Face aux traumatismes psychologiques

Face aux traumatismes psychologiques

 

par Emmanuelle Halioua (*) – Esprit Surcouf – publié le 12 janvier 2024
https://espritsurcouf.fr/defense_face-aux-traumatismes-psychologiques_par_emmanuelle-halioua/


Les évènements du 7 octobre 2023 témoignent aussi de la nécessité de pouvoir gérer au mieux les chocs post traumatiques. Emmanuelle Halioua, experte en la matière, explique en quoi la méthode établie par l’armée israélienne s’avère efficace et combien nos ministères auraient intérêt à l’intégrer à leur programme. En attendant, dans les faits, elle n’a pas échappé aux membres des forces de sécurité et de la Défense.

Représenter et former au protocole de 1ers secours psychologiques d’urgence israélien

Dès l’urgence : Déchoquer – rester opérationnel – enclencher la résilience – réduire les risques PTSD

Spécialisée en consultations civiles et militaires sur les troubles psychologiques liés aux traumatismes, je suis la représentante officielle du protocole national israélien de 1ers secours psychologiques d’urgence le 6C©. Je dirige le seul organisme habilité à former à cette méthode en Europe et au sein des pays francophones.

Le modèle des SIXCs/6C© est une intervention précoce unique, disruptive, à 180 degrés des paradigmes européens. Simple et efficace. Faussement simple en pratique diront souvent les médecins et psychologues français. Un protocole qui permet de basculer de l’impuissance à l’efficacité en 90 secondes. Il s’agit des 1ers secours psychologiques d’urgence, ceux de l’État d’Israël.

Je me suis donc engagée à transférer cette méthode israélienne à tous les pays francophones par le biais de sessions de formations et de conférences. Des formations dont les fonds alimentent le centre de recherche sur la résilience fonctionnelle en Israël, l’ICFR. Centre de recherche de l’auteur de la méthode Moshé Farchi également Maître de conférences à l’Université de Tel Hai.
.

Le protocole de l’Etat d’Israël

Israël est le pays du trauma par excellence. Les Israéliens sont des polytraumatisés qui ont métabolisé leur PTSD (Post-traumatic stress disorder) en facteurs de croissance : nouvelles technologies, innovations à profusions, 8ème puissance du monde en 75 années seulement. Israël témoigne d’une capacité à rebondir quasi instantanée. Vue d’Europe, il constitue une sorte de mutant agressif mais rudement efficace et particulièrement respecté pour ses expertises en sécurité technologiques et ses expertises psychologiques, notamment par ceux qui ont des cadres de références communs, les militaires et les forces de l’ordre. Depuis ces trois dernières années, j’ai toujours trouvé auprès d’eux respect pour l’expertise israélienne et solidarité en toute discrétion.

D’un désert infécond dont aucun pays autour ne voulait, a surgi une industrie florissante et une agriculture abondante, déclenchant de nouveau les convoitises voisines. Depuis sa création en 1948, le niveau d’adversité auquel font face les Israéliens est quotidien, alternant entre tirs de roquettes, attentats à la bombe, au couteau ou à la voiture bélier.

Qui dit menace de mort dit très souvent traumatismes physiques et psychologiques. Le fameux PTSD ou TSPT en français : le trouble de stress post-traumatique.

Qu’est-ce que le SIXCs/6C©

Petite fille de légionnaire j’ai donc débuté ce transfert d’expertise (quinze années de retour d’expériences) par mon autre pays de cœur, la France. Le protocole 6C© n’est pas une thérapie pour soigner le PTSD.

Le protocole 6C© est une méthode permettant en état de choc de basculer de l’impuissance à l’efficacité en 90 secondes.

Cette méthode est née au sein de l’armée pour le soldat en zone de combat qui « freeze » (sidération) plaçant alors son unité et la mission en danger de mort ou d’échec.

Comment permettre de refonctionner immédiatement à un primo intervenants devenu dysfonctionnel parce que sidéré, incapable de bouger physiquement et de penser de façon efficace ?

C’est le défi qu’a relevé le Pr Moshe Farchi, il y a 15 ans, en tant que créateur du protocole, lui-même officier en santé mentale au sein de Tsahal (IDF).

