Artillerie : Le ministère ukrainien de la Défense dit vouloir acquérir plus de CAESAr français
Selon le site Oryx, qui documente les pertes subies par les forces ukrainiennes et russes depuis la guerre déclenchée par Moscou le 24 février 2022, six de ces obusiers automoteurs ont été détruits [cinq CAESAr 6×6 et un CAESAr 8×8]. Dans la plupart des cas, ils ont été touchés par une munition téléopérée [MTO, ou drone kamikaze] de type Lancet qui, produite par une filiale du groupe Kalachnikov, a une portée maximale de 40 km. Évidemment, cela pose la question de leur protection contre les drones, ce qui pourrait passer par l’ajout de capacités défensives ou bien par l’amélioration de leur camouflage.
Pour rappel, la portée d’un CAESAr est d’environ 40 km, avec une capacité de tirer six coups en une minute, la sortie de batterie de fait en moins de deux minutes, ce qui limite le risque d’un tir de contre-batterie.
Cela étant, selon le témoignage d’un officier ukrainien récemment rapporté par le quotidien Le Monde, le CAESAr ne serait pas exempt de critiques.
« Votre canon automoteur CAESAr tire très vite et avec une précision d’orfèvre. Mais je l’utilise très peu parce qu’il est très vulnérable et mal adapté aux réalités de la guerre », a confié le colonel Yan Iatsychen, commandant de la 56e brigade d’infanterie motorisée de l’armée ukrainienne.
La « taille importante » de l’obusier, avance Le Monde, en ferait une « cible prioritaire » pour les drones russes [ce qui, au passage, est aussi valable pour les autres obusiers automoteurs…]. « Si je le sors en terrain découvert pour tirer, il devient la cible de tirs de contrebatterie au bout de trois à quatre minutes. Je n’ai pas le temps de l’évacuer hors de la zone de danger », a continué l’officier, qui a dit préférer le canon [tracté] américain M777… Or, selon Oryx, 77 de ces pièces d’artillerie ont été détruites ou endommagées, sur environ une centaine…
Puis il a tenu des propos encore plus surprenants… « Cette dame [le CAESAr] aime trop la propreté. Ses opérateurs sont comme des chirurgiens, toujours avec des gants et des couvre-chaussures, contraints de dormir dedans pour le pas la salir ».
Quoi qu’il en soit, le ministère ukrainien de la Défense ne partage pas la même appréciation du CAESAr que le commandant de la 56e brigade d’infanterie motorisée. Via un communiqué publié le 24 décembre, il a en effet souhaiter en « acquérir davantage » pour répondre aux besoins » de ses forces armées.
« Les CAESAr ont démontré une grande efficacité et une grande précision au combat », a fait valoir le général Ivan Gavryliuk, le vice-ministre ukrainien de la Défense. « Il est très important pour l’Ukraine d’augmenter sa puissance de feu grâce à la fourniture de systèmes d’artillerie par les alliés », a-t-il ajouté.
Ce sera justement la raison d’être de la création, en janvier prochain, d’une « coalition artillerie » qui, devant être dirigée par la France, viendra ainsi s’ajouter à celles précédemment mises en place pour les avions de combat F-16, la défense aérienne et les chars Leopard.
Cela étant, l’armée ukrainienne entend améliorer la conduite de tir du CAESAr en ayant recours à l’intelligence artificielle. Cela « permettra de réduire de 30% l’utilisation de munitions pour viser et atteindre les cibles », a avancé le général Gavryliuk, après avoir annoncé que des essais seraient menés à cette fin en 2024.