La Corée du Nord – l’obsession nucléaire. Entretien avec Juliette Morillot
Journaliste, auteur de nombreux ouvrages sur la Corée du Nord, Juliette Morillot explore les évolutions culturelles et politiques des Corées et de l’Asie du Sud-Est. Elle vient de publier La Corée du Nord en 100 questions (Tallandier).
Propos recueillis par Alban de Soos.
La Corée du Nord : L’obsession nucléaire en 100 questions, Taillandier, 2024, 19,90€.
Au début de votre ouvrage, vous expliquez l’histoire de la Corée, colonie japonaise de 1910 à 1945. Une histoire marquée par les guerres, les pillages et les invasions, ce qui a conduit la Corée à fermer ses frontières, devenant un « royaume ermite ». Peut-on dire ainsi que la Corée, et en l’occurrence la Corée du Nord, tient dans son ADN ce renfermement sur elle-même ?
Je pense que l’expression « royaume ermite » utilisée par les médias étrangers pour parler de la Corée du Nord est une manière pratique de décrire un pays qui est fermé. Cependant, cette expression fait référence aux siècles passés, remontant à l’époque avant la partition de la Corée. J’explique dans le livre que jusqu’au XVIIe siècle, la Corée était du fait de sa volonté face aux invasions et destructions récurrentes un royaume totalement fermé, bien avant la colonisation japonaise. Cette tendance s’explique en partie par la position géopolitique de la Corée, prise en tenaille historiquement par deux puissants empires, la Chine et le Japon. Cette méfiance envers le monde extérieur est profondément enracinée dans l’identité coréenne, tant au Nord qu’au Sud.
Bien que la Corée du Sud soit aujourd’hui ouverte à l’Occident et accepte désormais l’immigration, cette transition reste complexe. En revanche, la Corée du Nord, en raison de sa nature fermée, accentuée davantage depuis la pandémie de COVID-19, est effectivement isolée de la communauté internationale. Cependant, ce n’est pas nécessairement une volonté d’isolement de sa part, mais plutôt une tentative de se protéger, conforme à sa doctrine du juche.
Pour résumer, cette caractéristique est commune aux deux Corées et est profondément enracinée dans leur histoire. La pandémie de COVID-19 l’a accentuée en Corée du Nord, mais il est important de noter que le pays entretient des liens avec de nombreux pays à l’étranger, en Asie du Sud-Est, en Afrique, au Moyen-Orient, avec les anciens pays du bloc soviétique et bien sûr la Russie… Malgré son image d’isolement, la Corée du Nord cherche à rayonner à l’étranger et à établir aussi des relations à l’international, y compris avec les États-Unis, comme en témoignent les rencontres avec Trump en 2018 et 2019.
On parle souvent de l’arme nucléaire comme l’assurance-vie de la Corée du Nord contre une invasion américaine. Au-delà de cette méfiance vis-à-vis du monde occidental, j’imagine qu’il y a un caractère historique à cette volonté de garantir une indépendance longtemps mise à l’épreuve.
C’est une continuation de ma réponse précédente, qui se résume par un proverbe coréen : « Quand les baleines se battent, les crevettes ont le dos rompu ». Les baleines représentent les grandes puissances, autrefois la Chine et le Japon, après ça a été la guerre froide, et aujourd’hui la Chine et les États-Unis. Le destin du pays, ainsi que sa partition en 1945, a été décidé par les dernières grandes puissances sans que les Coréens n’aient leur mot à dire, ce qui explique ce sentiment de menace extérieure permanente.