Ce protocole est essentiellement destiné aux primo-intervenants tels que les soldats, les pompiers, les forces de l’ordre, les secouristes, fort des 15 années d’expériences au sein de l’armée et de son impact sur la société israélienne dans son ensemble. La méthode est devenue, en 2017, le protocole national de l’Etat d’Israël soit celui de toute la société civile, du ministère de l’intérieur à celui de l’éducation nationale en passant par la Santé.

La société civile aussi

Le protocole concernent aussi une mère de famille face à son enfant qui s’étouffe, en raison d’une « fausse route », des accidentés de la  voie publique, une victime de viol, un enseignant menacé d’une « Paty » qui perd ses moyens, une catastrophe naturelle, sanitaire, un attentat ou des collègue incapables de réagir efficacement face à leur collègue pris à partie.

Dans la société civile, les exemples sont innombrables et concerne toute situation de stress aigu/dépassé dans laquelle nous perdons nos moyens au point de mettre en danger notre survie. Toute situation où au lieu d’augmenter nos capacités, le stress nous rend dysfonctionnel, inefficace, bon pour le banc de touche devenant celui que l’équipe stigmatisera comme le maillon faible à éviter désormais en mission.

Israël, pays soumis à l’adversité, a donc assez logiquement déployé une méthode permettant de rester efficace face à un évènement soudain, violent et imprévisible.

Solution inexistante en urgence au sein des pays dits « en paix » comme les pays européens et notamment la France par lequel j’ai débuté les sessions de formation au protocole 6C©, il y a 3 ans. La France où j’ai présenté la méthode à mon arrivée en priorité à des représentants du ministère de l’intérieur et de la santé.

Le protocole, en 2019, a été confronté à plusieurs types de réactions :

Si les policiers étaient eux très demandeurs, car en grande détresse, il a semblé très compliqué pour leur direction de valider la proposition particulièrement amicale qui leur a été présentée alors.

De leur côté, les cellules psychologiques civiles en place l’ont violement rejeté au prétexte, je cite, « qu’ils n’ont pas attendu les Israéliens pour être efficaces en urgence et que la France avait montré lors du Bataclan son excellente prise en charge des victimes sur le plan psychologique ».

De son côté, la position du SSA est probablement prise entre les deux feux que sont les courants historiquement freudiens et la neuropsychologie du stress. Deux approches antagonistes donc.

20 années de retard face au Canada ou à Israël

Les neurosciences sont assez éloignées des pratiques en place depuis plus de 30 ans en matière de santé mentale en urgence en France. Il y a, en France et globalement en Europe, 20 ans de retard et il faudra sans doute des esprits ouverts et combatifs, et l’arrivée d’une nouvelle garde pour avancer efficacement sur ce terrain en matière d’urgence.

Quinze années de littératures scientifiques sur la neuropsychologie du stress en situation de stress aigu ont mis en évidence que la prise en charge pratiquée durant des années est non seulement inefficace mais aggravante du trauma ; ce qui explique que l’OMS en 2012 ait fortement déconseillé le débriefing psychologique.

Quant aux pompiers, aux policiers, aux gendarmes et aux soldats, ils le savent depuis longtemps. Ce qui explique leur forte réticence à reconnaitre une autorité de compétence et à consulter les cellules psychologiques à leur disposition en interne.

Les paradigmes des interventions en santé mentale en urgence sont redéfinis. Malgré certaines résistances, le terrain finira par avoir raison, comme le plus souvent.

Enfin, de son côté, l’ARS ayant validé une méthode dénommée le PSSM il y a 20 ans (premiers secours en santé mentale/ Australie) et n’ayant pas auditionné le 6C©, ne peut réaliser combien la temporalité de chacune de ses deux méthodes est différente.

Le PSSM souffre, selon moi, d’une dénomination inappropriée puisque dans les faits c’est un second secours, le 6C© se positionnant juste avant en terme de temporalité permettant en cas de développement de troubles persistants au PSSM de prendre le relai afin d’orienter au mieux la personne en souffrance.

En somme, il s’agit plus d’une complémentarité que d’une concurrence.

