Face aux ingérences russes, un rapport demande à la France de « ne plus être naïve »
Stimulées par l’intelligence artificielle et les réseaux, les ingérences étrangères se multiplient. Et la France n’est pas assez armée pour y faire face, selon une commission d’enquête du Sénat.
« Les punaises de lit » à la rentrée 2023 ; « l’affaire des étoiles bleues de David taguées à Paris » fin octobre ; « des mains rouges sur le mémorial de la Shoah » début mai ; « cinq cercueils de taille réelle déposés aux abords de la tour Eiffel » en juin… Autant d’actes dont « il paraît vraisemblable qu’ils ont été menés par les services de renseignement russes », souligne la commission d’enquête du Sénat sur les ingérences étrangères en France, dans son rapport rendu jeudi.
Une « néoguerre froide hybride »
Selon Rachid Temal, sénateur socialiste du Val-d’Oise et rapporteur de la commission, ces opérations sont la manifestation d’une « néoguerre froide hybride » qui fait rage actuellement, stimulée par le développement de l’Intelligence artificielle et des réseaux sociaux. « Il ne faut pas être naïf », lance-t-il, avant d’appeler à s’en prémunir.
Problème, si la France « a mis des choses en place », avec notamment la création en 2021 de Viginum, une agence de l’État chargée de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques, les mesures prises ne sont pas encore suffisantes, à ses yeux. « On manque d’une stratégie globale », regrette Rachid Temal.
Lire aussi : Le texte pour lutter contre les ingérences étrangères adopté à l’Assemblée
« Éviter les trous dans la raquette »
Avec ce rapport, les sénateurs cherchent à remédier au problème en donnant des solutions « clés en main » au futur gouvernement. « On propose quarante-sept mesures différentes dans divers domaines », détaille le sénateur. Sont passés en revue les médias, la culture, l’armée, la coopération internationale ou encore l’école, avec un objectif principal : développer l’esprit critique. « Pour prendre l’exemple de l’école, l’idée est de faire comme dans d’autres pays, où l’on apprend aux élèves à recouper les informations, vérifier les sources des statistiques… ».
Autre point capital : « une prise de conscience collective ». Selon le sénateur, il faut « comprendre que chaque citoyen peut être à la fois une cible et un élément propagateur. » Il recommande donc d’être particulièrement vigilant à tout moment. Mais difficile de mettre un terme à toutes les ingérences, reconnaît-il. « Il n’y a pas de risque zéro . Le but, c’est qu’il y ait le moins de trous possible dans la raquette. »