Covid-19 : Les Français appelés à pavoiser balcons et fenêtres pour commémorer la victoire du 8 mai 1945
Étant donné les mesures de confinement prises pour freiner la propagation de l’épidémie de Covid-19, les cérémonies commémoratives de la victoire du 8 mai 1945 ne pourront pas se dérouler comme d’habitude.
« Il n’est pas question de créer des regroupements composés bien souvent d’anciens combattants et de porte-drapeaux », a lancé Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, lors d’une audition en vidéo-conférence organisée par la commission de la Défense nationale, à l’Assemblée nationale, le 17 avril. D’autant plus que les anciens sont aussi les plus fragiles face au Covid-19. Aussi, il était donc question d’annuler les cérémonies dans « chaque département. »
Cependant, une telle mesure n’a pu que susciter une polémique. « On ne peut pas sacrifier le devoir de mémoire sur l’autel du coronavirus et il ne faut pas que ce soit vécu par nos anciens combattants comme un moment d’oubli et d’indifférence », a estimé Damien Abad, le chef de file des députés « Les Républicains », dans les colonnes du Journal du Dimanche, daté du 19 avril.
« À quelques jours de la rentrée des classes [le 11 mai, et sous conditions, ndlr], alors que chacun peut aller acheter des croquettes pour nourrir ses chiens ou chats […], la France ne pourrait pas honorer ses morts?! C’est ahurissant et inconcevable », s’était indigné, la veille, le député [LR] Philippe Gosselin.
La polémique a rebondi ensuite au Sénat, avec Bruno Retailleau, le président du groupe LR. « Je partage la position de Philippe Gosselin : il est possible d’organiser les cérémonies du 8 mai. Les écoles seront ouvertes 3 j après et les mairies peuvent organiser des cérémonies réduites à l’essentiel en toute sécurité. Je demande à Emmanuel Macron de revenir sur cette annulation », a-t-il fait valoir sur Twitter.
La secrétaire d’État a utilisé le même canal pour répondre à M. Retailleau. « Non, nous n’annulons pas le 8 mai. Pas de polémique inutile. Il y aura une cérémonie nationale à cette date. Le format sera seulement adapté aux circonstances, ce que chacun peut comprendre en faisant preuve de bon sens », a-t-elle rétorqué.
Finalement, le 20 avril, le ministère des Armées a précisé les modalités des cérémonies du 8 mai. Ainsi, à Paris, le président Macron assistera à celle organisée à Paris, à l’Arc de Triomphe. Cette dernière réunira un « nombre restreint d’autorités civiles et militaires. » Retransmise à la télévision, elle ne sera évidemment pas ouverte au public.
Dans les départements ainsi que dans les territoires outre-Mer, préfets et hauts-commissaires organiseront une cérémonie devant le monument aux Morts de la commune chez-lieu, dans un format, là-aussi, restreint et en respectant « strictement » les mesures de distanciation. Là encore, le public ne pourra pas y assister.
Enfin, dans les communes, les maires seront autorisés à organiser un dépôt de gerbe au monument aux Morts… mais sans public et en respectant les mesures de distanciation.
Enfin, précise le ministère des Armées, « afin de manifester leur participation à cette journée nationale, le Président de la République demande aux Françaises et aux Français qui le souhaitent de pavoiser leur balcon aux couleurs nationales. » Verra-t-on fleurir les drapeaux tricolores?