Enfin, difficile de ne pas citer une dose non négligeable d’antisémitisme et d’électoralisme au regard des réflexions entendues ou lues. Rien de très nouveau dans ce registre. Ce qui explique l’hémorragie des citoyens de confession juive, se réduisant aujourd’hui à 400 000 personnes sur le territoire national français.

Malgré ces fins de non-recevoir institutionnelles, de nombreux médecins, psychologues, unités d’élite et policiers sont venus se former depuis 3 ans. Par centaine.

Très éprouvés par les violences disproportionnées sur le terrain, par l’absence de solutions efficaces, par un drame sanitaire national, celui des suicides au sein des forces de l’ordre (policiers, gendarmes, pompiers), par un sentiment d’impuissance face à l’adversité croissante pour laquelle leur formation de base n’a pas encore prévu de volet mental efficace ou convaincant à leurs yeux. Il est presque amusant d’observer combien l’unique évocation du mot « psychologie » devant un FDO déshabille aussitôt son interlocuteur d’autorité de compétences et le mot « techniques de… » tend fortement à le remplacer dans cet univers.

Succès d’un bouclier cognitif pour tous afin de faire face à l’adversité ?

Pourtant, les métiers exposés au danger nécessitent de s’équiper aussi d’un bouclier cognitif, à l’instar de celui que les primo-intervenants enfilent contre l’impact des balles.

Depuis 2 ans, ce sont donc de grandes institutions françaises publiques et privées qui se forment comme le TER, le TGV, les sapeurs-pompiers, la ville de Nice, des cliniques, des multinationales comme Manpower, Oracle, Q Park, compagnie aérienne, service de sécurité privée, des universités comme celle de Médecine Paris Cité , celle de Saclay, celle d’Assas, la Faculté de médecine de Brest ainsi que des reporters de guerre, des policiers municipaux etc…

Il faut reconnaitre au protocole israélien une triple vertu, conséquence directe de son efficacité :

Retour opérationnel en quelques minutes, enclenchement des mécanismes de résilience et réduction des risques de développer un PTSD. Lorsqu’en situation d’urgence, de choc, vous permettez à quelqu’un de basculer de l’impuissance à l’efficacité en quelques minutes. Redevenir actif enclenche aussitôt les mécanismes de résilience : il retrouve sur le site même de l’évènement traumatogène, un sentiment de contrôle, d’auto-efficacité et donc d’estime de lui-même et ce, en dépit de la peur et de l’effroyable sentiment d’impuissance qui l’a saisi et paralysé.

De fait, la moitié des personnes prises en charge avec la méthode 6C© versus une prise en charge classique basée sur un langage émotionnel ou empathique, n’ont pas développé de PTSD. Trouble qui peut se transmettre jusqu’à 3 génération(épigénétique).

Comment s’applique le protocole national israelien des 6C© ?

Le modèle intègre les concepts et les fondements neurobiologiques du stress et de la résilience en 6 stratégies d’intervention. Toutes débutent par la lettre C et permettent de basculer d’un mode passif à un mode actif et efficace.

  1. Commitment (= engagement)

C’est la stratégie pour lutter contre la solitude.

  1. Communication

C’est l’outil pour lutter contre la perception altérée de la réalité

  1. Cognition

Elle vise à contrer le débordement émotionnel (pleurs, irritabilité, colère, hyperventilation.) Le mécanisme physiopathologique en cause ici se résume essentiellement par l’hyperactivation des amygdales cérébrales (centre responsable des émotions, de la survie…) au détriment du cortex préfrontal (zone en charge de la planification, du raisonnement, des décisions…). Le but de l’approche cognitive est donc de sortir de cette surstimulation amygdalienne en ciblant le fonctionnement préfrontal. On ne demande surtout pas au patient d’exprimer le ressenti de son expérience ni ses émotions car cela entretiendrait la suractivation de l’amygdale.

  1. Continuity (Rétablir une continuité)

Elle permet de pallier au sentiment de confusion spatio temporelle et aux pensées répétitives. En situation de stress, le cerveau est inondé d’informations, ce qui peut entraver le séquençage chronologique des événements qui se sont déroulés ( flashback et phénomène de « comme si j’y étais encore »)

  1. Challenge et 6. Control

Pour lutter contre la passivité et la dépendance.

