant l’infanterie et une épée, sympole du commandement. Le tout sur un fond bleu, couleur de traditions des écoles.
Un drapeau, un insigne, une devise… Reste la tenue des élèves officiers sous contrat. Jusqu’alors, cette dernière était la « tenue 21 », celle dite « Terre de France ». Désormais, elle sera de couleur « bleu horizon », en hommage aux officiers de réserve mobilisés durant la Première Guerre Mondiale. Seul le képi bleu clair ne changera pas. Cette tenue a été officiellement portée pour la première fois lors de la remise à l’EMAC de son drapeau.
Pour rappel, les OSC sont recrutés sur dossier, à l’issue d’un cursus universitaire. Pouvant servir pendant une durée maximale de 20 ans, ils représente un tiers des officiers de l’armée de Terre.
Par ailleurs, lors d’une récente audition au Sénat, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées [CEMA], a parlé d’un « mystère français » concernant le recrutement des officiers au niveau des trois armées [Terre, Marine, Air].
« Le taux de sélection n’évolue qu’assez peu : c’est une sorte de mystère français. Déjà, le général Crène, quand il était chef d’état-major de l’armée de terre, pointait ce mystère, qu’il ne s’expliquait pas mais qu’il constatait : il y a toujours une part de la jeunesse de France qui est attirée par la vocation militaire, que ce soit chez les officiers, chez les sous-officiers ou chez les militaires du rang », a affirmé le CEMA, pour s’en féliciter.
« Nous devons bien mesurer, par contraste, les difficultés que rencontrent pour recruter beaucoup de pays en Europe, qui connaissent un effondrement de la qualité de leurs militaires réellement inquiétant. La France est une exception, je ne peux que le constater et m’en féliciter! », a en effet conclu le général Lecointre.
Photos : Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan