De premiers points d’appui en Ukraine pour la filière défense française
« Il n’y a pas de défense sans industrie de défense », rappelait le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, lors d’un forum qui aura attiré plus de 160 entreprises de 26 nationalités différentes dans la capitale ukrainienne. L’enjeu partagé par tous ? Participer à l’émergence d’une base industrielle et technologique de défense robuste, innovante et dimensionnée pour appuyer une armée engagée dans un conflit appeler à durer.
En amorçant cette démarche, la France souhaite miser autant, voire davantage, sur les acquisitions et le partage des savoir-faire que sur les dons de matériels. « Nous allons passer d’une logique de cessions à partir de nos stocks, à celle de partenariats industriels », affirmait le ministre des Armées. « Nous avons une grande industrie de défense, qui peut aider les Ukrainiens à être endurants pour assurer des livraisons dans la durée. Ce n’est pas une question de profits, mais bien d’assurer une aide directe et durable », complétait-il lors d’un entretien accordé au Parisien.
Si elle implique de rivaliser avec des mastodontes mieux implantés comme les États-Unis et l’Allemagne, l’initiative se concluait par une première salve de succès. « Près de 16 accords ont été signés entre les industriels français et les industriels ukrainiens », annonçait hier le ministère des Armées.
Nexter décrochait ainsi une commande pour six CAESAR supplémentaires, en plus des 18 donnés par les armées françaises et des 12 acquis auparavant par l’Ukraine. La maison-mère, KNDS, a quant à elle signé un accord pour l’intégration en territoire ukrainien d’armements sur les véhicules des forces armées. Déjà mobilisé pour la fourniture de 150 drones, le toulousain Delair remportait un nouveau contrat pour la livraison d’exemplaires supplémentaires.
D’autres partenariats relèvent du soutien d’équipements en service et de perspectives de productions locales. Ainsi, si Nexter et de Delair assureront la maintenance des CAESAR, AMX-10 RC et drones en service au travers de sociétés ukrainiennes, Arquus fera de même pour les VAB cédés par la France via la production par un partenaire local de pièces de rechange. Le groupe français et son nouvel associé se sont également engagés à étudier la perspective d’une production de VAB neufs en Ukraine.
Spécialiste de l’impression 3D, Vistory s’est rapproché d’une société ukrainienne pour déployer des ateliers mobiles de fabrication de pièces de rechange sur le théâtre d’opérations, contribuant par là à accélérer et à rapprocher du front certaines opérations de maintenance. Enfin, Thales et Turgis & Gaillard ont chacun signé un accord avec un acteur ukrainien « pour co-développer des drones, avec comme perspective de les fabriquer localement ».
Cette approche au cas par cas s’entoure par ailleurs de deux accords ratifiés par la Direction générale de l’armement (DGA) et le GICAT, tous deux visant à renforcer la coopération franco-ukrainienne en matière d’armement. Pour perdurer, elle devra également trouver une base financière solide. « Il y aura, pour accompagner cela, des fonds français, européens et des fonds souverains ukrainiens », indiquait Sébastien Lecornu à ce titre dans Le Parisien.
Crédits image : Forces armées ukrainiennes