Pour ces deux derniers items, on accompagne le patient à retrouver un « état de capacité ». Les sujets dépendants ou passifs attendent une aide extérieure qu’il ne faut pas leur apporter au risque d’entretenir la problématique et d’être aggravant pour la victime.

Ce protocole est à la portée de tous. Dès l’âge de 7 ans, comme certaines vidéos des évènements israéliens ont pu montrer son application le 7octobre, mais aussi lors de la libération des otages où l’opération 6C© a été déployée de façon aigue pour leur retour de Gaza.

Les pogroms du 7 octobre 2023

L’actualité a donné une nouvelle ampleur à l’adversité israélienne puisque le 7 octobre ce pays qui n’est guère plus grand que la Bretagne a connu les pogroms les plus dévastateurs depuis la Shoah.

Comment ne pas penser à cette phrase de la Marseillaise :

« Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils et vos compagnes ! Aux armes, citoyens ! « 

Et curieusement, lorsqu’en réponse à ces atrocités les Israéliens prennent précisément les armes comme chaque Français qui chante la Marseillaise le clame…lorsque les Israéliens les prennent pour se défendre, eux sont cloués au pilori.

Photo publiée sur le compte Instagram du Tsahal

:
Pourtant, un samedi matin à l’heure où se réveille les fermes du sud d’Israel, des hordes en moto et 4×4 de sauvages enturbannés de vert ont semé sur des kilomètres de route des cadavres. Hamas et civils gazaouis sans distinctions se sont livrés à des meurtres, des viols et des immondices humaines. Ils ont massacré des jeunes gens venus célébrer une paix possible entre israéliens et palestiniens limitrophes lors d’un concert.

Hommes et femmes ont été violées, certaines tant de fois que leur bassin a été fracturé, des ciseaux ont été plantés dans leur sexe quand d’autres ont été torturées et empalées. Des yeux ont été sortis de leur orbites, d’autres civils ont été ligotés et massacrés à coups de crosse de kalach, les enfants le crâne éclaté. PENDANT les massacres, le Hamas était accompagné de journalistes qui commentaient en direct et se félicitaient.
Derrière eux, on entend les massacres, qu’ils filment et que la plupart des médias français refusent de partager contrairement aux Israéliens qui souhaitent montrer les réalités puis saisir, eux aussi, la cour internationale pour crimes contre l’humanité.

Le Hamas envoie ensuite sur les portables des familles des Otages les vidéos des actes de tortures qu’ils commettent sur eux à Gaza.
Environ 80% des corps récupérés portent des signes de torture. Deux tas de 10 enfants chacun, brûlés ensemble les mains liées, ont ainsi été retrouvés, .

Des femmes ont été éventrées enceintes devant les enfants, les fœtus extraits des corps puis décapités ; des petites filles violées devant leur mère. Des otages dont un bébé et des enfants en bas âge sont toujours à Gaza après 3 mois (vivants ?). Plus de 850 morts civils et encore des centaines en cendres qu’on cherche à identifier via ADN. Des caissons par dizaine remplis de corps pour autopsies.

Saviez-vous que dans un gilet pare-balles, sur le corps d’un terroriste du Hamas tué le 7 octobre, nous avons trouvé la tête d’un bébé qu’il venait de décapiter et qu’il voulait ramener chez lui comme souvenir ?
Saviez-vous que de jeunes hommes ont été retrouvés morts, les organes génitaux coupés et enfoncés dans la bouche ? Saviez-vous qu’une jeune fille a été sauvagement violée, puis qu’une arme à feu a été enfoncée dans ses parties génitales et que la balle tirée est sortie de sa tête ? Que dans une crèche on a trouvé 40 bébés. Leur tête à côté de leur corps et éventrés ont été découverts,
Des corps en morceaux, découpés sur lesquels les terroristes et leurs complices ont uriné ?

La réalité doit être DITES pour ne pas AJOUTER au malheur des Israéliens et la Cour pénale faire son travail pour acter des crimes contre l’humanité perpétré par le Hamas.