En discutant avec les Nord-Coréens, on perçoit aussitôt cette peur d’être à nouveau écrasé, c’est un sentiment profondément ancré. Les destructions majeures du pays pendant la guerre de Corée, notamment l’utilisation massive du napalm, ont marqué les esprits. C’est pourquoi le développement de l’arme nucléaire est une priorité. Les menaces américaines d’utiliser l’arme atomique pendant la guerre de Corée ont été un catalyseur majeur dans la décision de Kim Il Sung de doter le pays de cette arme. À Pyongyang, on me rappelle, quand j’y vais, les déclarations de Charles de Gaulle sur la dissuasion nucléaire. Cette volonté d’une défense indépendante est au cœur de l’identité actuelle de la Corée du Nord, malgré sa taille modeste en comparaison avec les grandes puissances. En effet, la péninsule coréenne, dans son ensemble, fait approximativement la taille de la Grande-Bretagne, avec une grande partie de son territoire recouverte de montagnes (80 % au Nord et 70 % au Sud), ce qui souligne le contraste entre la petite Corée et les grandes puissances mondiales.
À la question 27, « Qui est vraiment Kim Jong Un ? », vous décrivez un homme qui a eu une enfance à l’occidentale : il a grandi à Berne en Suisse ; passionné de basket et de ski, il joue à la PlayStation, il voyage en Europe, dont à Paris, et se rend à Disneyland au Japon. Comment expliquer cet endoctrinement, cette fermeture sur le monde, et ce rejet de la culture occidentale, alors que Kim Jong Un a grandi en Europe ?
Il n’y a pas de rejet de la culture occidentale en Corée du Nord ; au contraire, il existe des liens étroits entre l’élite nord-coréenne et la France dont l’image est bonne. Kim Jong Un s’est rendu à Paris, Kim Jong Nam, qui a été assassiné, y allait, la femme de Kim Jong Il a été soignée d’un cancer à Paris et Kim Jong Il, mais aussi Kim Jong Un ont tous les deux fait appel à des chirurgiens français qui se sont rendus à Pyongyang ! Des liens anciens existent donc entre les deux pays. Les années d’études de Kim Jong Un en Suisse ont été significatives, il a même suivi des cours sur la démocratie, ce qui lui a donné une certaine connaissance du monde occidental. Cependant, il ne faut pas leur donner trop d’importance : Kim Jong Un n’était qu’un adolescent et vivait dans un milieu totalement coréen.
Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, Kim Jong Un a sincèrement eu l’intention de provoquer des changements et d’ouvrir un peu le pays et l’économie. Ses premières années à la tête du pays ont été marquées par des réformes économiques visant à permettre une certaine liberté d’entreprise en Corée du Nord, des réformes qui avaient déjà commencé sous Kim Jong Il après la grande famine. Il y avait donc une volonté réelle de moderniser le pays, et lorsque Kim Jong Un disait qu’il ne voulait pas que son peuple souffre, cela semblait sincère.
Cependant, les sanctions internationales se sont multipliées avec les essais nucléaires et balistiques et c’est la population qui en souffre le plus. Elles n’ont aucun effet sur les programmes qu’elles sont censées limiter. Aujourd’hui, la Corée du Nord est étouffée par ces sanctions. Son économie souffre d’autant que, pendant la pandémie, elle a refermé ses frontières, devenant pour le coup un vrai royaume ermite. En refermant ses frontières avec la Chine pour se protéger, elle s’est par la même occasion coupée d’un commerce vital.
Cet isolement accru, combiné aux sanctions internationales et à l’échec des pourparlers avec Donald Trump, a marqué un tournant dans la politique nord-coréenne, renforçant sa détermination. Après cela, les orientations ont changé et Kim Jong Un est revenu sur les réformes initiales qu’il avait entreprises à son arrivée au pouvoir. Le temps des réformes et de l’ouverture, même timide, est passé. Beaucoup ont voulu croire en un adoucissement de la situation avec l’émergence de Kim Yo Jong, la sœur de Kim Jong Un, peut-être parce que c’est une femme, mais non, cela n’a pas été le cas.
