S’il s’étend sur 130 hectares, le site militaire du camp de Mortagne, situé à Vernon (Eure) n’en reste pas moins discret. Et il a fallu la visite la semaine dernière du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de passage sur ses terres euroises peu après sa confirmation dans le nouveau gouvernement, pour lui offrir un coup de projecteur.
« Il a toujours fallu faire un compromis entre la discrétion qu’impose une telle infrastructure et la volonté d’expliquer nos missions, notamment auprès de la population locale », sourit la colonelle Geribaldi, la cheffe d’État-Major de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (Dirisi), dont l’une des équipes, composée de neuf techniciens, est en poste au cœur de cette ancienne carrière exploitée jusqu’en 1929.
Le site abrité des regards par un vaste massif forestier est dédié aux communications de la Défense depuis les années 1950. Clin d’œil de l’histoire, il avait été réquisitionné par les forces allemandes en 1943 pour abriter… un poste de communication secondaire du maréchal Rommel.
La mission de ces spécialistes ? Assurer les transmissions haute fréquence pour les forces armées, en particulier lorsqu’elles sont déployées sur l’ensemble du globe. « C’était notamment le cas lors de la mission Pégase dans le Pacifique ou en 2023, au Soudan, lors de l’opération Sagittaire pour exfiltrer les ressortissants français présents sur place », précise la colonelle Geribaldi. Pour ce faire, 31 antennes aux fonctions diverses et un bâtiment émetteur sont installés sur le camp de Mortagne.
Un vaste chantier de modernisation du camp de Mortagne lancé en 2017 pour un budget de 50 millions d’euros vient de s’achever. Il était notamment destiné à mieux sécuriser le site, afin d’éviter les intrusions au cœur de ce dispositif primordial pour les forces armées. L’Armée en a profité pour améliorer ses équipements, ce qui en fait l’un des centres de transmissions haute fréquence les mieux équipés d’Europe. « La communication est un enjeu stratégique, aussi bien en tant de paix, qu’en temps de guerre. Les menaces évoluent en même temps que les technologies, souligne la cheffe d’État-Major Geribaldi. Il est donc essentiel d’avoir un outil performant et sécurisé pour nos troupes et l’ensemble de notre système de défense. »