Réparé après son incendie, le sous-marin nucléaire d’attaque Perle est en route vers Toulon
Il y a presque un an, la ministre des Armées, Florence Parly, avait annoncé que le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Perle, gravement endommagé quatre mois plus tôt par un incendie alors qu’il était en arrêt technique à Toulon, allait être réparé au chantier naval de Cherbourg. L’idée était alors de remplacer sa proue par celle du SNA Saphir, désarmé en 2019.
Un chantier hors du commun allait ainsi débuter, avec la contrainte d’aller vite, afin de ne pas perturber le programme « Barracuda », qui vise à doter la Marine nationale de six SNA de nouvelle génération.
Grâce au navire semi-submersible RollDock Storm, le SNA Perle fut transporté à Cherbourg, où, en janvier, il fit son entrée dans le dispositif de mise à l’eau [DMA] de la zone Cachin. Puis, à l’issue de 100’000 heures d’études, au cours desquelles, grâce à un « jumeau numérique », il fallut créer ou mettre à jour plus de 2000 plans et documents, la découpe de la coque épaisse du navire put commencer. Celle du SNA Saphir avait été faite précédemment.
Même s’il s’agit d’une opération compliquée, exigeant des savoir-faire particuliers, associer deux tronçons d’un même sous-marin est une pratique courante… En revanche, souder deux parties appartenant à des navires différents était une entreprise qui, jusqu’alors, n’avait jamais été réalisée. D’où l’exploit des ingénieurs, des techniciens et des ouvriers impliqués dans la réparation de la Perle.
D’autant plus que, au-delà de la soudure de la proue du Saphir, il restait à reconnecter 120 câbles électriques, réunir une soixantaine de collecteurs et autres tuyaux hydrauliques.
Quoi qu’il en soit, et au bout de 350’000 heures de travail [en comptant les études préliminaires, ndlr], « cette réparation a fonctionné. […] Aujourd’hui, nous avons effacé l’incendie et la Perle est prêt à reprendre son arrêt technique majeur », a annoncé Hervé Grandjean, le porte-parole du ministère des Armées.
Mais la Perle ne sera pas exactement la même. Durant son séjour à Cherboug, le navire a pris de la masse [68 tonnes de plus] et gagné et un mètre en longueur. Ce qui fait qu’il disposera dorénavant de deux nouveaux locaux supplémentaires. Un « gain en termes d’emménagement », explique la Marine.
« Aujourd’hui, après sept mois de travaux, la Perle s’apprête à quitter Cherbourg pour Toulon, après avoir été réparée des conséquences de son incendie. Nous ne sommes qu’à la moitié du chemin, le sous-marin doit maintenant reprendre l’arrêt technique qui avait été interrompu. Il sera opérationnel en 2023 », a commenté Mme Parly, via Twitter.
Par ailleurs, l’enquête pour déterminer les circonstances exactes de l’incendie du SNA Perle est toujours en cours. Pour le moment, l’hypothèse privilégiée [et évoquée l’an passé par l’amiral Vandier, le chef d’état-major de la Marine, ndlr] est qu’un éclairage aurait brûlé un feuille de plastique en vinyle. En attendant, les réparations du sous-marin auront coûté 110 millions d’euros, dont 50 millions financés par Naval Group, le reste ayant pris en charge par le ministère des Armées.
Photo : Le SNA Perle, en route vers Cherbourg, en 2020