Comment ne pas penser à cette Algérie française qui a connue des modes opératoires absolument identiques à ceux commis sur les familles israéliennes des kibboutz du sud d’Israël ? L’omerta sur la guerre d’Algérie résonne comme un violent écho à la chappe de plomb qui s’est abattu aussi sur les réalités des horreurs commises le 7 octobre.

Et essayons seulement d’entrevoir le choc monstrueux pour les quelques survivants de la Shoah.

Evidemment, un nombre sans précédent d’environ 9 000 soldats y compris les réservistes ont demandé un soutien psychologique depuis le 7 octobre.

Quant à ce 7 octobre, il n’en finit pas et dure pour nous depuis 95 jours puisque les otages n’ont toujours pas été récupérés faisant de nous des impuissants en masse.

L’impuissance, le sentiment emblématique dans la perception d’un trauma.

Le pays et les juifs partout dans le monde vivent depuis le 7 octobre une temporalité très perturbée, un ralentissement temporel, ce sentiment d’un jour qui n’en finit pas. Cette perception altérée de la réalité est commune à tous ceux avec qui j’ai échangé. Serons-nous tous traumatisés, impliqués directs et indirects ? Probablement pour bon nombre mais, néanmoins, j’ai la conviction qu’à l’échelle collective cette ignominie sera facteur de croissance pour Israel.

Un jour.

L’expertise israélienne en urgence et en santé mentale au service de tous

Être en capacité d’apporter les 1ers secours physiques et psychologiques c’est être un citoyen autonome et la résilience passe par l’autonomie d’action. Nul besoin d’être un professionnel de santé pour pratiquer un massage cardiaque, pour peu qu’on ait été formé au PSC1. L’analogie est la même avec le protocole 6C©.Il s’agit de réduire ou d’arrêter l’hémorragie émotionnel afin de permettre à l’individu de fonctionner normalement et efficacement. Au point de retourner à sa routine c’est-à-dire à l’activité qui était la sienne juste avant le choc traumatogène.

La passivité affaiblit et renforce le sentiment d’impuissance. C’est la préparation à l’adversité qui renforce l’individu, le citoyen. Au-delà du 6C, c’est une réflexion de fond sur la société que nous voulons. Celle de l’assistanat ou celle de l’autonomie ? Israel a déjà répondu et l’Europe, au regard du niveau de violences qui la frappe n’aura d’autre choix que de faire face et d’aguerrir. A défaut elle ne survivra aux puissantes intentions obscurantistes et destructrices.

Pour connaitre et aimer ces 2 pays profondément que sont la France et Israel, un peuple, un pays n’est pas résilient par hasard.

Au risque de déplaire, la communauté qui, de mon point de vue, s’intègre le moins bien aux Israéliens en Israël est la communauté française, en raison de son absence de pragmatisme et d’une délicatesse culturelle qui dans un pays en guerre ou un continent confronté à une haine de l’autre extrême est un handicap et non plus un atout.
5783 années que le peuple juif est l’objet de haine.  Néanmoins toujours en vie. Parfois amputé, parfois tremblant, parfois blessé mais toujours pérenne et refleurissant sur ses cendres…

Faire face à l’adversité, être un citoyen préparé et autonome. Être un peuple résilient.

La résilience des Israéliens peuple n’est pas due au hasard. Il y a la foi comme facteur de protection, la cohésion sociale très forte et il y a la posture face à l’adversité.

Les Israéliens en particulier se relèvent toujours. Ils sont toujours actifs. Toujours. Dès le 8 octobre, le demain des pogroms du Hamas, un tsunami d’actions solidaires est venu contrer le sentiment d’impuissance national des civils face aux massacres de jeunes et de familles entières dans les kibboutz du sud du pays. L’action efficace donne aux Israéliens un sentiment d’auto efficacité et d’estime fort renforcé par une éducation scolaire qui apprend à anticiper, à faire face à l’adversité dès l’arrivée de la menace, dès l’âge de 7 ans.

