Aux Pays-Bas, l’offre de Naval Group était 1,5 Md€ moins chère que celle de Saab-Damen

Aux Pays-Bas, l’offre de Naval Group était 1,5 Md€ moins chère que celle de Saab-Damen

Il y a tout juste un mois, La Haye annonçait que la proposition du Français Naval Group, sur la base du sous-marin Blacksword Barracuda, avait été préférée à celle du suédois Saab associé au néerlandais Damen, pour le remplacement des quatre sous-marins de la classe Walrus de la Marine Royale Néerlandaise.

À peine la décision fut-elle rendue publique, que Saab et Damen remirent en cause son bien-fondée, arguant d’une offre plus performante tant du point opérationnel que du point de vue industriel, et promettant de ne pas en rester là.

Les entreprises avaient un mois pour faire appel devant la justice néerlandaise, de la décision ministérielle néerlandaise. Ce délai arrive désormais à son terme, et ni Damen, ni Saab, n’ont posé de réclamation.

Et pour cause ! Même s’ils promettent de porter dorénavant le combat au Parlement néerlandais, il s’avère que l’offre de Naval Group, dont le montant total n’est toujours pas détaillé, était 1,5 Md€ moins onéreuse que celle proposée par Saab et Damen.

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Saab-Damen met en cause un prix « inaccessible à une entreprise privée » face au sous-marin Blacksword Barracuda de Naval Group

Pour expliquer un tel écart de prix, que l’on peut estimer entre 25 et 33 % du prix total, le groupe naval néerlandais, et son partenaire suédois, mettent en avant des qualités opérationnelles supérieures de leur modèle, sans pour autant apporter d’éléments de détails pour soutenir ces affirmations.

A26 Blekinge
L’offre de Saab-Damen reposait sur une evolution du A26 Blekingue suédois, un sous-marin conçu spécialement pour opérérer en mer Baltique.

On peut d’ailleurs douter de celles-ci, dans la mesure où, de manière objective, les sous-marins de Naval Group ont été choisis par cinq forces navales et 16 exemplaires, ces vingt dernières années, et non des moindres (Brésil, Chili, Inde, Indonésie, Malaisie), alors que Saab et Kockums n’ont plus exporté de sous-marins depuis les deux navires de la classe Archer à Singapour, au début des années 2010, des navires d’occasion de la classe Västergötland entrés en service en 1986 et 1987.

« Le score final est influencé de manière disproportionnée par un prix trés bas [de Naval Group], qui est très inférieur au prix réaliste pour les entreprises de défense privées« , peut-on lire dans le communiqué à ce sujet, laissant sous-entendre, que la différence de tarif, serait liée au statut d’entreprise publique de Naval Group, l’État français détenant 62,25 % du groupe, Thales 35 %, et le solde, 1,75 %, par les salariés de l’entreprise.

Notons que Damen n’apporte aucun élément permettant de justifier d’un rôle particulier de l’État français dans ce domaine, et que ce n’est pas la première fois que le groupe néerlandais dénonce l’actionnariat public de Naval group, comme pour l’espagnol Navantia ou l’Italien Fincantieri, qui fausserait la compétition, selon son analyse.

Reste qu’avec un tel écart de prix, on comprend que les décideurs néerlandais ont eu beaucoup de mal à faire jouer la préférence nationale, d’autant que Damen a lui-même profité d’une offre plus attractive pour s’arroger la construction des frégates F126 pour la Bundesmarine allemande, au grand dam des industriels outre-Rhin.

Saab et Damen promettent davantage d’investissements dans l’industrie néerlandaise que Naval Group

Pour autant, si Saab et Damen ont renoncé à une action en justice, sachant pertinemment qu’avec un tel écart dans les prix, s’eut été peine perdue, ceux-ci n’ont pas renoncé à faire dérailler le programme franco-néerlandais.

Naval Group Blacksword Barracuda
Le Blacksword Barracuda promet d’être un sous-marin à très hautes performances. On se demande de quelles performances supérieures l’offre de Saab et Damen peut bien se réclamer ?

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