La Direction générale de l’armement a fait franchir un « premier jalon » à la coopération drone / hélicoptère
L’idée de mettre en œuvre un drone aérien [voire plusieurs] depuis un hélicoptère n’est pas nouvelle : le Tigre porté au standard MK2+ ainsi que le NH-90 devraient disposer de cette capacité qui, appelée MUM-T [pour Manned-Unmanned Teaming], a récemment fait l’objet d’une démonstration organisée par Airbus Helicopters et Leonardo dans le cadre du projet MUSHER.
Ainsi, l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] développe le concept de « dronisation de l’aérocombat », qui est dans ses « cartons » depuis quinze ans, selon son commandant, le général David Cruzille. « Le drone, aujourd’hui, c’est une belle opportunité. Il y a un tel bond technologique que l’on peut passer de la doctrine à la mise en œuvre », a-t-il d’ailleurs récemment souligné, lors d’un entretien diffusé par le Commandement du combat futur [CCF].
Outre la notion d’Engins Lancés par Aéronefs [ELA], l’ALAT envisage le développement d’un drone tactique d’aérocombat [DTA], capable d’évoluer, comme un ailier, au côté d’un hélicoptère habité. Selon le CCF, il permettrait de « préserver l’effet de masse et d’augmenter la liberté d’action du chef en fonction du niveau de risque ou de complexité de l’enjeu opérationnel ».
En attendant, il s’agit de défricher le terrain… D’où les essais simulés de coopération entre des drones et un hélicoptère, conduits en février par DGA Essais en Vol [DGA EV] avec le concours de pilotes du Groupement aéromobile de la Section technique de l’armée de Terre [GAMSTAT], du 3e Régiment d’hélicoptères de combat [RHC], en pointe dans l’élaboration de la doctrine d’emploi des futurs ELA, et du 4e Régiment d’hélicoptères des forces spéciales [RHFS].
Cette campagne d’essais avait trois objectifs : définir les interactions « les plus pertinentes » entre les équipages et les drones, mesurer la charge cognitive des personnels navigants et évaluer une « interface tactile pour la gestion des drones ».
Le scénario a consisté à mener « une mission de reconnaissance offensive d’un hélicoptère appuyé par deux drones. Cette mission a été découpée en plusieurs phases élémentaires qui ont été jouées plusieurs fois chacune en variant les niveaux d’interopérabilité [LOI] et la configuration de l’équipage [à 2 ou à 3]. Pour chaque phase, des mesures subjectives et physiologiques de la charge cognitive des équipages ont été réalisées pour évaluer leur capacité à gérer toutes les tâches induites », explique la Direction générale de l’armement [DGA].
Quant à l’interface tactile, elle permettra « d’interagir avec une cartographie, d’afficher les informations venant des drones et de prendre le contrôle de ceux-ci [création et assignation du plan de vol, contrôle de la charge utile] », précise-t-elle, avant de se féliciter d’avoir franchi un « premier jalon ».
Les résultats de ces essais, réalisés grâce à « plusieurs simulateurs interconnectés », seront utilisés pour développer une capacité analogue pour la Marine nationale et l’armée de l’Air & de l’Espace ainsi que pour préparer un « projet d’étude amont devant intégrer des briques technologiques développées par l’industrie. »
« Cet apport améliorera la représentativité de certaines fonctionnalités, augmentera l’autonomie fonctionnelle intégrée dans les systèmes, drones ou hélicoptères, permettra d’affiner les scénarios d’emploi et devra déboucher sur la conduite d’essais en vol hybridés avec la simulation », conclut la DGA.
Photo : DGA