L’auteur du Protocole national israélien, référent gouvernemental pour les opérations d’urgence estime qu’il y a 2 apprentissages qu’il nous faut développer pour augmenter nos aptitudes à résilier rapidement : Enclencher la bonne posture dès la menace donc dès la situation de choc et s’entraîner à la cohérence cardiaque avant la menace ou 24h plus tard.

Pourquoi ? Parce que nous avons 2 grands vecteurs de résilience : psychologiques et physiologique (le nerf vague cf théorie polyvagale)
Au-delà de l ‘outil indispensable que représente cette méthode pour les primo-intervenants confrontés à la menace et au risque fort de PTSD et donc de crise suicidaire, chaque citoyen, au même titre qu’il est formé aux premiers gestes physiques doit se former aux premiers secours psychologiques afin d’être un citoyen AUTONOME. Pour rester efficace en situation de menace de mort, réduire le risque de développer des pathologies post traumatiques et enclencher les mécanismes de résilience fonctionnelle.

L’adversité, les traumas font partie de la vie. Voulons-nous nous affaiblir ou nous aguerrir ? Dans les deux cas il y aura un prix à payer. Notre rôle avec le protocole national israélien 6C ©️ est de nous aguerrir et de rester actifs et efficaces en situation de détresse émotionnel. De basculer de l’impuissance liée au choc à un retour à un fonctionnement normal et efficace afin de se relever, de poursuivre notre « routine » avec le moins de dommages psychologiques possibles.

Et pour ceux qui en ont les ressources de transformer un jour leur PTSD en ressources et compétences qu’ils n’auraient probablement jamais eu sans lui.

Bibliographie non exhaustive :

  • Farchi, Gorneman, Ben H., levy, Talg, Whitreson, Adi, Gerson, Bella Ben, Gidron, Yori (2018) The SIXCs Model for immediate Cognitive Psychological First Aid.International Journal of Emergency Mental Health and Human Resilience, 1-12.
  • Psychological First Aid Training ; A scoping Review of its Application, Outcomes and Implementation, from International Journal of Environmental Research and Public Health.
  • Etude chinoise sur 3 protocoles d’urgence 2021 : Wang, L.; Norman, I.; Xiao, T.; Li, Y.; Leamy,
  • Psychological First Aid Training: A Scoping Review of Its Application, Outcomes and Implementation. Int. J. Environ. Res. Public Health 2021, 18, 4594. https:// doi.org/10.3390/ijerph18094594
  • Farchi, Gidron (2010) The effects of psychological inoculation, versus ventilation on the mental resilience of israeli citizens under continuous war stress.Journal of Nervous &Mental Disease, (1985)
  • Developing specfic self efficacity and resilience as first responders among students of social work and stress and trauma studies (Mai 2014)
  • The sixc model for immediate cognitive psychological first aid : from helplessness to active efficient coping (2018)
  • Yahalom training in the military Epub 2019

(*) Emmanuelle Halioua est la représentante officielle du Protocole national israélien de premiers secours psychologiques d’urgence le 6C ©️/SIXC, tant en France qu’à l’International dans les secteurs civil et militaire.
Avec 25 années d’expérience clinique et terrain en situations réelles de danger, elle est spécialisée dans la prise en charge du PTSD/TSPT en thérapie et en interventions en 1ers secours en santé mentale. Formée en Israel par le Lt Colonel et Pr Farchi, auteur du protocole national israélien de 1ers secours psychologiques, responsable au sein du gouvernement des opérations d’urgence en santé mentale, Maitre de conférence et Président de l’ ICFR dédié à la recherche sur la résilience fonctionnelle.
E.Halioua est formée aux Psycho trauma aux côtés du Dr Gérard Lopez, à la faculté de Médecine de Paris René Descartes et à la faculté de Tel Hai en Israel. Formée à la Thérapie Systémique école de Palo Alto au sein de l’Institut Gregory Bateson (Mental research Institut). Formée aux TCC. Formée à l’Hypnose médicale. Depuis 3 ans elle enseigne en France la méthode israélienne nationale dites des SIXC/6C©. Présidente d’un organisme de formation, elle est également Instructeur du 6C© et dirige une équipe française de formateurs à la méthode.

Emmanuelle Halioua
Contact : e.halioua@protocolesixc.org