PFAS : la guerre économique que la France s’inflige à elle-même

PFAS : la guerre économique que la France s’inflige à elle-même

Pendant que la France s’auto-flagelle, les États-Unis appliquent des interdictions ciblées, avec des exemptions pour préserver leur compétitivité.

par Jean-Baptiste Giraud- armees.com – Publié le
PFAS : la guerre économique que la France s’inflige à elle-même | Armees.com

 

En matière de guerre économique, il y a deux types de nations : celles qui protègent leurs industries stratégiques et celles qui les livrent en pâture à la concurrence étrangère. Devinez de quel côté se range la France avec son interdiction brutale des PFAS ? Pendant que les États-Unis, la Chine et la Russie continuent d’utiliser ces composés essentiels à leur industrie, Paris joue les premiers de la classe et impose à ses propres entreprises un désarmement unilatéral. Résultat : une industrie fragilisée, des champions nationaux en danger et un boulevard offert aux concurrents étrangers.

Un tir ami contre nos fleurons industriels

L’industrie française est en première ligne. SEB et sa filiale Tefal, leaders mondiaux du petit électroménager, ont bâti leur succès sur des revêtements antiadhésifs performants… qui reposent sur des PFAS. Supprimez-les sans alternative viable, et vous offrez à leurs concurrents asiatiques un avantage décisif. Pendant que la France s’interdit ces technologies, les autres pays, eux, continueront d’en produire et d’en vendre partout dans le monde, y compris en France via les importations.

Et SEB n’est que l’exemple le plus visible. Le secteur de la biotechnologie, lui aussi, est directement menacé. En milieu médical et agroalimentaire, les PFAS sont essentiels pour prévenir la formation de biofilms bactériens, ces redoutables couches microbiennes responsables de contaminations. Sans ces composés, les industriels français perdront un avantage technologique clé, alors que leurs concurrents étrangers continueront de garantir des standards sanitaires élevés. Qui voudra encore acheter des équipements ou des produits français s’ils sont moins sûrs que ceux des Américains ou des Chinois ?

Une asymétrie fatale

L’interdiction française ne s’appliquera qu’aux entreprises nationales. Ce détail, à lui seul, transforme cette loi en arme de destruction massive contre notre industrie. Les produits importés contenant des PFAS continueront d’inonder le marché, mettant nos fabricants dans une position intenable. Imaginez une armée privée de munitions face à un ennemi qui continue d’en produire à volonté : voilà exactement ce qui se prépare sur le front économique.

Les États-Unis et la Chine ont bien compris l’importance stratégique des PFAS et n’ont aucune intention de s’en priver. Au contraire, ils investissent massivement dans la recherche pour améliorer leurs propriétés et sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement. La France, elle, choisit de s’autosaboter. Pire encore, elle ne se contente pas d’abandonner le champ de bataille : elle l’offre sur un plateau à ses rivaux.

Guerre informationnelle et naïveté politique

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est la naïveté confondante de nos dirigeants. Car cette offensive contre les PFAS ne sort pas de nulle part : elle est le fruit d’une guerre informationnelle menée depuis des années par des ONG et des lobbies étrangers qui poussent à une interdiction totale, en insistant sur la toxicité de certains composés… tout en passant sous silence leur rôle essentiel dans l’industrie et la santé publique.

Le message est simple : “Les PFAS sont dangereux, il faut les bannir !” Mais qui a intérêt à propager ce discours simpliste ? Ceux qui veulent voir l’industrie européenne s’effondrer. Pendant que la France s’auto-flagelle, les États-Unis appliquent des interdictions ciblées, avec des exemptions pour préserver leur compétitivité. La Chine, elle, continue de produire en masse et raflera bientôt tous les marchés abandonnés par la France.

Une guerre qu’il faut mener, mais pas contre nous-mêmes

L’industrie française n’a pas besoin qu’on lui mette des bâtons dans les roues, elle a besoin qu’on la protège. Oui, certains PFAS sont problématiques et doivent être encadrés. Mais une interdiction aveugle, sans distinction entre les composés réellement dangereux et ceux qui sont indispensables, revient à un désarmement économique en pleine bataille mondiale.

Plutôt que de jouer aux kamikazes de l’écologie, la France devrait défendre ses intérêts stratégiques et imposer des standards ambitieux… mais réalistes. Sinon, la messe est dite : nos entreprises perdront la guerre avant même d’avoir pu livrer bataille.