Vous évoquez dans votre ouvrage le rôle prépondérant de la Suède en Corée du Nord. Vous soulignez à ce titre le rôle de médiateur dans la diplomatie officieuse qu’a joué la Suède, notamment pour préparer la rencontre en Mongolie entre la fille de Megumi Yokota, une kidnappée japonaise, avec ses grands-parents, ainsi que pour obtenir la libération d’Otto Warmbier, étudiant américain emprisonné à Pyongyang.
Comment la Suède a réussi à développer des liens diplomatiques avec Pyongyang. Est-elle le seul pays occidental à entretenir ce genre de relations avec la Corée du Nord ?
Cette question est complexe : il s’agit d’une diplomatie souterraine, mais en effet, elle revêt une grande importance, notamment pour ce qui est de la libération des Occidentaux retenus en Corée du Nord. Elle a permis aussi l’organisation de rencontres sensibles sur le nucléaire entre les États-Unis et la Corée du Nord. Les canaux de communication alternatifs jouent un rôle crucial dans ce contexte. Bien que l’on ait espéré que les Suisses pourraient également avoir un impact sur le terrain, puisqu’ils accueillent une ambassade nord-coréenne, Genève ne semble pas être centrale dans ce processus de diplomatie officieuse.
Je n’ai pas grand-chose d’autre à vous dire là-dessus, car cette diplomatie se fait par des réseaux parallèles, dont on ne parle pas, mais qui sont pour autant très solides et très anciens. Quand on en parle ouvertement dans les médias, c’est à l’occasion de situations extraordinaires liées à des Occidentaux, comme lorsque la Suède a joué un rôle d’intermédiaire pour la libération de Kenneth Bae, missionnaire américain détenu en Corée du Nord pour prosélytisme. Ou lorsqu’elle a organisé la rencontre en Mongolie des parents de Megumi Yokota, japonaise kidnappée par la Corée du Nord et depuis décédée, avec leur petite fille.
Comme vous l’écrivez dans votre ouvrage, en avril 2022, lors de la parade militaire célébrant les 70 ans de la fondation de l’armée, Kim Jong Un a pris ses distances vis-à-vis de la doctrine de persuasion. En effet, il explique que l’arme nucléaire ne peut se limiter à une simple dissuasion, mais pourrait être utilisée dans le cas ou la Corée du Nord serait face à une situation non souhaitée.
Peut-on dire que la menace nucléaire nord-coréenne a augmenté avec ce changement de direction dans la doctrine nucléaire de Pyongyang, où cela relève simplement d’une volonté d’affirmation de puissance, la Corée du Nord étant déjà prête à faire usage du nucléaire, au-delà de la dissuasion ?
Non, la Corée du Nord n’était pas prête à faire usage du nucléaire au-delà de la dissuasion. Cependant, le contexte mondial a évolué, et la décision de Kim Jong Un de passer à une arme qui dépasse le simple aspect dissuasif et de durcir sa position découle probablement de l’échec du sommet de Hanoï. À ce moment-là, les Américains n’ont pas pleinement pris la mesure de ce que la Corée du Nord leur proposait comme concessions. En 2018, Kim Jong Un avait proposé de fermer l’Institut national sur le nucléaire dans une lettre adressée à Donald Trump, ce qui constituait une offre significative, mais qui n’a pas été prise en compte. À Hanoï, il a proposé de démanteler la centrale nucléaire de Yongbyon, mais cette proposition n’a pas été retenue non plus. Je pense qu’à ce stade, les Nord-Coréens en ont eu assez et ont décidé que cela ne se reproduirait pas. Je pense que les Américains n’ont pas saisi l’importance du geste de la Corée du Nord, car le dialogue aurait pu continuer avec peut-être des avancées à la clé. En rentrant à Pyongyang, il était clair que Kim Jong Un considérait que c’était fini. Il recherchait la levée des sanctions ou au moins la poursuite du dialogue sur ces bases, mais ses efforts ont été balayés. Le sommet de Hanoï s’est terminé par un échec.
