Mali: un médecin militaire français tué dans une opération contre des «terroristes»
Par Le Figaro – Publié
Emmanuel Macron a fait part mardi soir de sa «très grande tristesse» et a rappelé «l’entier soutien de la France au Mali et à la force des Nations unies pour la mise en œuvre de l’accord de paix» de 2015.
Un médecin militaire français a été tué mardi au Mali à la suite «du déclenchement d’un engin explosif improvisé» au passage de son véhicule blindé, lors d’une opération de lutte «contre les groupes armés terroristes», ont annoncé la présidence française et l’état-major des Armées. Le capitaine Marc Laycuras, qui relevait de la 120e antenne médicale basée au Mans (Ouest) et engagé aux côtés du 2e Régiment d’infanterie de marine (2e RIMa), était en opération dans la région du Gourma, frontalière du Burkina Faso, a précisé à l’AFP le porte-parole de l’état-major des Armées françaises, le colonel Patrik Steiger.
L’officier est le 24e militaire français décédé au Mali depuis l’intervention française Serval en 2013 dans ce pays suivie de l’opération antiterroriste Barkhane élargie à cinq pays du Sahel en 2014. «Il y a eu une détonation au passage d’un VAB (Véhicule de l’Avant Blindé). Deux militaires blessés ont immédiatement été pris en charge et transférés par un hélicoptère Caïman» vers Gossi, à 150 km à l’ouest de Gao (nord) où se situe le QG de la force française Barkhane au Mali, a-t-il ajouté. Le capitaine Laycuras, grièvement blessé, a succombé à ses blessures. L’état de l’autre militaire n’inspire en revanche «pas d’inquiétude», a précisé le colonel Steiger. «Aucun ennemi, aucune présence particulière n’ont été décelés» dans le secteur au moment de l’explosion, a-t-il également relevé, sans plus de précisions.
La «très grande tristesse» de Macron
«Le décès du médecin capitaine Marc Laycuras nous rappelle chaque jour le dévouement inlassable des femmes et des hommes du service de santé des armées sur tous les théâtres d’opérations»
Le président Emmanuel Macron a fait part, dans un communiqué qui ne précise pas le lieu de l’opération, de sa «très grande tristesse» et rappelle «l’entier soutien de la France au Mali et à la force des Nations unies pour la mise en œuvre de l’accord de paix» de 2015. «Le décès du médecin capitaine Marc Laycuras nous rappelle chaque jour le dévouement inlassable des femmes et des hommes du service de santé des armées sur tous les théâtres d’opérations», a ajouté la ministre des Armées Florence Parly dans un communiqué.
Dans un autre communiqué, le service de santé des Armées a rappelé le parcours du militaire, âgé de 30 ans, marié et titulaire de la médaille de la Défense nationale. Après une scolarité en Corrèze, Marc Laycuras avait rejoint l’école du service de santé des armées de Bordeaux, puis avait effectué son internat au sein de l’hôpital d’instruction des armées Percy. Il avait été reçu docteur en médecine le 13 octobre 2017, puis avait pris un premier poste auprès des marsousin du 2e RIMa le 2 janvier 2018, avant de rejoindre le Mali le 12 février 2019, et d’y périr moins de deux mois plus tard.
Groupes djihadistes
L’armée française mène depuis un an et demi, avec la force antijihadiste Barkhane, une série d’opérations militaires dans le Liptako, dans le nord-est du Mali, et étend désormais son action de l’autre côté du fleuve Niger, dans la zone adjacente du Gourma, frontalière du Burkina Faso. Le Gourma est «réputé être une zone sanctuaire» pour plusieurs groupes armés, implantés notamment dans les forêts et à la frontière avec le nord du Burkina Faso.
Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par l’intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.
Depuis 2015, les violences se sont propagées du nord au centre du pays, beaucoup plus densément peuplé, où elles se mêlent très souvent à des conflits intercommunautaires. Une tuerie imputée à des chasseurs dogons se présentant comme un «groupe d’autodéfense» antijdihadiste a ainsi fait quelque 160 morts le 23 mars dans le village peul d’Ogossagou, près de la frontière burkinabè.