Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale
Le 20 novembre 2024, lors d’une rencontre organisée par l’Association des journalistes de défense (AJD), le chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace, Jérôme Bellanger, a exprimé une inquiétude croissante quant au retard potentiel des livraisons des avions Rafale par Dassault Aviation. Cette situation critique découle de l’engagement de la France à fournir à l’Ukraine une partie de sa flotte de Mirage 2000-5 dès le premier semestre 2025. La question se pose alors : comment compenser ce déficit et maintenir une aviation de chasse opérationnelle et efficace ?
Contexte et enjeux stratégiques
En juin dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé la cession d’un nombre non précisé de Mirage 2000-5 à l’Ukraine, une décision motivée par le soutien militaire dans le cadre de la guerre en cours contre la Russie. Cette annonce a des répercussions directes sur le format et la disponibilité de l’aviation de chasse française. L’armée de l’air et de l’espace se trouve donc dans l’urgence de renouveler ses effectifs pour préserver ses capacités opérationnelles.
Selon les propos de Jérôme Bellanger, cette reconfiguration forcée « percute un peu le format de l’aviation de chasse ». Pour pallier ce manque, le ministère des Armées envisage une accélération des livraisons des Rafale, une solution ambitieuse mais complexe à mettre en œuvre.
Les défis industriels pour Dassault Aviation
L’accélération des livraisons des Rafale pose un double défi : industriel et logistique. Dassault Aviation est déjà sous pression avec un carnet de commandes rempli, notamment pour des clients étrangers comme l’Inde et les Émirats arabes unis. Dans ce contexte, répondre aux exigences françaises nécessiterait une réorganisation des chaînes de production.
Chiffres clés :
- 6 Mirage 2000-5 : nombre prévu pour l’Ukraine d’ici 2025.
- 3 Rafale par an : capacité moyenne de production pour la France.
- 4 à 6 mois : délais moyens pour la fabrication et les tests d’un Rafale.
Le défi réside donc dans la capacité de Dassault à augmenter ce rythme sans compromettre la qualité ni retarder les livraisons pour ses autres clients.
Implications pour l’armée française
L’armée française, en cédant ses Mirage 2000-5, réduit temporairement sa capacité aérienne. Les Rafale, bien que technologiquement supérieurs, ne seront pas immédiatement disponibles en nombre suffisant pour combler ce vide. Cette situation soulève des questions stratégiques cruciales :
Une dépendance accrue aux alliés ? L’OTAN pourrait être sollicité pour combler ce déficit temporaire.
Un budget sous pression. L’accélération de la production pourrait engendrer des surcoûts. À titre d’exemple, le coût unitaire d’un Rafale est estimé à environ 80 millions d’euros, sans compter les coûts d’entretien et de formation des pilotes.
Un impact diplomatique. Honorer ses engagements internationaux tout en répondant aux besoins nationaux met la France dans une position délicate.
Pour répondre à ces défis, une collaboration étroite entre Dassault Aviation et le ministère des Armées est impérative. Plusieurs pistes sont envisagées :
- Augmentation temporaire des capacités de production. Cette option nécessiterait l’embauche de personnel et des investissements dans les infrastructures.
- Priorisation des commandes françaises. Cela pourrait cependant nuire aux relations avec les clients internationaux.
- Mise en service accélérée des Rafale déjà construits. Une solution à court terme mais avec des implications techniques.