Ensuite, il y a eu la pandémie de Covid, suivie par une déclaration en avril 2022, puis en septembre de la même année, avec une nouvelle doctrine nucléaire. Comparée à la précédente, cette nouvelle doctrine est plus directe, les termes ont changé et les références historiques ont disparu. Elle justifie désormais l’utilisation de l’arme nucléaire en cas d’estimation d’une menace ou d’un danger, ce qui représente un changement significatif, car il ne s’agit plus de dissuasion, mais de frappes préventives, revendiquant ainsi le droit de le faire. Le ton de cette nouvelle doctrine est beaucoup plus technique, moins idéologique, avec la possibilité de frapper en dehors du cadre de la dissuasion.
Les discours ultérieurs de Kim Jong Un confirment cette tendance, et le deuxième point majeur est le fait que la Corée du Sud ait été désignée comme ennemi numéro un, même avant les États-Unis. De plus, il n’y a plus non plus de perspective de réunification, ce qui marque un changement majeur. En janvier dernier, Kim Jong Un a déclaré que la réunification n’était plus un objectif de la Corée du Nord. Il s’éloigne ainsi radicalement de la politique de Kim Il Sung et de Kim Jong Il, dont l’objectif officiel était de réunifier la péninsule. Désormais, Kim Jong Un considère cela comme une erreur et a abandonné toute référence à la Corée du Sud et à la réunification.
Tout cela se produit dans un monde en mutation, comme en témoignent les événements à Gaza et en Ukraine avec la Russie. Les cartes sont en train d’être redistribuées, et Kim Jong Un prend position pour se défendre, notamment en se rapprochant de la Russie. Donc oui, la doctrine nucléaire nord-coréenne est plus dangereuse, au même titre que le monde est devenu plus dangereux.
« Le rêve commun de réunification était un mythe, il est aujourd’hui une utopie. Et « une erreur », ainsi que Kim Jong Un l’a affirmé à la fin de l’année 2023, excluant dès lors toute réconciliation ou réunification avec la Corée du Sud.
Face à ces propos, une réunification semble très compliquée, comme vous l’évoquiez dans votre réponse précédente, tant le fossé entre le Nord et le Sud s’est creusé. Est-ce que les États-Unis et l’Europe ont compris et se rendent à l’évidence qu’une fusion des deux Corées est à exclure, et que jamais la Corée du Nord ne sera prête à se dénucléariser ?
Le fossé entre les deux Corées est indéniable, mais il semble plus évident du côté sud-coréen. Les Sud-Coréens ne peuvent ignorer l’impact économique d’une Corée du Nord affaiblie, si une réunification était effectuée. De plus, dans la jeune génération sud-coréenne, le lien avec les ancêtres nord-coréens est dépassé. Pour eux, c’est une histoire de grands-parents. En Corée du Nord, la question est davantage idéologique. Comme je l’ai mentionné précédemment, la réunification était autrefois un objectif officiel, mais elle est désormais considérée comme une erreur.
Il est difficile de comprendre pourquoi Kim Jong Un a pris cette direction. Peut-être cherche-t-il à mobiliser son peuple en désignant un ennemi commun, ce qui pourrait renforcer l’unité autour d’une nouvelle idéologie et accroître son propre pouvoir en tant que dirigeant. À ce stade, il est difficile d’en être certain.
Après avril 2022, le langage utilisé a changé. Alors qu’auparavant, on parlait d’exercices d’entraînement en Corée du Nord, désormais, il est question d’exercices de préparation à la guerre. Les mots ont de l’importance et trahissent un changement radical.
Il y a eu un semblant d’ouverture sur le monde en 2018, notamment avec la rencontre du président Donald Trump, qui a été un échec. Malgré cet échec, j’imagine que cela a quand même été bénéfique pour Kim Jong Un, qui a obtenu le statut de chef d’État respectable.
