Mali : Dix Casques bleus tchadiens tués lors d’une attaque jihadiste à Aguelhok
Une nouvelle fois, le 20 janvier, des positions tenues par les Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA] ont été la cible d’une attaque jihadiste qualifiée de « complexe », à Aguelhok, dans la région de Kidal, à 200 kilomètres de la frontière algérienne.
Il était environs 6h15 quand de « nombreux véhicules armés », selon la MINUSMA, ont surgi à Aguelhoc pour attaquer un checkpoint et le camp des Casques bleus tchadiens installés à Aguelhok. Ces derniers ont promptement réagi et repoussé les assaillants, au prix de 10 tués et d’au moins 25 blessés dans leurs rangs.
« Les Casques bleus ont neutralisé nombres d’ennemis et ont poursuivi les assaillants dans leur déroute », a précisé la MINUSMA, via un communiqué publié dans la journée. Des hélicoptères, venus de Tessalit, ont assuré une couverture aérienne dans la zone où ont eu lieu les combats.
« Le Commandant de la Force de la MINUSMA félicite chaleureusement les Casques bleus d’Aguelhok par leur action résolue et courageuse, à repousser les assaillants et à les pourchasser dans leur fuite. Il a loué la bravoure des Casques bleus de la MINUSMA et salué leur riposte héroïque contre les assaillants », a encore indiqué la mission de l’ONU.
Ce n’est pas la première fois que le camp de l’ONU à Aguelhoc est attaqué. En avril 2018, deux soldats tchadiens y avaient été tués par des tirs de mortier. D’ailleurs, en septembre 2014, le Tchad avait menacé d’en retirer ses troupes après y avoir subi régulièrement des pertes.
Cette nouvelle attaque contre la MINUSMA a été revendiquée par al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] et non par le Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn [JNIM – Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans], auquel l’organisation jihadiste est affiliée. Ce qui suggère qu’elle a agi de sa propre initiative, en tentant de faire une démonstration de force.
D’après l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar, AQMI affirme avoir lancé cette attaque – la plus meutrière contre la MINUSMA depuis 2013 – « en réaction contre la visite du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, au Tchad ».
En effet, ce dernier s’est rendu à N’Djamena, le 20 janvier, pour rétablir les relations diplomatiques entre Israël et le Tchad, lesquelles avaient été rompues en 1972.
« Le Tchad est un pays très important pour Israël, car le futur de l’Afrique dépend du futur du Sahel. […] Ce qui se passe ici influence tout ce qui se passe dans le monde », a déclaré M. Netanyahu, à l’issue d’une rencontre avec Idriss Déby Itno, le président tchadien.
En outre, cette attaque coïncide avec l’annonce faite sur les ondes de France Inter par Florence Parly, la ministre des Armées, au sujet de la reprise, « après plusieurs mois d’arrêt », des opérations de la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], dont le Tchad fait partie.
Depuis le lancement de la MINUSMA, en juillet 2013, 177 Casques bleus ont perdu la vie au Mali, dont plus d’une centaine dans des actes hostiles.
Photo : MINUSMA/Harandane Dicko