Le président Volodymyr Zelensky sur fond d’avions de chasse F-16 de l’armée de l’Air ukrainienne, 4 août 2024.
par Léo PÉRIA-PEIGNÉ, cité par Edwige Grolleau – publié le 21 août 2024 dans La Dépêche du Midi
Deux semaines le début de l’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk, Volodymyr Zelensky appelle ses alliés à lui accorder l’utilisation d’armes de longue portée contre la Russie. Léo Péria-Peigné, chercheur en Armement et Industrie de défense à l’Institut français des relations internationales (Ifri) apporte à la Dépêche son éclairage.
Deux semaines d’incursion, trois ponts détruits et 92 localités russes, soit 1 250 kilomètres carrés contrôlés. Tel est le bilan affiché mardi 20 août par l’armée ukrainienne depuis sa percée inédite sur le territoire russe le 6 août dernier. Si pour Volodymyr Zelensky, l’armée « atteint ses objectifs », le président ukrainien a appelé ce lundi 19 août ses alliés occidentaux à autoriser Kiev à frapper la Russie avec les armes à longue portée livrées, afin d' »arrêter l’avancée » de l’armée russe dans l’est de l’Ukraine.
Plusieurs alliés sont en mesure de fournir le type d’armes demandées, explique à La Dépêche du Midi Léo Péria-Peigné, chercheur en Armement et Industrie de défense de l’Observatoire des Conflits Futurs à l’Ifri (Institut français des relations internationales) : « Beaucoup de ces matériels sont d’origine américaine, mais ils sont présents dans les inventaires d’autres pays, notamment en France, en Allemagne ou en Grande-Bretagne. »
Selon Léo Péria-Peigné, Kiev pourrait compter sur l’utilisation de missiles air-sol largués depuis des avions, comme les Storm Shadow britanniques (l’équivalent des Scalp français) et les Taurus allemands. Ces armes, précise le chercheur, pourraient intervenir en complément des munitions ATACMS – des missiles tirés depuis le sol par des lance-roquettes américains, les Himars – et être embarqués sur les aéronefs de combat, notamment les F16 qui ont été livrés fin juillet en Ukraine. Autres armes envisagées : des missiles air-air à très longue portée.
Ces dernières « seraient employées pour abattre les avions russes armés de bombes planantes », cite en exemple le chercheur, faisant référence aux missiles qui une fois largués, peuvent atteindre une cible à 50 kilomètres et terrorisent les civils ukrainiens.
Le plus grand atout de ces munitions réside sans conteste dans la profondeur de frappe. Si les ATACMS peuvent parcourir environ 300 kilomètres, les missiles de croisière tels que les SCALP, dont la portée est officiellement de 250 kilomètres, peuvent en réalité atteindre une cible située à plus de 300 kilomètres. Cette distance monte à plus de 500 kilomètres pour les Taurus.
Avec cet arsenal, les attaques pourraient être lancées par l’armée ukrainienne depuis un espace aérien sûr, difficilement atteignable par les défenses aériennes ou l’aviation ennemie.
« Les armes air-sol ou sol-sol, permettent de frapper des cibles à très haute valeur ajoutée sur les arrières du front, comme des postes de commandement, des centres de logistique, des centres d’entraînement, voire même des points économiques ou des points logistiques comme des ponts », détaille Léo Péria-Peigné.
Un usage restreint
Impossible toutefois pour Kiev, d’utiliser de telles munitions selon ses desiderata.
L’usage des armes fournies par les Occidentaux est soumis à des restrictions, souligne le chercheur : « Chaque pays va poser des conditions et des limites à l’utilisation des armes qu’il octroie à l’Ukraine. »
> Lire l’article sur le site de La Dépêche du Midi