Cela a été largement bénéfique, et ce n’est pas perçu comme un échec en Corée du Nord. Cette rencontre a considérablement amélioré l’image de Kim Jong Un, car dans la philosophie du juche, l’idéologie nationale, il y a cette aspiration à négocier d’égal à égal avec les grandes puissances, notamment les États-Unis. Jusqu’en 2018, 2019, la Corée du Nord était largement ignorée et raillée par les Occidentaux, dans les médias et sur la scène internationale. Par exemple, pendant longtemps, les Occidentaux ont nié que la Corée du Nord possédait des armes nucléaires. Même récemment, j’ai encore été interrogée sur ce point sur un plateau de télévision. Combien de fois faudra-t-il le répéter ? Oui ils ont l’arme nucléaire ! On a trop longtemps voulu nier cela ; un peu la méthode Coué ! Maintenant, en outre, avec le soutien russe, ils pourront développer les aspects balistiques qu’ils ne maîtrisent pas ou qui sont à perfectionner. Aujourd’hui, les cartes dans les médias représentent enfin la Corée du Nord avec 50 têtes nucléaires, et maintenant, Pyongyang est au centre des discussions dans les journaux.
Cette rencontre a donc permis de donner une visibilité et de changer l’image de Kim Jong Un. Auparavant, il était souvent dépeint comme un fou avec des missiles, complètement instable, selon des articles datant d’il y a une dizaine d’années dans des médias tels que L’Express ou Le Point. Désormais, il est reconnu qu’il dirige un régime dictatorial, avec des objectifs clairs d’indépendance et de survie, mais qu’il faut prendre au sérieux. Certes il inquiète, nous savons que son programme s’est développé, et que technologiquement, les Nord-Coréens sont au point, mais il est maintenant pris au sérieux en Occident.
Cela a totalement transformé son image en Occident, ce qui constitue un succès pour la Corée du Nord, même s’il n’y a pas eu une levée concrète des sanctions internationales. Aujourd’hui, Kim Jong Un attend avec impatience les élections américaines. En attendant, il teste ses capacités balistiques et renforce sa puissance militaire, peut-être dans l’optique de relancer une offensive diplomatique si Trump était réélu, mais cela reste une supposition.
Spécialiste de la Corée du Nord comme du Sud, j’imagine que vous avez eu l’occasion d’aller en Corée du Nord. Si demain, je souhaite moi aussi visiter ce pays, quelles seront les démarches à faire, et dans quel climat s’effectuera une visite en Corée du Nord ?
Cela fait des années que je visite la Corée du Nord, j’ai commencé à y aller il y a très longtemps. Pour voyager en Corée du Nord, vous serez bien accueilli, car les Nord-Coréens apprécient les Français, et une fois dans le pays, le fait d’avoir franchi toutes les formalités signifie que vous êtes accepté. Cependant, il est important de se comporter correctement. Si l’on prend l’exemple de l’étudiant américain emprisonné et décédé juste après sa libération, Otto Warmbier, on voit bien qu’il ne faut pas jouer avec le feu. Il est essentiel d’être respectueux, de se rendre là-bas pour apprendre quelque chose, tout en gardant à l’esprit que ce que l’on ne voit pas, ce qui n’est pas montré, est tout aussi intéressant que ce qui est visible, mais il faut être intelligent et éviter de provoquer des situations dangereuses. Warmbier est entré dans une zone interdite dans son hôtel et cela était clairement indiqué. Son arrestation et sa mort sont démesurées par rapport à son présumé « crime ». Mais, il faut bien comprendre que la Corée du Nord n’est pas un jeu vidéo ! Il est important de respecter les règles.
Si l’on agit de manière appropriée, il n’y a absolument aucun danger en Corée du Nord, d’autant plus que les gens y sont très gentils et accueillants. C’est un pays magnifique où l’on peut voir des choses que l’on ne trouve nulle part ailleurs.