Le général Schill veut transformer l’armée de Terre pour « vaincre du coin de la rue jusqu’au métavers »
Intitulé « Vers l’armée de Terre de combat » [et non plus « Au contact »], cette transformation devrait se décliner autour de quatre axes, dont la « puissance », la « polyvalence », la « réactivité » et les « forces morales ». Le général Schill ne les a pas développés. Cependant, il a précisé la finalité de ce plan, qui est de « s’adapter au changement d’ère stratégique ».
Pour le CEMAT, si la guerre moderne, avec ses évolutions technologiques, n’ont « pas rendu l’affrontement au sol accessoire », comme le montrent d’ailleurs les combats en Ukraine, il n’en reste pas moins que le « milieu de conflictualité terrestre » est devenu plus « complexe », d’autant plus que s’y « superposent de nouveaux espaces [cognitif, cyber, robotique] » ainsi que des « ‘métamenaces qui exigent faculté d’analyse et de compréhension étendues et adaptation de notre outil de combat ».
Le constat étant posé, le général Schill explique que l’armée de Terre doit « être en position de combat en permanence », que ce soit dans le « style de commandement » et dans la « façon de fonctionner ».
S’agissant du « style de commandement », le CEMAT parle de « chasser l’excès de normes » [ce qui était aussi une préoccupation de son prédécesseur, le général Thierry Burkhard, désormais chef d’état-major des armées], de « faire confiance », « d’encourager l’esprit d’initiative », de « responsabiliser » et de « contrôler ». Quant au mode de fonctionnement, il s’agira « d’agir au quartier comme en mission », ce qui supposera de « disposer de leviers et des moyens concrets pour être en ‘disposition de combat’ ». Cela suggère que le triptyque « un chef, une mission, des moyens », mis à mal par les restructurations de la fin des années 2000, sera de nouveau mis en avant.
« Les choix structurels de la transformation de l’armée de Terre ont pour objectif l’efficacité opérationnelle : être prêts, peu importe la forme, l’intensité et la rapidité de survenance d’un engagement », explique le CEMAT. Et ils devront permettre aux soldats et à leurs chefs « d’encore mieux mener les combats décisifs » afin de « vaincre du coin de la rue jusqu’au métavers, pour protéger la France et les Français », conclut-il.
Pour rappel, le métavers est un espace virtuel collectif et partagé en 3D. Or, depuis quelques semaines, ce concept a du plomb dans l’aile, éclipsé par les progrès de l’intelligence artificielle [IA], illustrés par l’arrivée de ChatGPT. D’ailleurs, Mark Zuckerberg, le patron Meta [la maison-mère de Facebook, ndlr], a récemment fait savoir que sa priorité irait désormais à l’IA et non plus au développement du Metavers. Ce qui explique les 20’000 licenciements qu’il a récemment annoncés.
Quoi qu’il en soit, dans un entretien donné au quotidien « Le Figaro » en février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait donné annoncé une transformation « profonde » de l’armée de Terre.
« L’armée de l’Air et de l’Espace comme la Marine ont déjà connu ces dernières décennies des modifications importantes liées notamment aux sauts de technologie. L’armée de terre va elle aussi connaître ce mouvement dans la période à venir et nous allons lui en donner les moyens. Elle va prodigieusement se numériser, se digitaliser tout en se dotant de nouveaux moyens capacitaires », avait expliqué le ministre. Et de préciser que « 10’000 de ses soldats » allaient « voir leur mission évoluer et donc être formés pour des compétences nouvelles à forte valeur ajoutée ».