Les (pas si) beaux restes de la présence militaire française en Afrique
par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 25 septembre 2023
https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/
On attendait depuis quelques mois des précisions sur le redéploiement militaire français en Afrique. L’actualité au Mali, Burkina Faso et Niger a pris de vitesse l’Élysée et les Armées. Revue de détail du dispositif français sur le continent (photo EMA).
Et de trois (voire quatre si l’on ajoute la RCA) ! En matière de redéploiements, l’armée française dispose désormais d’une expérience réelle, mais acquise dans l’amertume. Ces redéploiements (des «retraites», diront certains) ont été imposés, non pas par la force des armes, mais par des régimes militaires arrivés au pouvoir lors de putsch qui ont tous débouché sur une remise en question fondamentale des liens avec Paris.
De Bamako à Niamey, en passant par Ouagadougou, la défaite politique française en rase campagne est incontestable.
Maillage à trous
Que reste-t-il désormais de la présence militaire tricolore sur le continent africain? Selon des données de l’état-major des armées (EMA), les forces en Afrique rassembleront au moins 4 750 après le départ des 1 500 soldats français du Niger. Des soldats dont on ne sait pas encore s’ils seront renvoyés en métropole ou repositionnés sur le continent.
Au Sahel, actuellement, le dispositif des forces françaises compte 2 500 militaires engagés dans la lutte contre les groupes armés terroristes aux côtés de leurs partenaires européens et nord-américain. Une fois le contingent tricolore désengagé du Niger, c’est uniquement au Tchad qu’un contingent consistant sera localisé, avec un millier d’hommes.
Le reste des forces de présence sont éparpillées dans quatre pays.
A Djibouti: avec près de 1500 militaires déployés, les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) s’articulent autour de cinq emprises principales centrées sur Djibouti : le 5e régiment interarmes d’outre-mer (5e RIAOM) ; le détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (DETALAT) armant 4 hélicoptères Puma et 3 Gazelle ; la base aérienne 188 (BA 188) avec ses 4 avions de défense aérienne Mirage 2000-5, 1 avion de transport tactique Casa, 3 hélicoptères Puma ; la base navale ; le centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert de Djibouti (CECAD). Les FFDJ constituent une plateforme stratégique, opérationnelle et logistique aussi appelée base opérationnelle avancée (BOA).
En Côte d’Ivoire: 900 hommes sont rassemblés au sein des Forces françaises en Côte d’Ivoire. Ces FFCI constituent l’une des deux bases opérationnelles avancées (BOA) en Afrique. Les 900 militaires (dont ceux du 43e BIMa) constituent une réserve d’intervention en Afrique centrale et de l’ouest. Ils sont chargés de soutenir les opérations dans la zone et de conduire les activités de partenariat militaire opérationnel avec la République de Côte d’Ivoire.
Au Sénégal: les éléments français au Sénégal (EFS) disposent d’environ 400 hommes qui réalisent des missions de formation et d’entraînement au profit des armées locales. Les EFS s’articulent autour d’un poste de commandement interarmées, d’un détachement de l’aéronautique navale (Atlantique 2 ou Falcon 50 et sa cellule ravitaillement), stationné à l’escale aérienne ; d’un groupement régional d’intervention NEDEX (Neutralisation Enlèvement et Destruction d’Explosifs), d’éléments de soutien spécialisé et de maintenance.
Au Gabon: 350 soldats constituent les éléments français au Gabon (EFG). Ils constituent le second « pôle opérationnel de coopération » (POC) à vocation régionale avec Dakar. Ils disposent principalement d’un échelon de commandement et d’une unité terrestre: le 6e bataillon d’infanterie de marine. Ce 6e BIMa est organisé en groupement de coopération opérationnelle (GCO), implanté au camp de Gaulle à Libreville; il est tourné vers la coopération opérationnelle régionale, il assure également la protection des emprises des EFG et la maintenance des matériels terrestres.
En périphérie
Hors territoire continental africain, d’autres forces françaises sont positionnées à Mayotte et à la Réunion (1750 légionnaires, parachutistes et marins au total pour ces forces dites de souveraineté). La marine nationale maintient plusieurs dispositifs: des frégates dans l’océan Indien (à partir de la Réunion), la TF 150 aussi dans l’océan Indien (une centaine de marins), les moyens de l’opération Corymbe dans le golfe de Guinée (150 hommes)…