Avec SIGNAL, la Marine nationale se dote d’une stratégie de supériorité informationnelle pour la guerre navale

Avec SIGNAL, la Marine nationale se dote d’une stratégie de supériorité informationnelle pour la guerre navale

 

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« Il y a trois ou quatre ans, avec l’arrivée des premiers bateaux numériques, nous avons eu l’intuition que la donnée en mer deviendrait un sujet majeur. Le Centre de services de la donnée Marine [CSD-M] s’est développé à la manière d’une start-up : nous travaillons avec des industriels, nous collectons les données des systèmes de combat, nous avons nos premiers data lakes et nous produisons des cas d’usage », a par ailleurs expliqué l’amiral Vandier aux députés.

Dans le même temps, la généralisation des technologies liées au numérique fait de l’espace informationnel un champ de conflictualité et de manœuvre à part entière. « Ce bouleversement technologique s’est traduit par un accroissement de la place des systèmes numériques pour l’appréciation de l’espace maritime, comme pour la conduite des opérations », résume la Marine nationale. En outre, si la supériorité technologie est une condition nécessaire pour espérer faire la différence au combat, elle peut ne pas être suffisante.

« La relation entre tactique navale et technologie est aussi cruciale qu’elle est précaire et instable : la technologie ne peut pas se départir de la tactique sans laquelle elle erre sans but, tandis que la tactique doit s’alimenter en permanence aux sources de la technique, au risque de devenir sclérosée. Il en résulte une relation d’interdépendance mutuelle, que le tacticien a tout intérêt d’équilibrer », expliquent le capitaine de vaisseau Thibault Lavernhe et le capitaine de frégate François-Olivier Corman, dans leur livre « Vaincre en mer au XXIe siècle« .

D’où la stratégie de Supériorité Informationnelle pour la Guerre Navale [SIGNAL] que vient de dévoiler la Marine nationale, à Toulon.

« Dans le combat naval, l’avance technologique ne se traduit pas mécaniquement par un avantage tactique décisif. La profusion d’informations induit également des risques spécifiques pour les unités opérationnelles ou les structures de commandement. Ainsi pour intégrer efficacement les disruptions du numérique […], il convient de les équilibrer avec les besoins de résilience, d’autonomie et d’évolutivité propres aux plateformes navales », fait valoir la Marine nationale.

Cependant, celle-ci n’est pas entrée dans les détails de cette « stratégie de supériorité informationnelle », si ce n’est qu’elle se décline selon six axes.

Ainsi, le premier vise à « diversifier les sources de captation de données », en s’appuyant sur les possibilités offertes par le New Space [le secteur spatial privé, ndlr]. Ensuite, il s’agira d’augmenter les « capacités de connectivité, sans renoncer à leur résilience » tout en optimisant la fusion des « informations tactiques en temps réel » [ce qui fait penser à la « liaison des armes sur mer » de l’amiral Raoul Castex].

Et cela va de pair avec la valorisation des données embarquées afin de « renforcer la compréhension des situations et l’aide à la décision » ainsi qu’avec une circulation de l’information à la fois plus rapide et plus fluide en matière de commandement et de contrôle [C2]. Enfin, il est question d’ouvrir de « nouvelles capacités tactiques dans les domaines de lutte ».

Ce dernier point est crucial car, comme le soulignent le capitaine de vaisseau Thibault Lavernhe et le capitaine de frégate François-Olivier Corman, le « rôle du tacticien ne s’arrête pas à connaître ses armes et à chercher à les améliorer sans cesse, mais consiste aussi et surtout à rechercher la cohérence entre les tactiques qu’il compte mettre en œuvre et les équipements dont il dispose ou ceux dont il s’apprête à disposer ».