Pour le Délégué général pour l’armement, le coût de possession est le principal obstacle à un second porte-avions

Pour le Délégué général pour l’armement, le coût de possession est le principal obstacle à un second porte-avions

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À l’époque, le coût du porte-avions de nouvelle génération [PANG], appelé à succéder au Charles de Gaulle, avait été estimé à environ 4,5 milliards d’euros. Aussi, pour le chercheur, en acquérir un second ne pourrait qu’avoir un impact limité sur le budget du ministère des Armées [ainsi que sur les finances publiques] puisqu’une telle dépense représenterait 450 millions d’euros par an sur une décennie, soit 0,2% du PIB…

Quoi qu’il en soit, depuis le retrait du Foch et du Clemenceau, le débat sur « le » second porte-avions est devenu une sorte de « marronnier », qui permet par ailleurs de donner – ou pas – un peu de consistance aux programmes politiques en période électorale. Toujours est-il qu’un PANG donnerait à la Marine nationale un peu de flexibilité pour répondre aux sollicitations de l’exécutif en cas de crise.

Cela étant, lors de l’examen de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 au Parlement, un amendement a été adopté pour demander au ministère des Armées de réaliser des « études de coûts qui permettront au gouvernement de présenter au Parlement, en 2028, une estimation des crédits nécessaires à la conception, à la réalisation, à l’activité et à l’entretien d’un second porte-avions de nouvelle génération ainsi qu’aux infrastructures et aux dépenses de personnel liées à son fonctionnement ».

À l’antenne de BFMTV, le 28 août, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva a laissé entendre que l’étude demandée par les parlementaires avait d’ores et déjà commencé, alors que la LPM 2024-30 n’a été promulguée que le 1er août. Mais s’il a estimé que ce « serait très bien » de faire un deuxième porte-avions, il a tempéré les espoirs…

« Un deuxième porte-avions, ce sont des infrastructures, c’est un deuxiéme équipage, et ce n’est pas une chose simple, ce sont de nouveaux avions » sans oublier les « capacités d’entraînement » et le « soutien », a détaillé M. Chiva. « Donc, ce n’est pas juste un bateau c’est tout l’ensemble qu’il faut repenser », a-t-il insisté. En clair, le coût de possession constitue un obstacle…

Le principal souci concerne l’équipage, la Marine nationale ayant perdu la moitié de ses effectifs entre 1990 et aujoud’hui. Et ce qu’il était possible de faire il y a encore vingt ans ne l’est plus de nos jours.

« Nous n’avons plus les ressources humaines en propre permettant d’avoir des marins pour armer le noyau d’équipage du porte-avions en 2032 et atteindre 900 personnes en 2035 pour débuter les essais », avait déploré l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale, en 2021. Aussi, avait-il ajouté, au sujet de la mise en oeuvre du porte-avions de nouvelle génération, « soit on désarme un sous-marin nucléaire d’attaque tout neuf pour que ses atomiciens démarrent la chaufferie nucléaire en 2034, soit on recrute et on forme le noyau d’équipage – ce qui prend environ dix ans ».

Par ailleurs, commandant de la Force d’action navale [ALFAN] en 2019, l’amiral Jean-Philippe Rolland avait livré une estimation du coût de possession du porte-avions Charles de Gaulle, lors d’une audition parlementaire.

« En termes de coûts de possession, je suis mieux en mesure de vous donner des chiffres, qui sont ceux de l’état-major de la marine. Le coût de possession du porte-avions Charles de Gaulle s’élève à environ 200 millions d’euros par an, ce qui inclut aussi bien les rémunérations et les charges sociales [RCS] que l’entretien », avait confié l’amiral Rolland.

Et de préciser qu’il fallait compter « 120 millions d’euros pour l’entretien, 60 millions d’euros de RCS, 20 millions d’euros d’entretien des infrastructures associées ». Voilà qui donne une idée de ce qui coûterait un second porte-avions.