Le 61e Régiment d’Artillerie va entrer en « phase d’appropriation » du drone tactique Patroller
En effet, conçu à partir du motoplanneur allemand Stemme S15, le Patroller doit afficher des performances proches de celles d’un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance], avec la capacité d’évoluer à une altitude de 20’000 pieds pendant 20 heures. Et cela n’est pas sans conséquence sur la formation des « télépilotes » du 61e RA, ceux-ci devant alors se préparer à la licence de pilote privé « avion ».
Une « partie du travail consistera à former les opérateurs – les pilotes de systèmes de drones. […] Mais le vol n’est qu’une première étape : il faut aussi une parfaite intégration en termes de coordination 3D avec aussi les différents intervenants des armées et principalement avec l’armée de l’Air », avait expliqué le général Thierry Burkhard, quand il était encore chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], en 2019. Il sera « également essentiel de bien orienter ces capteurs, dans les bonnes zones » et il y aura « également le travail d’analyse des images qui nécessite toute une chaîne d’exploitation », avait-il ajouté.
Seulement, l’accident d’un Patroller lors d’un « vol de réception industrielle », en décembre 2019, a remis en cause le calendrier des livraisons étant donné qu’il a fallu en trouver la cause et y remédier.
Quoi qu’il en soit, le projet de finances pour 2022 annonçait la livraison des 14 drones tactiques attendus par le 61e RA. Mais cet objectif fut revu à la baisse par Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors d’une audition au Sénat. « Le Patroller a repris ses essais en Finlande avec succès. Depuis, la dernière version logicielle a revolé sur un prototype piloté. Nous attendons les premières livraisons fin 2022 avec 10 appareils sur les 14 prévus », avait-il dit.
Combien de drones ont effectivement été livrés? Difficile à dire puisque, sauf erreur, leur livraison n’a fait l’objet d’aucune annonce officielle. En tout cas, le 61e RA en dispose de quelques exemplaires, si l’on en juge par de récentes photographies publiées sur les réseaux sociaux.
Mieux encore : les « Diables Noirs » vont pouvoir, enfin, entamer la « phase d’appropriation » du Patroller. C’est en effet ce qu’indique le calendrier des activités que l’armée de Terre a publié pour le premier semestre 2023.
« L’armée de Terre s’est lancée en 2019 dans une phase de renouvellement de ses capacités drones [‘Ambition drones’], dont l’objectif est notamment de déployer dans chaque entité tactique un système drones adapté à ses besoins [autoprotections, surveillance, acquisition d’objectifs etc.]. Le cycle 2022-2023 est principalement marqué par la livraison des premiers drones SDT Patroller au 61e RA, clef de voute de la trame drones de l’armée de Terre », lit-on dans le document.
Par rapport au SDTI, dont la fiabilité n’a pas toujours été au rendez-vous, le Patroller va permettre à l’armée de Terre de récupérer certaines capacités, comme la surveillance du champ de bataille au moyens de radars, assurées, fut un temps, par le Cougar HORIZON [Hélicoptère d’observation radar et d’investigation sur zone]. En effet, le drone de Safran est équipé de radar PicoSAR AESA qui, fourni par l’italien Leonardo, permet de « détecter des cibles mobiles terrestres et collecter des images grâce au radar à synthèse d’ouverture [RSO ou SAR, pour Synthetic Aperture Radar] ».
Par ailleurs, la boule optronique Euroflir 410, le Patroller pourra emporter une charge de guerre électronique [mais pas dans l’immédiat..] ainsi qu’une nacelle de désignation laser… pour les obus guidés proposés par Nexter, savoir le MPM [Metric Precision Munition] de 155 mm et le MPM de 120 mm. Enfin, il sera éventuellement armé [roquettes et/ou missiles Akeron].