Le faucon antiwoke Pete Hegseth pressenti comme futur secrétaire à la Défense de Trump
Donald Trump a déclaré mardi qu’il entend nommer Pete Hegseth (44 ans), chroniqueur pour Fox News depuis 2014 et vétéran de la Garde nationale américaine (il y servait avec le grade de capitaine), pour occuper le poste de secrétaire à la Défense.
D’autres noms étaient cités comme candidats potentiels à la Défense: le représentant Mike Rogers de l’Alabama, président républicain de la commission des forces armées de la Chambre des représentants ; le lieutenant-général à la retraite Keith Kellogg ; la sénatrice Joni Ernst, républicaine de l’Iowa et Robert Wilkie, ancien responsable du Pentagone qui était à la tête des Anciens combattants pendant le premier mandat de Trump.
Pete Hegseth, une fois sa nomination confirmée par le Sénat, pourrait réaliser la promesse de campagne faite par le président élu de débarrasser l’armée américaine des généraux qu’il accuse de privilégier des politiques progressives en matière de diversité.
Déjà dans le collimateur de Pete Hegset: le chef d’état-major interarmées, le général de l’armée de l’air Charles Quinton Brown. Pete Hegseth a en effet accusé C.Q. Brown, qui est afro-américain, de « poursuivre les positions radicales des hommes politiques de gauche ». Pete Hegseth, dans son dernier livre publié au mois de juin (au titre éloquent: « The War on Warriors: Behind the Betrayal of the Men Who Keep Us Free »), s’en est pris à C.Q. Brown, se demandant si ce dernier aurait été nommé à son poste s’il n’avait pas été noir: « Etait-ce en raison de sa couleur de peau ou de ses compétences? Nous ne saurons jamais mais douterons toujours, ce qui, à première vue, peut sembler injuste pour C.Q.. Mais comme il est celui qui a fait de la carte raciale l’une des plus importante, cela a peu d’importance », a écrit Pete Hegseth.
En annonçant sa décision, Donald Trump a chanté les louanges de Hegseth, un vétéran de l’Army national guard qui, selon son site internet, a servi en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo Bay, à Cuba. « Pete est coriace, intelligent et il croit véritablement en l »America First », a dit Donald Trump dans un communiqué. « Avec Pete aux commandes, les ennemis de l’Amérique sont prévenus. Sa grandeur sera rendue à notre armée et l’Amérique ne cédera jamais. »
Pete Hegseth a dit avoir quitté l’armée en 2021, après avoir été considéré comme un extrémiste par une institution qui ne voulait plus de lui.
Dans un post du 27 octobre (« Etats-Unis: en attendant l’épuration dans l’Institution militaire« ), je m’interrogeais: « Trump veut-il la peau des chefs militaires américains? ». La réponse devient de plus en évidente. L’inquiétude règne déjà au Pentagone, où les craintes de voir Donald Trump évincer des officiers et des fonctionnaires du DoD qui seraient, selon lui, déloyaux, sont vives (voir mon article du 8 novembre où je rappelle que Donald Trump a promis de « virer les bureaucrates voyous », « les ripoux et les cafteurs de la Défense et de la sécurité nationale où ils sont nombreux »).
L’Europe aussi dans le collimateur
Les pays européens ont certainement aussi de quoi s’inquiéter. Visiblement, pas de mansuétude à attendre du futur Secrétaire à la Défense. « Obsolète, surpassée en puissance de feu, envahie et impotente »: voilà le portrait de l’Europe selon Hegseth.
« Pourquoi l’Amérique, le ‘numéro d’urgence » de l’Europe depuis un siècle, devrait-elle écouter des pays bien-pensants et impotents, qui nous demandent d’honorer des accords de défense dépassés et unilatéraux à la hauteur desquels ils ne parviennent plus à se hisser? », s’est aussi demandé le très Natosceptique Pete Hegseth dans son récent livre.