Le secrétaire général de l’Otan dit craindre une « guerre majeure » avec la Russie
Pour rappel, l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord prévoit une clause de défense collective, c’est à dire que tous les pays membres doivent porter assistance si l’un des leurs est attaqué. Il n’a été invoqué qu’une seule fois, par les États-Unis, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
Quoi qu’il en soit, l’épisode de Przewodów a démontré que le risque d’un conflit généralisé en Europe n’était pas à écarter… Et c’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, lors d’un entretien accordé à la NRK, la radio-télévision publique norvégienne, le 9 décembre.
D’abord, l’ex-Premier ministre norvégien est revenu sur les semaines qui ont précédé le début de la guerre, en particulier sur le Conseil Otan-Russie [COR] qui s’était tenu le 12 janvier. A priori, ce fut à ce moment qu’il comprit que Moscou ne reculerait pas. « À un moment donné, les discussions sont inutiles. [Vladimir] Poutine avait décidé d’utiliser la force », a-t-il confié.
Aussi, a aussi dit M. Stoltenberg, « une invasion étant une violation de toutes les règles internationales, il était important de faire comprendre [à la Russie] que l’Otan soutiendrait l’Ukraine ». Ce qui est effectivement le cas depuis le début de la guerre…
Quant à M. Poutine, « il a cru qu’il pourrait obtenir ce qu’il voulait par la force militaire et une brutalité que nous n’avions pas vue depuis la Seconde Guerre Mondiale », a poursuivi le secrétaire général de l’Otan. Les forces russes « ont délibérément visé les civils en coupant l’approvisionnement en eau et en attaquant des cibles non militaires. C’est une guerre extrêmement brutale », a-t-il continué…
Cependant, M. Stoltenberg a dit penser que le chef du Kremlin « ne pourra pas briser l’Ukraine » et que « au contraire, il mobilise encore plus de soutien pour Kiev ». Mais plus généralement, a-t-il continué, « il serait extrêmement dangereux de sous-estimer ce à quoi nous sommes confrontés ». Et d’inister : « Nous sommes face à un test pour savoir si la liberté peut résister aux régimes autoritaires ».
S’agissant des conséquences économiques de cette guerre, dues, pour la plupart, aux sanctions imposées à la Russie, M. Stoltenberg n’a pas cherché à les minimiser. « Je comprends ceux qui pensent que les prix alimentaires et les factures d’électricité sont trop élevés. C’est un prix douloureux que nous payons en Europe. Mais il y aura un prix beaucoup plus élevé à payer si notre liberté est menacée par la victoire de Poutine en Ukraine », a-t-il estimé.
Reste que pour le responsable norvégien, il y a un risque de voir guerre en Ukraine « devenir incontrôlable » et se transformer en « une guerre majeure entre l’Otan et la Russie ». Cela étant, il s’est dit aussi « convaincu que nous éviterons cela ». Et de conclure : « La tâche la plus importante de l’Otan est d’empêcher une guerre à grande échelle en Europe, et c’est quelque chose sur laquelle nous travaillons chaque jour », d’autant plus que [Vladimir Poutine] « a sous-estimé notre capacité à nous protéger et à nous défendre mutuellement ».