Que reste-t-il du groupe de mercenaires russes Wagner un an après sa mutinerie?
par Franck Alexandre – RFI – Publié le
Il y a un an le groupe de mercenaires russes Wagner entrait en rébellion contre le Kremlin. Une aventure militaire menée par Evgueni Prigojine après des mois de tensions entre son groupe et les autorités militaires russes sur la conduite des opérations en Ukraine. Le coup de force avait pris fin au bout de quelques jours et deux mois plus tard, Evgueni Prigojine disparaissait dans le crash de son avion. Mais que reste-t-il aujourd’hui du groupe Wagner qui avait incarné les ambitions russes notamment en Afrique ?
Le 23 août 2023, le groupe Wagner est décapité. Dans les débris de l’appareil d’affaire qui s’est écrasé peu après son décollage dans la région de Moscou, outre la dépouille d’Evgueni Prigojine, sont retrouvés les corps de Dimitri Outkine, son bras droit et de Valeri Chekakov chef de la logistique du groupe. L’empire Prigojine, qui disposait d’environ 50 000 mercenaires en Ukraine n’est plus.
Sur le front ukrainien les mercenaires passent sous la coupe de la RosGardia, la garde prétorienne de Vladimir Poutine. En Afrique les mercenaires intègrent une nouvelle firme : Africa corps, chapeautée par la GRU, le renseignement militaire russe, mais sur le continent, les ex-Wagner historiques sont encore bien présents dit Lou Osborn, analyste d’All Eyes on Wagner groupe de recherche en sources ouvertes: « Oui, il en reste plein. En fait, c’est ça qui est très intéressant. Le seul endroit où il y a une espèce de concentration de Wagners historiques, c’est plutôt en Centrafrique. Aujourd’hui, on a quelqu’un comme Dmitri Sytyi qui est encore en charge des activités du Wagner historique en Centrafrique. Et puis après on voit les anciens commandants qui réapparaissent alors soit dans Afrikakorps, soit dans d’autres organisations paramilitaires comme Redut par exemple ».
Le renseignement militaire russe, la GRU a la main sur les opérations en Afrique, mais contrairement à Wagner, organisation verticale, la GRU privilégie cette fois, les intermédiaires. « Au Burkina Faso, on a été capable d’identifier une unité qui s’appelle l’unité des Ours », Lou Osborne, « À la base c’est un groupe de combattants volontaires qui s’est créé en Crimée et qui, dans le cadre de la réorganisation qui avait lieu au moment de la mutinerie de Prigojine, a signé un contrat avec le ministère de la Défense. Et ce contrat est en réalité signé avec la GRU. Les services de renseignements russes semblent passer par des organisations qui ont une existence intermédiaire, de manière à organiser l’ensemble de ces unités et à les dispatcher à droite à gauche. »
Wagner une marque toujours très populaire en Russie
Wagner était également très présent dans les médias et l’influence numérique. En Afrique, les opérations d’influences étaient organisées par les Bureaux d’information et de communication de Wagner, les bureaux BIC et là encore, depuis un an, il y a eu du mouvement pointe Lou Osborne « Au moment de la mutinerie, toute la partie plutôt médias traditionnelle, puisque Prigogine, était à la tête d’un espèce de consortium de médias, le plus connu était Ria Fan, tout cela a a été fermé. Sur la partie plutôt ferme à Trolls, opérations d’influence, elles ont continué après une petite pause. Et puis, ça a repris et on a vu, à partir d’octobre 2023, la création d’une nouvelle structure qui s’appelle African Initiative, et qui aujourd’hui est vraiment le moteur de l’influence en Afrique. Donc ces bureaux, ils existent encore. Maintenant, qui est en charge de ces bureaux ? Ça, c’est la grosse question. »
Reste que la marque Wagner n’a pas totalement disparu. En Russie elle sert même encore de produit d’appel, pour enrôler des mercenaires qui servent ensuite exclusivement le pouvoir russe, le Kremlin ne veut surtout plus voir émerger des aventuriers à l’instar d’Evgueni Prigojine.