« La seule armée taillée pour la haute intensité » : comment la Pologne devient la première armée d’Europe

« La seule armée taillée pour la haute intensité » : comment la Pologne devient la première armée d’Europe

Avec près de 5 % de son PIB consacré à la défense et des milliers de commandes de chars, lance-roquettes et avions de combat, Varsovie devient le géant militaire de l’Europe sur le segment terrestre. Mais cette montée en puissance va se heurter à quelques écueils.

La Pologne, première armée d’Europe ? Il y a dix ans, le simple énoncé aurait fait sourire le microcosme de la défense. En ce début d’année, plus personne ne rit. Depuis 2014, le budget de défense polonais a triplé, à 44,2 milliards d’euros en 2025, selon les chiffres du gouvernement. Il dépasse désormais celui de l’Italie et n’est plus devancé, au sein de l’UE, que par l’Allemagne et la France. Et la part du PIB consacrée aux armées est passée de 1,88 % en 2014 à 4,7 % en 2025, le chiffre le plus élevé de tous les pays de l’Otan, Etats-Unis compris. Quant aux effectifs militaires, ils ont plus que doublé en dix ans : avec plus de 216 000 soldats, l’armée polonaise devance désormais son homologue française (204 000).

La Pologne ne fait pas mystère de ses ambitions. « Aujourd’hui, nous construisons l’armée la plus moderne d’Europe, expliquait le premier ministre Donald Tusk en septembre lors d’un déplacement à Gdansk, dans le nord du pays. La Pologne réalise un effort extraordinaire pour développer ses capacités de défense. Le monde entier commence à s’en apercevoir. » Varsovie veut désormais atteindre un effectif de 300 000 militaires à l’horizon 2035, dont 250 000 soldats d’active et 50 000 soldats rattachés aux forces de défense territoriale (opérations défensives, contre-insurrection, gestion de crise…).

Cette montée en puissance, inédite en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, est en train de bousculer les équilibres traditionnels. « La Pologne sera la première armée terrestre et aéroterrestre à la fin de la décennie, avec une puissance de feu unique en Europe », résume Léo Péria-Peigné, auteur, avec Amélie Zima, d’un rapport du think tank Ifri publié le 5 février, intitulé « Pologne, première armée d’Europe en 2035 ? ».

40 fois plus de lance-roquettes que la France

Pour mener à bien cet objectif, Varsovie a multiplié les contrats d’armement ces dernières années. Le pays a commandé un millier de chars sud-coréens K2 (dont 380 fermes), 366 chars américains Abrams, mais aussi 672 obusiers coréens K9 Thunder et environ un millier de lance-roquettes multiples (Himars américain, K239 Chunmoo sud-coréen). « L’objectif est de construire une dissuasion conventionnelle crédible pour pallier l’absence de dissuasion nucléaire indépendante face une Russie plus agressive que jamais », résument Léo Péria-Peigné et Amélie Zima dans leur note.

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