Le missile air-air à longue portée russe R-37M associé au Su-35s plus efficace qu’anticipé en Ukraine
Le missile air-air à longue portée russe R-37M associé au Su-35s plus efficace qu’anticipé en Ukraine
Développé dans les années 80 sur la base du missile lourd R-33 (AA-9 Amos), le R-37 (AA-13 Axehead) a été conçu pour conférer à des appareils ne disposant du très puissant radar du MIG-31, la possibilité d’engager des cibles aériennes à longue portée. Pour cela, l’auto-directeur radar semi-actif du R-33 fut remplacé par un autodirecteur radar actif couplé à une navigation inertielle comme pour le missile américain AIM-54 Phoenix équipant le F-14 Tomcat de l’US Navy, ce qui devait permettre d’équiper le missile d’une portée de 200 km à bord de chasseurs de supériorité aérienne comme le Su-27 ou le Su-30. Toutefois, les difficultés économiques rencontrées par l’Union Soviétique amenèrent les autorités à considérablement ralentir les travaux autour de ce programme en 1988, sans qu’il fut jamais mis en service. En 2006, s’appuyant sur l’effort et les nouveaux crédits mis à disposition par le Kremlin depuis l’arrivée de Vladimir Poutine, le spécialiste russe des missiles Vympel MKB entreprit d’exhumer le programme, en vue de le moderniser afin de pouvoir équiper les nouveaux chasseurs Su-30SM, Su-35s et Su-57.
Les forces aériennes russes souhaitaient se doter d’un missile capable de constituer une menace pour les appareils de soutien comme les avions d’alerte aérienne avancée (Awacs E-3 Sentry, E-7 Wedgetail, E-2 Hawkeye..), les avions ravitailleurs comme le KC-135, l’A330 MRTT ou le KC-130, ainsi que les appareils de renseignement électronique comme le Rivet Joint ou le Compass Call. Il s’agissait, pour l’état-major russe, de neutraliser l’efficacité de cette flotte aérienne de soutien constituant un multiplicateur de force considérable pour l’OTAN. Initialement conçu pour remplacer le R-33 dans le cadre de la modernisation du Mig-31BM, le missile entra en service en 2018 à bord de cet appareil. Très rapidement, les ingénieurs russes entreprirent d’adapter le R-37M à bord du Su-35s, ultime chasseur de supériorité aérienne de la famille Flanker, disposant notamment du très performant radar à antenne électronique passive (PESA) Irbis-E. A peine deux années plus tard, à la fin de 2020, le couple Su-35s/R-37M était déclaré opérationnel au sein des forces aériennes russes.
Capable d’engager un appareil à 200 km en tir tendu, et jusqu’à 400 km en tir plané à haute altitude, le R-37M atteint une vitesse terminale supérieure à Mach 5, lui conférant une importante zone de non-évasion, c’est à dire la distance en dessous de laquelle la cible ne peut plus sortir de l’enveloppe de tir du missile par la manoeuvre. Ayant été développé uniquement en Russie, même dans les années 80, et n’ayant jamais été exporté, peu d’informations à son sujet ont pu filtrer permettant de configurer efficacement les systèmes de brouillage défensif pour contrer cette menace, au sein de l’OTAN comme des forces aériennes ukrainiennes. Surtout, alors que la perception générale tendait à qualifier le R-37M de missile spécialisé dans l’interception de cibles imposantes et peu manoeuvrantes de la flotte de soutien, il apparait désormais qu’il se montre également très efficace contre des avions de combat de type chasseur ou chasseur-bombardier très manoeuvrants et évoluants, qui plus est, à très basse altitude. Et de fait, à ce jour, le couple Su-35s/R-37M représenterait, selon les forces aériennes ukrainiennes, la plus grande menace pour ses avions de combat opérant à proximité de la ligne d’engagement, y compris à basse altitude et haute vitesse.