Lockheed Martin envisage une version « sans pilote » de son chasseur-bombardier F-35

Lockheed Martin envisage une version « sans pilote » de son chasseur-bombardier F-35


Le 15 mai, un mois après avoir confirmé que le F-47, c’est-à-dire l’avion de combat de 6e génération issu du programme NGAD [Next Generation Air Dominance] de l’US Air Force, allait être conçu par Boeing, le président américain, Donald Trump, a annoncé que le développement d’un autre chasseur-bombardier, appelé F-55, était envisagé.

« Nous allons lancer le F-55 et – je pense que, si nous obtenons le bon prix, il faut obtenir le bon prix – ce sera un bimoteur et une super mise à niveau du F-35 [qui est monomoteur, ndlr] », a en effet affirmé le chef de la Maison Blanche, lors d’une visite officielle au Qatar.

Cette annonce a surpris beaucoup de monde, à commencer par Frank Kendall, secrétaire de l’US Air Force durant le mandat du président Joe Biden [2021-25]. « Une version bimoteur du F-35 nécessiterait une refonte quasi complète. C’est une option qui n’a jamais été présentée et que nous n’avons jamais envisagée, à ma connaissance », a-t-il confié au site spécialisé Breaking Defense.

Pour le moment, Lockheed Martin développe la version Block 4 du F-35. Et comme cette dernière vise à ajouter une soixantaine de fonctionnalités supplémentaires, elle suppose une motorisation plus puissante. D’où le programme « Engine Core Upgrade », confié à Pratt & Whitney pour mettre à niveau le moteur F-135.

Reste à voir si cette modernisation du F-135 sera suffisante pour le « F-35+ », que James Taiclet, le PDG de Lockheed Martin, a évoqué lors d’une conférence téléphonique avec la presse, le 22 avril dernier. « Nous allons prendre le châssis du F-35 et le transformer en Ferrari », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Le défi est d’atteindre 80 % des capacités de la sixième génération à moitié prix. Et c’est quelque chose que les ingénieurs […] n’auraient pas accepté s’ils n’avaient pas pensé qu’il y avait une voie pour y parvenir. »

L’idée consiste à intégrer au F-35 des technologies développées par Lockheed Martin dans le cadre du programme NGAD. Lors de sa conférence téléphonique, M. Taiclet avait refusé d’en dire davantage. Cependant, l’une d’elles pourrait être la capacité du F-35 à contrôler les futurs drones de combat de type CCA [Collaborative Combat Aircraft], le groupe américain ayant communiqué à ce sujet en octobre 2024.

Ce « F-35+ » correspond-il au F-55 annoncé par M. Trump ? Le PDG de Lockheed Martin s’est gardé de le dire, alors qu’il s’exprimait à l’occasion de l’édition 2025 de la Conférence annuelle des décisions stratégiques de Bernstein, le 29 mai. En revanche, il a donné plus de détails sur les capacités envisagées pour une éventuelle future version du F-35.

Ainsi, a détaillé M. Taiclet, ce « F-35+ » pourrait recevoir de nouveaux revêtements pour accroître sa furtivité face aux capteurs infrarouges et aux radars et il est question de redessiner sa cellule, notamment au niveau des entrées d’air et des tuyères de son moteur.

En outre, le PDG de Lockheed Martin a précisé que ce F-35+ pourrait avoir de « meilleures capacités de guerre électronique » ainsi que des fonctionnalités de combat en réseau accrues. Mais il a également évoqué la possibilité de « droniser » ce chasseur-bombardier, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il soit télépiloté ou autonome.

« Nous pourrions rendre le pilote du F-35 optionnel dans un délai relativement court, grâce à une grande partie du développement que nous avons réalisé » pour les appels d’offres sur les chasseurs de sixième génération, a fait valoir M. Taiclet.

En effet, selon lui, certaines de ces nouvelles fonctionnalités pourraient être prêtes « pour un premier vol et une intégration dans le F-35 d’ici deux ou trois ans ». Mais l’ajout de l’ensemble de ces nouvelles capacités ne pourra se faire que par étapes », a-t-il dit « On ne peut pas introduire trop de nouveaux équipements ou trop de nouveaux logiciels à la fois sans interrompre le flux de production », a-t-il expliqué.