Guerre en Ukraine : la Russie déploie des chars « vintage » de la Seconde Guerre mondiale
Depuis le 28 octobre 2024, des rapports indiquent que la Russie utilise des chars anciens de la Seconde Guerre mondiale sur le front en Ukraine. Face à des difficultés matérielles et logistiques, Moscou a décidé de recourir à des équipements militaires « vintage » pour combler les lacunes de son arsenal moderne. Des modèles emblématiques comme le T-34, le IS-3, et le canon automoteur ISU-152 ont été repérés, marquant un tournant stratégique surprenant.
Les modèles de chars de la Seconde Guerre mondiale repérés en Ukraine
Ces véhicules représentent des reliques militaires, autrefois au cœur des batailles de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, leur technologie et leurs capacités sont dépassées par les standards modernes, mais ils possèdent encore certains atouts dans des situations spécifiques.
Le T-34 : le char de légende
- Production : 1939 – 1958, principalement en URSS.
- Armement : Initialement équipé d’un canon de 76,2 mm, puis amélioré avec un canon de 85 mm pour contrer les blindés allemands.
- Blindage et mobilité : Grâce à une inclinaison intelligente de son blindage, le T-34 offrait une protection renforcée contre les tirs directs. Sa capacité à évoluer sur différents terrains et sa relative vitesse en faisaient un char redoutable pour l’époque.
Les experts estiment qu’environ 80 000 unités de T-34 ont été produites, et plusieurs pays en possèdent encore. En raison de sa facilité d’entretien et de sa conception robuste, ce char reste fonctionnel, mais face aux armes antichars modernes, sa survie serait limitée.
L’IS-3 : la réponse soviétique aux chars lourds
- Conception : Mis en service en 1945, le char IS-3 (Iosif Stalin) visait à surpasser les chars lourds allemands tels que le Tiger II.
- Blindage : Sa particularité réside dans son blindage avant, formé en pointe de flèche, un choix technique qui améliore sa résistance aux projectiles. Sa conception était en avance sur son temps et a influencé la conception de chars modernes.
- Armement : Équipé d’un canon de 122 mm, l’IS-3 pouvait engager des cibles lourdes à des distances modérées.
L’IS-3, bien qu’impressionnant, souffre d’une vitesse de déplacement lente, de difficultés de manœuvre, et d’un habitacle étroit, rendant son équipage vulnérable dans les combats modernes. Peu adapté aux besoins de mobilité des guerres contemporaines, ce modèle reste néanmoins intimidant en parade militaire.
L’ISU-152 : le « Briseur de fortifications »
- Rôle stratégique : Le canon automoteur ISU-152 a été conçu pour des opérations de destruction massive contre des structures défensives et des positions fortifiées.
- Armement : Son obusier de 152 mm est capable de tirer des projectiles explosifs puissants, idéaux pour neutraliser des bunkers et des formations de blindés.
- Limites : Ce modèle est lourd et son armement principal, bien que destructeur, manque de précision à longue distance, ce qui limite son efficacité dans les environnements de combat modernes.
L’ISU-152, surnommé le « Zveroboy » (tueur de bêtes), a été produit à environ 4 600 exemplaires. Toutefois, son impact reste limité en raison de la lenteur de son canon à se repositionner et de sa faible cadence de tir.
Contexte stratégique : pourquoi la Russie déploie ces vieux chars en Ukraine ?
L’apparition de ces chars relève d’une stratégie de dernier recours. Plusieurs facteurs contribuent à cet usage :
- Pénurie de matériel moderne : Les rapports indiquent que la Russie fait face à un épuisement de son équipement militaire moderne, dû à une consommation excessive en raison de la durée du conflit.
- Mobilisation des ressources de réserve : Face à une pression logistique croissante, le Kremlin se tourne vers des équipements des entrepôts. L’objectif serait de compenser les pertes matérielles tout en conservant les ressources modernes pour des opérations plus stratégiques.
- Usage dans des scénarios d’entraînement ou pour des campagnes de propagande : La réintroduction de ces véhicules sur le terrain pourrait aussi être un message adressé à la population russe et aux observateurs étrangers, symbolisant une résilience historique.
Selon Anton Gerashchenko, ex-ministre ukrainien de l’Intérieur, « des vidéos montrent un T-34, un IS-3 et un ISU-152, tous issus de la Seconde Guerre mondiale ». Son analyse laisse entendre que la Russie pourrait utiliser ces chars pour former les recrues ou même préparer des parades symboliques.
NOELREPORTS, une source d’information sur Twitter, confirme également la présence de ces équipements en précisant qu’ils « ont été sortis de l’entrepôt ». De nombreux analystes estiment qu’ils pourraient être utilisés pour des démonstrations de force ou des manœuvres dans des zones sécurisées loin des lignes de front actives.
Vieux chars russes : Une stratégie de la dernière chance… mais pas que
Avantages potentiels
- Utilisation dans des zones rurales ou en soutien logistique : Ces chars pourraient être efficaces dans des contextes limités, où l’ennemi dispose de peu d’armes antichars modernes.
- Effet dissuasif psychologique : Bien que datés, ces modèles de chars peuvent créer une forte impression, rappelant aux observateurs les sacrifices et la persévérance de la Russie durant la Seconde Guerre mondiale.
Limites et vulnérabilités
- Vulnérabilité aux armes modernes : Ces chars seraient facilement neutralisés par des missiles antichars modernes tels que le Javelin ou le NLAW.
- Obsolescence technique : Comparativement aux chars contemporains, leur blindage, leur puissance de tir et leur maniabilité sont inférieurs, réduisant leur impact sur le champ de bataille moderne.
Le retour de ces véhicules anciens reflète une situation difficile pour l’armée russe. Elle semble être poussée à trouver des solutions alternatives face aux pertes cumulées et aux sanctions internationales qui entravent la production de matériel moderne. Cette stratégie de « recyclage » pourrait avoir des impacts à court terme, mais demeure une solution temporaire qui révèle la complexité croissante de maintenir un front actif en Ukraine.
Ces chars, bien qu’emblématiques, risquent de devenir des cibles faciles pour les forces ukrainiennes mieux équipées. En somme, ce déploiement symbolise davantage une tentative de pallier une pénurie plutôt qu’une réelle avancée stratégique.