L'Ukraine a affirmé avoir repoussé l'armée russe "de 3 à 8 km" en profondeur sur la rive gauche du Dniepr occupée par l'armée de Moscou

L’Ukraine a affirmé avoir repoussé l’armée russe « de 3 à 8 km » en profondeur sur la rive gauche du Dniepr occupée par l’armée de Moscou- afp.com/Anatolii STEPANOV


Comment faire face à la démobilisation de la population, dans un pays épuisé par la guerre depuis plus de deux ans ? C’est la question qui divise les Ukrainiens, alors que l’armée nécessite d’être étoffée face à la menace russe mais peine à trouver des volontaires.

En décembre, le président Volodymyr Zelensky avait proposé de mobiliser « 450 000 à 500 000 personnes«  supplémentaires pour affronter les quelque 600 000 soldats russes déployés en Ukraine. Mais il a ajouté avoir besoin d’entendre « davantage d’arguments » pour trancher tant le sujet est sensible, notamment après l’échec de la grande contre-offensive de l’été 2023.

Les forces ukrainiennes comptent environ 850 000 hommes. Si elles ne dévoilent ni le nombre des soldats envoyés sur le front ni leurs pertes, chaque Ukrainien a pu voir grossir les secteurs militaires des cimetières de son pays. Les dernières estimations américaines en date publiées en août par le New York Times évoquaient près de 70 000 morts et jusqu’à 120 000 blessés.

L’élan patriotique des premiers mois, quand les Ukrainiens partaient en masse volontairement au front, n’est plus là. De plus en plus souvent, des médias évoquent des hommes récalcitrants à la mobilisation.

Nouvelles sanctions pour les réfractaires

Dans ce contexte, le gouvernement a soumis fin décembre au Parlement un projet de loi qui prévoit notamment d’abaisser l’âge de mobilisation de 27 à 25 ans, afin de rajeunir le profil des combattants. Une précédente loi avait déjà été adoptée en ce sens, mais n’a jamais été signée par Volodymyr Zelensky.

En outre, le projet de loi simplifie les procédures d’enrôlement et introduit de nouvelles sanctions pour les réfractaires, comme des restrictions en matière de permis de conduire et l’interdiction de transactions immobilières. Le texte restreint en revanche à 36 mois le service en temps de guerre, alors qu’il est actuellement illimité.

Néanmoins, la sanction n’est pas une solution, selon le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets. « Nous ne pouvons pas en arriver au stade où, en combattant la Russie, nous nous transformerons en quelque chose de similaire à la Russie où les lois ne fonctionnent plus et où la Constitution n’est qu’un bout de papier », a-t-il déclaré à la télévision.

Recours au tirage au sort ?

Face aux critiques, plusieurs responsables parlementaires et la présidence ont assuré que ce texte serait débattu et amendé. Une commission parlementaire chargée de la défense a entamé, le 4 janvier, l’examen du projet à huis clos.

Sur les réseaux sociaux, on appelle toujours plus souvent à mobiliser les enfants de l’élite et l’on dénonce certaines propositions de responsables politiques. Une parlementaire du parti présidentiel, Mariana Bezougla, a émis l’idée d’une exonération de mobilisation en échange d’un don important fait au budget.

« Et ceux qui n’ont pas d’argent, qu’ils crèvent dans les tranchées et que leurs enfants deviennent orphelins ?« , s’est insurgé un internaute sur la page Facebook de la députée. « La guerre, c’est pour les pauvres », a renchéri une autre.

Un ex-ministre de l’Economie, Tymofiï Mylovanov, a pour sa part rappelé que les États-Unis avaient recouru au tirage au sort pendant la guerre du Vietnam : « L’État choisit au hasard un jour et un mois. Les personnes nées ces jours-là sont mobilisées ». Parallèlement, des voix s’élèvent pour réclamer une démobilisation de ceux qui sont au front depuis longtemps. D’autres veulent des mesures pour pousser les Ukrainiens de l’étranger à rentrer combattre.

Côté russe, des femmes de mobilisés protestent près du Kremlin

De l’autre côté de la frontière, des voix contre la mobilisation des hommes s’élèvent également – celles des femmes de Russes qui protestent pour demander le retour de leurs maris partis au front. Le samedi 8 janvier, une quinzaine d’entre elles ont déposé symboliquement des fleurs sur la flamme du soldat inconnu sous les murs du Kremlin.

L’activisme des femmes de mobilisés a été largement ignoré par les médias d’État russes, alors que le Kremlin tient à afficher une image d’unité autour de Vladimir Poutine avant sa réélection inévitable lors de la présidentielle de mars 2024. Selon Vladimir Poutine, 244 000 mobilisés combattent actuellement en Ukraine sur une force totale de 617 000 hommes.