Dans un contexte tendu, Moscou annonce que ses forces stratégiques mèneront un exercice de grande ampleur


Régulièrement, le ministère russe de la Défense organise l’exercice « Grom » [« Tonnerre »], lequel vise à vérifier l’état de préparation des trois composantes de ses forces de dissuasion nucléaire [terrestre, océanique et aéroportée]. De telles manœuvres, toujours conduites sous l’autorité du président russe, Vladimir Poutine, sont organisées en octobre.

Sauf erreur, les dernières ont eu lieu en 2019, avec la participation de 12’000 militaires, 20 navires, cinq sous-marins et 105 aéronefs [bombardiers stratégiques et avions de combat]. Cependant, en décembre 2020, le sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE] Vladimir Monomaque [classe Boreï] avait tiré une salve de quatre missiles balistiques mer-sol Boulava, ce qui ne s’était plus depuis la chute de l’Union soviétique.

Cela étant, Grom-19 avait simulé l’escalade d’un conflit conventionnel susceptible de menacer l’intégrité territoriale de la Russie, obligeant ainsi les forces stratégiques russes à intervenir à des fins de représailles.

Des missiles nucléaires et conventionnels furent ainsi tirés, dont un RS-24 Iars [par un lanceur mobile depuis Plesetsk vers le le site de Kura], un SS-N-23 « Sineba » par le SNLE K-18 Karelia [classe Delta], un SS-N-18 « Stingray » par le SNLE K-44 Riazan [classe Delta III] et un Kh-102 [missile de croisière à capacité nucléaire, nldr] par un bombardeir Tu-95MS Bear H. Enfin des missiles Kalibr et Iskander furent également lancés.

En janvier, la presse russe a annoncé qu’un nouvel exercice Grom serait prochainement organisé, sans en préciser la date exacte. Celle-ci est maintenant connue.

« Le 19 février, sous la direction du commandant suprême des forces armées russes Vladimir Poutine, un exercice planifié des forces de dissuasion stratégique sera organisé », en effet annoncé le ministère russe de la Défense, via un communiqué publié ce jour. Et de préciser que des « tirs de missiles balistiques et de missiles de croisière auront lieu » et que les « forces du district militaire Sud » ainsi que les « flottes du Nord et de la mer » Noire seraient impliquées, de même que, évidemment, les « forces aérospatiales et les forces stratégiques ».

Cet exercice doit permettre de « tester l’état de préparation » des forces mobilisées et la « fiabilité des armes stratégique nucléaires et non nucléaires », a assuré le ministère russe de la Défense.

Cela étant, au vu des tensions actuelles avec les Occidentaux au sujet de l’Ukraine et des garanties de sécurité exigées par Moscou, on peut avancer, sans prendre le risque de se tromper, qu’il s’agira aussi de faire une démonstration de force. D’autant plus que, en mars 2015, Vladimir Poutine avait dit avoir envisagé de mettre en état d’alerte les forces stratégiques [nucléaires, ndlr] russes en cas d’intervention militaire occidentale en Crimée, annexée un an plus tôt par la Russie.

Quoi qu’il en soit, pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cette nouvelle édition de l’exercice Grom entre le cadre d’un « processus d’entraînement régulier » et elle a été « précédées de toute une série de notifications faites à divers pays par divers canaux ». Aussi, a-t-il continué, « tout cela est clairement réglementé et personne n’a de questions ou d’inquiétudes car tout est notifié à l’avance » et ces manœuvres sont « totalement transparentes, totalement compréhensibles pour les spécialistes étrangers ».

Reste à voir la nature des missiles qui seront tirés lors de cet exercice. Peut-être que les nouvelles armes hypersoniques russes, comme le missile aérobalistique Kinjal, le missile anti-navire Zircon ou encore le système Avanguard, seront testées…