Sofins 2019 : Interview d’ALFUSCO

Sofins 2019 : Interview d’ALFUSCO

Le contre-amiral Lucas est à la tête de la FORFUSCO depuis l’été 2018 © Marine Nationale 

Air & Cosmos – Publié le

http://www.air-cosmos.com/sofins-2019-interview-d-alfusco-122171

A l’occasion du salon Sofins, dédié aux Forces Spéciales, Air & Cosmos a interrogé le contre-amiral Lucas commandant de la Force Maritime des Fusiliers Marins et Commandos (Forfusco) de la Marine Nationale.

•             Vous êtes vous-même issu de l’aéronautique Navale. Votre passé de pilote apporte-t-il une autre approche des opérations spéciales ? 

Venant d’une autre branche de la Marine, commander la FORFUSCO est pour moi un très grand honneur et une très belle et exigeante mission. Avoir un ALFUSCO issu d’une autre spécialité que celle de commando n’est pas une première. Le croisement des cultures est inscrit dans l’ADN de la Marine nationale en général et dans celui de la FORFUSCO en particulier. Il suffit de constater la très grande variété des spécialités des marins qui composent les commandos comme Kieffer ou Ponchardier. En venant de l’extérieur, on apporte naturellement un regard neuf sur les dossiers et un questionnement toujours bénéfique pour une structure faite d’hommes. Ensuite, mon parcours au sein de la Marine m’a permis de servir longtemps au sein de l’aéronautique navale mais également à bord des bâtiments de surface. J’ai été « biberonné » à la culture de la complémentarité des moyens pour accomplir sa mission. Je pense que c’est cette approche multidisciplinaire que je peux apporter, cette complémentarité des points de vue et des expériences indispensable pour « faire autrement ».

•             L’emploi des drones aériens par les commandos marine diffère-t-il de celui des autres forces spéciales ? Faut-il des drones adaptés au milieu maritime ?

En milieu terrestre, l’emploi des drones aériens par les commandos marine est similaire à celui des autres unités du COS. Les innovations d’emploi provenant d’une des unités sont rapidement étendues aux autres unités lors des nombreux échanges opérationnels et organiques.

En revanche, le milieu maritime possède des particularités qui imposent un emploi et un équipement spécifiques. Ainsi, l’environnement salin et aquatique requiert un vecteur robuste et étanche ; la mise en œuvre depuis une embarcation nécessite un encombrement, une technique de décollage et de récupération  adaptés ;  l’absence de masque naturel (il n’y a pas de colline pour se cacher) requiert un vecteur discret et possédant une allonge suffisante, etc.

•             Le contre-terrorisme maritime peut impliquer des moyens aériens de la Marine nationale qui ne sont pas habituellement dédiés aux opérations spéciales. Comment préparez-vous les équipages à ces missions spécifiques ?

Les équipages de l’aéronavale qui participent au contre-terrorisme maritime le font depuis de nombreuses années et ont acquis un savoir-faire particulier. Pour maintenir ce savoir-faire, la Marine organise tout au long de l’année, sur les différentes façades maritimes, des exercices de niveau intermédiaire et supérieurs.

•             Les équipages d’ATL2, de Hawkeye et de Rafale marine s’entrainent-ils spécifiquement avec les commandos Marine ? 

Les équipages d’ATL2 et les commandos marine travaillent régulièrement de concert pour des missions de type ISR (Intelligence Surveillance and Reconnaissance), aussi bien en milieu maritime qu’aéroterrestre ; et pour les missions liées à la lutte contre les narcotrafics, les missions de police des pêches et plus généralement les missions liées à l’action de l’état en mer. Les Rafale Marine et les ATL2 peuvent aussi travailler avec les commandos lors de missions d’appui aérien.

•             Le tarpon reste-t-il un mode d’action efficace ?  Quel est l’apport de la capacité d’aérolargage de l’ECUME ?

Le TARPON est une procédure propre aux Forces Spéciales Mer qui requiert des procédures, des équipements et un entrainement spécifiques. Il permet le ralliement d’une force à la mer de façon réactive par un élément d’intervention avec ses équipements individuels et collectifs, évitant ainsi le retour à quai du navire. Cette procédure trouve toute sa pertinence pour les opérations inopinées en haute mer (opérations aéronavales ou action de l’Etat en mer).
L’aérolargage d’une embarcation rapide commando (ECUME –Embarcation Commando à Usage Multiple Embarquable ou ETRACO – Embarcation de Transport Rapide pour COmmandos) est une procédure également propre aux Forces Spéciales Mer, qui apporte une dimension supplémentaire. Elle permet de larguer en pleine mer et sans recueil, une embarcation rapide commando avec son équipage et une force d’intervention, de manière à lui faire mener dans la foulée une action en mer ou de la mer vers la terre, après une phase de reconditionnement des équipements.

Retrouvez un dossier Forces Spéciales de 8 pages dans le dernier numéro d’Air & Cosmos, actuellement en kiosque.