Nouvelles menaces contre la France au Burkina
[INFO L’EXPRESS] Les services ont découvert une liste de cibles du principal groupe djihadiste au Sahel, dont l’Institut français de Ouagadougou.
La France, par l’intermédiaire de ses expatriés et de ses intérêts économiques et stratégiques, est plus que jamais dans la ligne de mire des djihadistes au Sahel. Le démantèlement, le 22 mai dernier, d’une cellule terroriste planquée dans une villa à Ouagadougou (Burkina Faso), en apporte de nouvelles preuves. A l’issue de cette opération militaire – durant laquelle trois djihadistes et un gendarme ont été tués -, les forces d’intervention burkinabées, épaulées par les forces spéciales françaises, ont mis la main sur des documents explicites.
En particulier, selon nos informations, sur une liste de sites désignés comme cibles d’attentats. Parmi ceux-ci : l’ambassade américaine à Ouagadougou, mais aussi l’Institut français, ainsi que des lieux de résidence d’expatriés français et européens. Ces projets d’attentats étaient à un stade avancé de planification. Un arsenal impressionnant a d’ailleurs été retrouvé dans la villa louée par les terroristes : douze fusils d’assaut de type kalachnikov, un fusil mitrailleur, deux pistolets automatiques, des chargeurs, des explosifs, et même de faux uniformes burkinabés et français… Face à la menace sans cesse croissante, et toujours selon nos informations, des Français et d’autres ressortissants européens en poste à Ouagadougou ont été rapatriés depuis la fin du mois de mai.
Le GSIM, ennemi public numéro un
La cellule démantelée le 22 mai est liée au Jama’at nusrat al-islam wal-muslimin, le « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) », l’organisation djihadiste qui avait revendiqué l’attaque perpétrée le 2 mars dernier – déjà à Ouagadougou -, contre l’Etat-major des armées locales et l’ambassade de France. Un commando terroriste avait alors causé la mort de huit policiers et fait 80 blessés avant d’être anéanti par les forces de l’ordre.
Le GSIM fait figure d’ennemi public numéro un dans la région. A la fois pour les Etats sahéliens et leurs forces armées, mais aussi pour l’opération (française) Barkhane et le contingent de la Minusma, déployé par les Nations-Unies afin d’assurer la sécurité au Mali et accompagner un introuvable accord de paix entre Bamako et les groupes armés qui agissent au centre et au nord du pays.
Ce groupe djihadiste, dont la formation a été annoncée le 2 mars 2017 par la diffusion d’une vidéo, résulte de la coalition entre les principaux mouvements terroristes implantés dans la zone sahélienne : Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), Al-Mourabitoune, Ansar-ed-Dine (les « Partisans de la religion ») et la katiba Macina, qui agit dans le centre du Mali. L’ensemble de cette mouvance est dirigée par Iyad ag Ghali, ancien chef charismatique des rébellions Touareg au Mali (1990-1996 et 2006), converti depuis au salafisme djihadiste. Le GSIM, qui veut instaurer un émirat dans la région, s’attaque aussi bien aux armées des pays sahéliens qu’à leurs « alliés infidèles« . Et en premier lieu aux militaires français. Le mouvement djihadiste a d’ailleurs déclaré que l’attaque menée à Ouagadougou le 2 mars constituait une « réponse à la mort de plusieurs de [ses] dirigeants dans un raid de l’armée française dans le nord du Mali [le 15 février]. »
Ce jour-là, une vingtaine de djihadistes appartenant au GSIM avaient été tués ou capturés lors d’une opération aérienne et au sol menée par les forces françaises de Barkhane, près de la frontière algéro-malienne.
Une Française otage depuis 18 mois
En à peine plus d’une année d’existence, la coalition terroriste a conduit plusieurs dizaines d’attaques au Mali, Niger et Burkina Faso. Ces derniers mois, le GSIM a revendiqué deux attaques meurtrières contre l’armée française et la Minusma. D’abord le 21 février, deux militaires français ont été tués et un troisième blessé, près de la frontière nigéro-malienne. Puis le 14 avril, une attaque particulièrement audacieuse contre le camp des forces tricolores et de la Minusma, à Tombouctou, avait fait un mort et 15 blessés, dont 7 militaires de Barkhane.
Incapable de contrôler durablement des territoires, le GSIM démontre sa capacité à mener une guérilla, en frappant régulièrement des postes ou des convois militaires. Le groupe djihadiste a également recours à l’enlèvement d’otages, à la fois pour obtenir des rançons et négocier la libération de certains de ses membres. Six occidentaux, dont une Française, sont toujours aux mains du GSIM. Le 14 juin dernier, ses chefs ont diffusé une vidéo montrant Sophie Pétronin, 72 ans, médecin humanitaire enlevée le 24 décembre 2016 à Gao, la plus grande ville au nord du Mali, où elle s’était installée depuis 2001. Dans cette vidéo de sept minutes, l’otage s’adresse successivement à son fils, au gouvernement français et au président Emmanuel Macron, leur demandant d’agir rapidement pour obtenir sa libération.