Point de situation des opérations en Ukraine 14 mars J+18

Point de situation des opérations en Ukraine 14 mars J+18

 

par Michel Goya – La Voie de l’épée – publié le 14 mars 2022

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Situation générale

Equilibre des forces. Les capacités d’attaque russes sont contrées par la capacité de défense ukrainienne. Les forces russes recherchent le déblocage par les renforcements et probablement la victoire sur les forces ukrainiennes du Donbass.

Situations particulières

Campagne aérienne : il faut bien distinguer ce qui relève de la campagne globale de frappes sur l’ensemble de l’Ukraine des opérations de conquête. Ces dernières sont ralenties, mais la première est très active. Multiplication des frappes, le plus souvent par missiles (700 de tout types tirés depuis le début la guerre) sur l’Ouest de l’Ukraine. On assiste à une bataille de harcèlement des voies d’approvisionnement depuis les pays de l’OTAN : frappes sur les routes et attaque massive par missiles sur la base de Yavoriv à proximité de la frontière polonaise, provoquant de nombreux morts. Il s’est agit sans doute également de lancer un avertissement aux volontaires étrangers et peut-être aussi aux pays frontaliers de l’OTAN.

On peut imaginer l’emploi de forces de reconnaissance (spetsnaz) et de la 45e Brigade aéroportée pour harceler la zone Ouest Ukraine, avec peut-être même des actions au-delà des frontières.

Zone Kiev : La progression des 5 armées russes est entravée par la résistance des poches ukrainiennes sur la frontière Est et Nord (Chernihiv), puis celle de la périphérie Ouest (Irpin) et Est (Brovary) de Kiev. La plupart des forces russes sont en cours de renforcement et de réorganisation.

A l’Ouest, les 35 et 36e Armées (15 groupements tactiques interarmes au total) + 31e Brigade d’assaut aérien + 79e Division aéroportée ont échoué à prendre Irpin et à progresser vers Vassylkiv (Sud-Ouest). Elles ont également subi des contre-attaques ukrainiennes (destruction du poste de commandement de la 31e BAA ? destruction d’un pont du génie près de Gostomel).

Rappel : armée = unité de manœuvre russe, volume très variable, proportionnel au nombre de GTIA (soit un bataillon de 500/1000 h associant chars-infanterie-artillerie) plus des unités d’appui (artillerie, génie, artillerie anti-aérienne) et de soutien logistique.

Les troupes aéroportées et d’assaut par air, forment un service à part avec une organisation particulière.

Au nord, 41e et 2e Armées (20 GTIA au total) bloqués par les petites poches de résistance près de la frontière et surtout par la résistance zone Cherniihv-Nyzhyn (10-15 000 soldats Ukrainiens ?)

A l’est, la 1ère Armée blindée de la Garde (24 GTIA ?) entravée par la zone de résistance de Soumy et poches secondaires (1ère bataille), le long de l’axe Soumy-Brovary (2e bataille) et à l’est de Kiev (3e bataille) où il ne reste que 8 GTIA.

Le risque majeur à court terme pour la défense de Kiev réside dans la capacité, pour l’instant faible, de la 36eA à couper l’axe Sud de la capitale. A moyen terme, on ne voit pas comment les forces russes pourraient réaliser un bouclage efficace de la ville, sans parler d’un assaut, sans avoir réduit les principales poches de résistance (Chernihiv, Soumy).

Zone Est : C’est la zone la plus critique de l’armée Ukrainienne et celle où l’armée russe peut obtenir une victoire importante sur les forces ukrainiennes (au moins 8 brigades régulières-24 GTIA- soit le quart de la force de manœuvre terrestre ukrainienne.

Les 4 armées russes de la zone (6e, 20e, 8e et partie de la 58e + 1er et 2e Corps d’armée de RPD et RPL + 810e brigade d’infanterie navale) représentent environ plus de 40 GTIA russes + forces séparatistes. Entre un quart et un tiers de ses forces sont consacrées aux sièges de Kharkiv et Marioupol, le reste est consacré à exercer une pression forte sur Ysium (au Nord du front du Donbass) et Staromlynivka (Sud). Pour l’instant les forces ukrainiennes résistent et même contre-attaquent dans la région de Kharkiv, mais pour combien de temps ?

Effort russe à attendre du côté de Zaporajjia et Dnipro par la 58e Armée dès que Marioupol sera prise et les forces de siège où si d’autres renforts disponibles via Rostov. La position ukrainienne serait alors difficile.

Zone Sud-Ouest : forces russes insuffisantes pour prendre Mykolaev, pour l’instant. Peut-être arrivée de la 336e Brigade d’infanterie navale (et donc renoncement à une opération amphibie ?) en renfort. Progression importante de la 7e Division aéroportée vers Voznesensk, mais isolement possible de l’unité.

Notes

Renforcement russe venant de partout : troupes d’Extrême-Orient, des zones extérieures (Haut-Karabakh, Arménie, Tadjikistan, Syrie), mercenaires syriens du 5e corps d’armée sous commandement russe (par pont aérien), milices d’Ossétie du sud et d’Abkhazie, recrutement dans les prisons contre amnisties. Il n’est pas certain que cet apport soit suffisant en volume, et plus encore en qualité pour espérer un renforcement spectaculaire.

Pression sur la Biélorussie pour entrer en guerre, mais fortes réticences dans l’armée (on évoque des remplacements d’officiers supérieurs biélorusses par des Russes).

Manifestations et défense civile dans la zone occupée Sud. Arrestation de maires, projet de « république de Kherson », qui, s’il est vrai, indiquerait la volonté de morceler le sud de l’Ukraine en républiques vassales. Interrogation : pourquoi n’y a-t-il pas de guérilla résiduelle dans cette région, par ailleurs la première et la plus facilement conquise par les Russes ?

Les convois humanitaires peuvent devenir une source de ravitaillement pour les forces russes, autorisées à piller pour compenser les lacunes de la logistique.