Carte. La crise au Proche-Orient vue des enjeux maritimes
Par , le 2 novembre 2023
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L’institut FMES vient de publier une étude, « La Territorialisation des espaces maritimes » qui présente cette carte p. 95. Cette étude a été conduite tout au long de l’année 2022, et publiée en octobre 2023, sous la direction de Jean-François Pelliard, capitaine de vaisseau de réserve et chercheur à l’institut FMES.
Cartographie par Pascal Orcier, professeur agrégé de géographie, docteur, cartographe, auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages.
Les 9 et 10 novembre 2023, la Fondation Méditerranéenne d’Études Stratégiques (FMES) organise à Toulon, en partenariat avec la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), les deuxièmes rencontres stratégiques de la Méditerranée, les RSMed. Nul doute que l’actualité du Levant y sera abordée lors de certaines des tables rondes proposées aux participants ou par les grands témoins et chefs d’état-major d’armées présents. Pour la FMES, think tank expert des questions géopolitiques et maritimes, ce conflit n’est pas seulement un affrontement aéroterrestre. Un embrasement de la région aurait des conséquences majeures sur le trafic et la sécurité maritimes.
Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, Diploweb.com est heureux de vous faire connaitre cette carte commentée extraite de l’étude de la FMES, « La Territorialisation des espaces maritimes« , p. 95. Cette étude a été conduite tout au long de l’année 2022, et publiée en octobre 2023, sous la direction de Jean-François Pelliard, capitaine de vaisseau de réserve et chercheur à l’institut FMES.
Avec un commentaire inédit rédigé le 2 novembre 2023 dans la perspective des deuxièmes rencontres stratégiques de la Méditerranée, les RSMed.
Carte grand format en pied de page.
CERTAINS des terroristes du Hamas se sont infiltrés en Israël le 7 octobre 2023 à partir de la mer. La modeste marine israélienne pour sa part, habituellement chargée de la surveillance des plateformes gazières off shore, participe aux bombardements et au blocus de Gaza. Cependant, ces opérations à partir de la mer, bien réelles, restent mineures en comparaison des opérations aériennes israéliennes et désormais terrestres. La dimension navale du conflit réside ailleurs, dans les risques d’extension et dans la prévention de ces risques. Alors que leurs bases militaires dans la région subissent déjà des attaques quotidiennes de la part de milices opérant à partir d’Irak et de la Syrie, les États-Unis ne s’y trompent pas en dépêchant deux groupes aéronavals dans la zone. L’USS Gerald R. Ford déjà présent en Méditerranée orientale, à proximité d’Israël, est rejoint par le Dwight D. Eisenhower qui, venu de Norfolk, pourrait rallier la mer d’Arabie et le golfe d’Oman.
Si cette présence significative vise à protéger si nécessaire Israël et les bases américaines du Moyen-Orient, elle est d’abord un avertissement envers l’Iran et ses proxys : envers le Hezbollah bien sûr, menace directe pour Israël, mais aussi envers d’éventuelles intentions de perturber la navigation. Car alors que les récents événements réveillent un sentiment anti-occidental, l’Iran pourrait en profiter pour multiplier des actions dont il est coutumier aux abords des détroits d’Ormuz et de Bab-el-Mandeb (voir la carte). Forte de quantités d’embarcations solidement armées, la marine des gardiens de la révolution est capable d’un harcèlement sélectif à l’entrée du Golfe, plus difficile à combattre en ces lieux qu’une flotte de haute mer. Les rebelles Houtis soutenus par la force Al-Qods iranienne ont une capacité de nuisance similaire à la sortie de la mer Rouge. L’interception en Mer Rouge par une frégate américaine de missiles et de drones Houthis à destination d’Israël est l’illustration de cette problématique.
Bloquer ces deux détroits – Ormuz et Bab-el-Mandeb – ou simplement y faire régner une forte insécurité mettrait en péril une partie des approvisionnements stratégiques de l’Europe, sauf à envisager un coûteux contournement de l’Afrique. Pour la France, le lien avec ses Outre-mer de la zone Indo-Pacifique serait largement perturbé. Pendant ce temps, le porte-avions Charles de Gaulle, qui sort d’une période d’entretien, n’est pas immédiatement opérationnel et ce sont les groupes aéronavals américains qui exercent un fort pouvoir dissuasif au Moyen-Orient.
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