Le préfet Nicolas Lerner a été nommé à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure

Le préfet Nicolas Lerner a été nommé à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure

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Ce mouvement est inédit car, pour la première fois, la DGSE sera dirigée par un « transfuge » de la Direction générale de la sécurité intérieure [DGSI], le préfet Lerner ayant été nommé à sa tête en 2018. En outre, âgé de 45 ans, il s’apprête à devenir le plus jeune « patron » du renseignement extérieur.

Sorti de l’ENA en 2004 en tant qu’administrateur civil, Nicolas Lerner est d’abord affecté au le secrétariat général du ministère de l’Intérieur, avant de rejoindre l’administration préfectorale. Directeur de cabinet du préfet de la région Languedoc-Roussillon entre 2006 et 2008, puis chef de cabinet du préfet de Police de Paris, il est nommé sous-préfet de Béziers en 2014.

L’année suivante, il devient directeur de la sécurité générale en Corse-du Sud. En 2017, il rejoint le cabinet du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, au sein duquel il s’occupe des questions relatives au renseignement et au contre-terrorisme. Il devient ensuite le plus jeune chef du renseignement intérieur, à seulement 40 ans.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a dit rendre un « hommage appuyé à l’action de Bernard Émié qui a dirigé la DGSE pendant plus de six années, durée exceptionnellement longue sur un poste aussi exigeant ». Ce qui, stricto sensu, n’est pas exact, Alexandre de Marenches ayant dirigé le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage [SDECE, « ancêtre » de la DGSE] entre 1970 et 1981. Ancien officier [promotion « Maréchal Bugeaud » à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr], Jacques Dewatre a tenu les rênes de la « Piscine » pendant sept ans [1993-2000]… Soit une année de plus que Pierre Brochand [2002-2008].

Quoi qu’il en soit, Bernard Émié aura conduit une vaste réforme de la DGSE, en supprimant des échelons hiérarchiques, en abandonnant une organisation dite en « silos » et en mettant en place des « centres de missions ». Désormais, le service compte trois grandes directions [administration, recherche et opérations, technique et innovation] ainsi qu’un secrétariat général pour l’analyse et la stratégie. En outre, le désormais ancien directeur était particulièrement attaché à la « militarité » de la « Piscine ».

Cela étant, si, durant, ces six dernières années, plusieurs succès notables sont à mettre son actif [comme par exemple la « neutralisation » d’Abdelmalek Droukdel, le chef d’al-Qaïda au Maghreb islamique], la DGSE a dû endosser la responsabilité de quelques « ratés ». Il lui a en effet reproché de ne pas avoir vu venir les coups d’État au Mali et au Niger, l’affaire AUKUS ou encore l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais il est vrai qu’il est toujours tentant de rejet la responsabilité d’erreurs d’appréciation sur un service qui, par définition, ne peut pas toujours s’en défendre publiquement.

Toutefois, s’agissant plus particulièrement de l’Ukraine, M. Émié avait tenu à faire une mise au point, lors d’un [rare] entretien donné à la presse [Le Point, en l’occurrence], en juin dernier.

« Nous avons détecté les mêmes mouvements de troupes russes que nos alliés. Si nous avons pu différer dans nos analyses, nous avions le même degré d’information. La seule différence tient au traitement qui a été fait de ces renseignements. Nous étions encore dans une phase de négociation et de dialogue [avec la Russie, ndlr]. La CIA a choisi de divulguer au grand public ses renseignements dans l’espoir de dissuader Moscou de passer à l’action. Nous avons gardé ces éléments secrets car nous ne voulions pas dévoiler nos méthodes de collecte. Ce silence de notre part a conduit un certain nombre de médias à imaginer que nous ne savions pas. Ce qui est faux », avait-il soutenu.

« À l’heure d’ouvrir une nouvelle page dans l’histoire de la DGSE, je souhaite partager à Bernard Émié, ma reconnaissance et celle de la Nation, pour ses 6 années à la tête de la DGSE. C’est la grandeur de l’action d’un service de renseignement de ne voir exposés que ses très rares revers et de ne jamais se voir reconnaître au grand jour l’étendue de ses succès », a dit M. Lecornu. Et de conclure : « Je souhaite bonne chance à Nicolas Lerner qui a toute ma confiance pour continuer à protéger, dans l’ombre, la France et les Français ».

Photo : Ministère de l’Intérieur / DGSI

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