Le Japon se joint à la France et à l’Allemagne pour développer un canon électromagnétique

Le Japon se joint à la France et à l’Allemagne pour développer un canon électromagnétique

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Le principe d’une telle arme consiste à faire circuler entre deux rails conducteurs un courant très intense, associé à un champ magnétique. Grâce à la force de Laplace, un projectile conducteur placé entre ces deux rails subit alors une forte accélération, au point d’atteindre une vitesse de Mach 5 et de parcourir une distance d’environ 200 km.

Cependant, si cela semble facile en théorie, il en va tout autrement en pratique car la mise au point d’un tel canon suppose de relever plusieurs défis technologiques [contraintes mécaniques, matériaux, sources d’énergie, etc.]. L’US Navy a lancé des travaux pour se doter d’une arme électromagnétique dès le début des années 2000. Seulement, faute de crédits suffisants, son projet tourne au ralenti.

En attendant, il est suffisamment avancé pour intéresser le ministère japonais de la Défense, dont l’Agence dédiée aux acquisitions, à la technologie et à logistique [ATLA] développe un canon électromagnétique depuis 2016. En effet, la semaine passée, il a été rapporté qu’un responsable de cette structure avait été envoyé auprès de l’Office of naval Research [ONR] afin de bénéficier de son expérience en la matière.

« Il y a beaucoup à apprendre car beaucoup d’argent a été investi dans la recherche et de nombreux prototypes ont été réalisés », a ainsi justifié un haut responsable de l’ATLA, dans le pages du quotidien The Japan Times.

Cela étant, le Japon s’intéresse également aux travaux menés en Europe, en particulier par l’Institut de recherches franco-allemand de Saint-Louis [ISL], qui fut retenu en 2020 pour coordonner le projet PILUM [Projectiles for Increased Long-range effects Using ElectroMagnetic railgun], dans le cadre du Programme de recherches Action préparatoire sur la recherche en matière de défense [PADR] de l’Union européenne [UE].

En effet, le 30 mai, l’ISL a indiqué que les ministères japonais, français et allemand de la Défense venaient de signer un accord de type TOR [termes de référence] « ouvrant la voie à une coopération » sur la technologie des armes électromagnétiques.

« Les installations de canon électromagnétique à rails de l’ISL sont uniques en Europe », explique l’institut franco-allemand. Celui-ci dispose de « plusieurs démonstrateurs en laboratoire », dont le canon NGL-60 [New Generation Launcher], un lanceur de calibre 60 mm capable de tirer des projectiles de l’ordre du kilogramme, et le canon RAFIRA [RApid FIre RAilgun], un lanceur de calibre 25 mm pouvant tirer des salves de projectiles de petit calibre à des cadences de tir extrêmement élevées ».

De son côté, l’an passé, l’ATLA a effectué, pour la première fois au monde [en théorie, du moins, car on ignore l’état d’avancement des projets chinois dans ce domaine, ndlr] un essai de « tir avec canon électromagnétique » depuis un navire de la Force maritime d’autodéfense japonaise. A priori, cette arme afficherait une puissance d’au moins 5 mégajoules, ce qui est suffisant pour tirer des projectiles d’un calibre de 40 mm [pour 320 grammes] à la vitesse de 2230 m/s [soit Mach 6,5].

À noter par ailleurs que les armes électromagnétiques ne constituent pas le seul centre d’intérêt du Japon en Europe étant donné que celui-ci a récemment obtenu le statut d’observateur au sein de l’EuroDrone, le programme de drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] européen.