Que pèse Tsahal, l’armée israélienne?

Que pèse Tsahal, l’armée israélienne?

par Pierre Kupferman & Pascal Samama – BFMTV – publié Le

Israël dispose d’une armée considérée comme l’une des plus puissantes du monde. Ce pays de moins de 10 millions d’habitants consacre 4,5% de son PIB à son armement.

Tsahal est-elle comme on le dit souvent l’une des plus puissantes armées du monde? Sans nul doute du point de vue technologique, en dépenses consacrées à l’armement ou en effectif militaire mobilisable rapidement. Ce pays de 9,6 millions d’habitants, en guerre depuis sa création en 1948, est le 15e pays consacrant le plus d’argent à ses forces armées, selon le dernier rapport du Sipri, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

En 2022, l’État hébreu a consacré 23 milliards de dollars pour ses dépenses militaires. Ce montant représente 4,5% de son produit intérieur brut (PIB), soit deux fois plus que la plupart des pays de l’Union européenne. Le budget d’armement atteint 2500 dollars (2350 euros) par habitant. Par comparaison, si la France consacrait le même montant par habitant, ses dépenses militaires annuelles dépasseraient 150 milliards d’euros contre 49 milliards en 2022.

Des F-35 avec avionique israélienne

En volume, les Etats-Unis sont en tête avec un budget 38 fois plus élevées. La France est au 8e rang mondial. L’État hébreu, qui est aussi une puissance nucléaire, est à la 15e place de ce classement mondial, mais il est dans le top 10 des exportateurs d’armes au monde, selon le Sipri.

Le Dôme de fer (Iron Dome) ou le système anti-missile Arrow sont les plus connus. Mais Tsahal dispose aussi d’un arsenal conventionnel conséquent. Elle dispose d’environ 2200 blindés. C’est 10 fois plus que ce dont dispose l’armée française. À ces chars s’ajoutent 530 pièces d’artillerie.

Les forces aériennes disposent de 339 avions de combat américains, dont près de 200 F-16, des F-15 et une cinquantaine de F-35. En juillet, une nouvelle commande de 25 F-35 a été passée. Israël est le seul pays du Moyen-Orient à posséder des F-35 et à être autorisé à installer son propre système avionique qui a été élaboré par le groupe Elbit Systems.

Enfin, la force navale s’appuie sur six sous-marins (classe Dolphin 1 et 2), 14 navires de guerre et 48 patrouilleurs. La marine compte également des unités de forces spéciales.

Une volonté de souveraineté quasi-totale

Cette puisssance repose sur une industrie parmi les plus performantes et une volonté de souveraineté quasi totale pour la défense de ses intérêts. Toujours selon le Sipri, trois entreprises israéliennes se classent dans les 100 premiers fabricants d’armes de la planète: Elbit Systems, qui est en 28e position, Rafael (35e) et Israel Aerospace Industries (38e). Ces trois entreprises produisent directement -ou via des filliales- aussi bien des chars, comme la Merkava, les boucliers anti-aériens Iron Dome et Arrow, que des drones ou des satellites d’observation.

Israel Military Industries produit aussi ses armes légères. La plus connue est le pistolet-mitrailleur Uzi, mais elle fabrique également des fusils d’assaut de calibre 5,56 Otan (Galil, Tavor, Negev, TAR-21) ainsi que des pistolets semi-automatiques (Jericho 941, Barak ou Desert Eagle).

170.000 militaires et 465.000 réservistes

La particularité de Tsahal repose aussi sur la conscription. Le service militaire dure presque trois ans pour les hommes et deux ans pour les femmes. L’effectif de cette armée est de 170.000 militaires en activité (dont 126.000 pour l’armée de Terre) avec en plus 465.000 réservistes mobilisables à tout moment.

Depuis l’attaque du 7 octobre, Tsahal a rappelé 350.000 soldats réservistes. En seulement trois jours, ils ont rejoint leur unité. Si l’on prend le nombre total de citoyens aptes à intégrer les forces armées, le nombre de soldats représente 2,4 millions d’hommes et de femmes.

Puissance du Hamas et du Hezbollah

Tsahal fait face à des groupes terroristes (Hamas et Hezbollah) évidemment moins puissants, mais très efficacement armés, comme le dévoile un reportage de France Culture paru quelques jours seulement avant l’attaque du 7 octobre. Le Hamas a patiemment constitué un arsenal pendant une décennie. Il est fait d’armes récentes et modernes données par des Etats ou achetées officiellement à différents pays. Elles proviennent de Syrie, de Libye, du Liban, d’Iran, et même de Chine ou de pays de l’Est. Certaines ont été récupérées lors de combat avec les militaires israéliens.

Le groupe terroriste est aussi équipé de « drones, mines, engins explosifs improvisés, missiles guidés antichars, lance-grenades, obus de mortier », assure à l’AFP Lucas Webber. Dans une vidéo publiée sur plusieurs réseaux sociaux, le Hamas montre comment son réseau transforme des canalisations en roquettes. Selon l’IISS (institut international d’études stratégiques), les brigades Al-Qassam du Hamas sont au total constituées de 15.000 à 20.000 agents.

Le mouvement pro-iranien Hezbollah, installé dans le Sud-Liban, est bien plus armé. Cette milice dispose de toutes les armes classiques possibles, de 200.000 missiles (Katioucha, Grad, Shahab) d’une portée allant jusqu’à 1000 km et de presque autant de roquettes. S’y ajoutent des batteries anti-aériennes et une gamme de drones, dont des Shahed-136 utilisés par la Russie en Ukraine et des Mohajer-4, tous deux de facture iranienne.

« La question la plus importante, c’est combien (de missiles) disposent d’un guidage de précision mais cela devrait être significatif », juge Fabian Hinz, un expert de l’IISS.

Le Hezbollah est « plus grand, mieux financé, plus professionnel, mieux équipé et mieux armé que le Hamas », insiste Lucas Webber. En 2021, ce groupe revendiquait 100.000 combattants.