Drones ukrainiens, renseignements, pièces d’armements… Entre Paris et Kiev, une coopération militaire renforcée

Drones ukrainiens, renseignements, pièces d’armements… Entre Paris et Kiev, une coopération militaire renforcée

Drones ukrainiens, renseignements français… Entre la France et l’Ukraine, une coopération militaire étroite, bien au-delà des livraisons d’armes. Et avec des bénéfices mutuels.

par Pierre Alonso – Challenges – publié le

Entre la France et l’Ukraine, la coopération militaire va bien au-delà des livraisons d’armes, dont le volume reste assez modeste (3,77 milliards d’euros à la fin février 2025 selon le Kiel Institute, contre 12,6 milliards pour l’Allemagne). Et elle n’est pas à sens unique : Paris observe avec profit les frappes à longue portée menées par l’Ukraine grâce à ses drones. « Nous avons des centres d’entraînement conjoints avec des Français. Ils viennent se former chez nous. C’est avec eux que nous avons la collaboration la plus productive », confie le général Youri Shchyhol, du renseignement militaire ukrainien (HUR).

Les drones sont la grande innovation et l’arme massive qui permet la résistance de l’Ukraine face à la Russie. Suppléant aux pénuries de missiles et munitions, les drones kamikazes infligent désormais environ 70 % des pertes sur le champ de bataille. Et dans ce domaine, l’Ukraine est devenue « le plus grand producteur de drones en Europe », vantait Volodymyr Zelensky en janvier.

L’armée française « particulièrement intéressée » par les drones navals

Tout un écosystème a éclos, de PME industrielles mais aussi de petits ateliers artisanaux animés par des ingénieurs aussi bien que des bricoleurs autodidactes qui conçoivent et assemblent les machines. Les drones les plus récents peuvent frapper à longue distance, tels ceux de la PME Zli Ptakhy (Les oiseaux en colère), qui peuvent voler près de 200 kilomètres et emporter des charges de cinq à six kilos (tête explosive, mines antichars, ravitaillement à larguer…), pour un coût unitaire d’environ 18 000 euros.

L’armée française est aussi « particulièrement intéressée » par les drones navals, qui ont permis à Kiev de repousser les navires russes et de rouvrir des couloirs d’exportation pour ses céréales. Fin avril, la Marine nationale française a rendu public un premier essai à la mer de drones de surface explosifs.

KNDS s’installe en Ukraine

Pour ses frappes à longue distance, l’Ukraine dispose de ses propres sources, y compris des civils russes retournés par ses services, mais aussi de renseignements fournis par ses alliés. « Nous avons une coopération permanente avec la France, notamment sur le renseignement », glisse le général Shchyhol, refusant d’être plus spécifique pour « ne pas mettre la France en difficulté ». Ce partage de renseignement, évoqué par le ministre des armées Sébastien Lecornu, a pris une importance nouvelle après la décision de la Maison Blanche d’interrompre brièvement la transmission d’informations sensibles à l’Ukraine, en mars.

Les échanges entre Paris et Kiev sont également nourris en matière industrielle. KNDS, qui fabrique notamment les canons Caesar, a ouvert une filiale en Ukraine cet automne. Le géant de l’armement terrestre Arquus s’est engagé à produire localement des pièces de rechange pour des blindés de transport (VAB) en partenariat avec une société ukrainienne. Afin de renforcer ce domaine de coopération, Arsen Zhumadilov, qui dirige l’agence de l’approvisionnement de la défense (DPA) a reçu une invitation de son homologue de la DGA française pour venir dans l’Hexagone cet été.