Mort-Homme, un exercice qui fait date pour le 61e RA
Clap de fin pour l’exercice Mort-Homme mené par le 61e régiment d’artillerie (61e RA) de l’armée de Terre. L’occasion pour ses Diables Noirs de se préparer à un éventuel engagement majeur, mais aussi de confronter de nouveaux systèmes, procédures et organisations aux réalités du terrain.
Vers Orion 2023
Face au 61e RA, les forces armées de Ruthénie. Un pays fictif qui a entrepris d’envahir l’Europe par son flanc oriental et progresse vers le centre du continent. Durant 10 jours et sur un quadrilatère de 70 par 60 km autour de Chaumont (Haute-Marne), les Diables Noirs ont freiné un adversaire à parité avant d’appuyer la contre-attaque menée par une division française.
Pour remplir sa mission, l’unique régiment de renseignement d’origine image de l’armée de Terre a déployé 300 militaires, 70 véhicules et tous les types de drones disponibles. Soit un poste de commandement régimentaire, trois unités de recherche, dont une batterie opérant le système de drone tactique (SDT) Patroller via la simulation, et une unité de soutien régimentaire. Mort-Homme intégrait également le 1er régiment d’artillerie de Bourogne (Territoire de Belfort) et ses radars COBRA et lance-roquettes unitaires (LRU) afin de travailler les liaisons entre le renseignement et les feux.
Mort-Homme se voulait « très ambitieux » et avait pour enjeu « de placer les Diables Noirs dans un environnement opérationnel immersif afin de les déstabiliser en ayant recours à la surprise, à l’imprévu et à la saturation d’événements les plus divers », complète le 61e RA. Perte ou destruction d’unités, simulation d’attaques NRBC, bouclier anti-drones adverse, etc. : le scénario mettait l’accent sur l’action en mode dégradé en confrontant les militaires « à des situations de déséquilibre ou de saturation ».
L’entraînement en terrain ouvert n’est pas une nouveauté pour le 61e RA, mais celui-ci se pratique généralement à l’échelon des unités élémentaires. « En revanche, à l’échelle régimentaire, un tel déploiement en terrain libre et dans ce contexte de conflit de haute intensité fait date », nous explique-t-on. Mort-Homme s’inscrit pleinement dans la montée vers Orion 2023, exercice de niveau division planifié pour le printemps prochain. Le rendez-vous est important pour le régiment, désigné pour armer le poste de commandement du groupe de recherche multicapteur au profit de la 3e division.
Derrière l’exercice, l’innovation
« L’innovation est une priorité du régiment », nous rappelle-t-on. Mort-Homme était à ce titre l’occasion idéale pour évaluer de nouveaux systèmes, de nouvelles organisations et manières de travailler. La présence du SDT Patroller, bien que simulée, est une première. Une intégration notamment facilitée par un outil de simulation débarqué conçu par le 61e RA pour lui permettre d’entraîner ses équipages en intégrant les missions de drones tactiques au scénario.
Après quelques aléas techniques et les retards qui en découlent, la livraison du Patroller est prévue en fin d’année 2022. Le 61e RA sera le seul à le mettre en oeuvre ce drone « à six millions d’euros » selon le délégué général pour l’armement (DGA) Joël Barre, en remplacement du SDTI Sperwer.
Hormis l’évaluation de nouveaux systèmes, Mort-Homme aura permis d’expérimenter « plusieurs types d’organisation du commandement, offrant davantage de subsidiarité » ainsi qu’un nouvel outil de maîtrise du risque opérationnel. Un outil destiné à « préparer la décision de commandement dans des cas présentant des risques aériens ou opérationnels, qu’il s’agit d’abord d’évaluer puis de réduire ».
Autre grande première, le déploiement dans leur intégralité de sections légères de recherche par imagerie, de petits formations mobiles dotées d’au minimum deux types de vecteurs, un mini-drone SMDR ainsi qu’un micro-drone NX70 ou ANAFI USA ou un nano-drone Black Hornet 3. Au terme d’une dizaine de jours de combat, Mort-Homme aura apporté « une confirmation de la pertinence de cette organisation innovante imaginée il y a quelques années », conclut le 61e RA.