Les forces spéciales seront bientôt dotées de nouveaux gilets pare-balles « polyvalents »

Les forces spéciales seront bientôt dotées de nouveaux gilets pare-balles « polyvalents »


Avec la mise en circulation d’armes toujours plus puissantes et, partant, l’évolution continue des menaces, la protection balistique des combattants doit évidemment s’adapter, sans pour autant sacrifier leur mobilité. D’où les efforts pour développer de nouveaux matériaux devant être à la fois légers et [très] résistants.

Ces dernières années, la recherche s’est ainsi concentrée sur la soie d’araignée, trois fois plus résistante que le kevlar, qui est le plus utilisé pour confectionner des gilets pare-balles, la structure de la nacre, dont l’étude a permis de concevoir une matière plastique quatorze fois plus résistante et huit fois plus légère que l’acier, ou encore sur les matériaux dits architecturés, qui offrent une grande capacité d’absorption des chocs.

En 2017, dans le cadre de son programme « Combattant 2020 », l’armée de Terre avait présenté la « Structure Modulaire Balistique Électronique [SMB], censée remplacer le gilet de protection balistique individuel [GPB]. Ergonomique, légère et offrant une protection balistique de classe 4 [contre les munitions perforantes] grâce à des plaques blindées, cette protection a dû faire l’objet d’améliorations, en tenant compte des commentaires de ses utilisateurs.

Aussi, une nouvelle version, appelée SMB-V2, fut mise au point sous l’égide du Service du commissariat des armées [SCA]. Et 80’000 exemplaires furent commandés pour les besoins de l’armée de Terre. Mais il n’est évidemment pas question de s’en tenir là.

En octobre 2022, le Centre interarmées du soutien équipements commissariat [CIEC] présenta son projet de Gilet porte-plaques polyvalent [G3P], à l’occasion de la Présentation des capacités de l’armée de Terre [PCAT].

« La conception et le développement du projet G3P s’inscrit dans la volonté du CIEC d’anticiper les besoins du combattant afin d’assurer la qualité et l’efficacité du soutien. Une amélioration de la qualité du soutien donc, qui passe notamment par le développement de nouveaux effets visant à répondre aux besoins des armées », avait expliqué le SCA, à l’époque.

Le défi relevé par le CIEC était d’allier modularité, ergonomie et légèreté tout en assurant une protection balistique la plus efficace possible. Ce qui s’est donc concrétisé par le G3P, dont la particularité est qu’il peut être configuré en fonction de la mission et de la nature des menaces.

« C’est un gilet qui est destiné aux opérateurs du commandement des opérations spéciales [COS]. Il permet de se protéger balistiquement contre des munitions perforantes et il permet également de pouvoir moduler sa protection par rapport à la menace présente sur le théâtre. En fonction du niveau de menace, l’opérateur peut ainsi mettre soit une plaque plus légère pour améliorer sa mobilité, soit ajouter des plaques de classe 4 pour obtenir une protection complète, notamment contre des munitions de type sniper« , explique le CIEC.

Ce G3P se compose de plaques interchangeables, conçues à partir d’un mélange de plusieurs types de céramiques [carbure de bore, carbure de silicium, titane, etc.]. Mais elles ont aussi la particularité d’être dotées de capteurs permettant de contrôler leur intégrité en permanence.

Ce système, appelé GMOS-TherMOS [GaMma One Shot – TherMique One Shot], a été développé par le CIEC, en partenariat avec un industriel. Les plaques sont chacune dotées de quatre puces [deux sur la face interne et deux sur la tranche] afin de détecter un possible dommage après un choc [auquel cas, un témoin rouge s’allume] ou une exposition à des températures susceptibles de dégrader leur performance.

Un tel dispositif présente plusieurs avantages. D’abord, le combattant peut contrôler lui-même l’état de son gilet pare-balles, ce qui fait qu’il est « autonome » pour le réparer le cas échéant. Ensuite, il n’est plus besoin d’avoir recours à des moyens radiographiques pour vérifier l’intégrité de ce type de protection, ce qui fait gagner du temps et de l’argent.

Les opérateurs du Commandement des opérations spéciales [COS] seront les principaux utilisateurs de ce G3P, dont quelques exemplaires ont déjà été livrés. Mais, dans un « hors-série » de son magazine « Soutenir », qui vient d’être mis en ligne, le SCA indique que « plus de 60’000 puces » du système GMOS-TherMOS seront « produites et livrées en 2025 », ce qui permettre « d’équiper plus de 15’000 plaques, en priorité dans les unités des forces spéciales ».

Photo : © Marion Lottegier/SCA/Défense

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