L’acquisition conjointe de missiles MISTRAL 3 officiellement soutenue par l’Europe
Cinq programmes d’acquisition conjointe d’équipements ou de munitions recevront un coup de pouce financier de l’Union européenne, dont l’un conduit par la France au profit de huit autres pays et portant sur le missile sol-air MISTRAL 3.
Chacun des cinq projets retenus parmi 12 candidats recevra une enveloppe de 60 M€ via le mécanisme européen EDIRPA (European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act). Cet appui servira non pas à financer les matériels et munitions acquis mais à compenser les coûts administratifs supplémentaires résultants des différents rapprochements. Parmi les lauréats, l’un relève du missile MISTRAL 3. Neuf pays se sont accordés pour en acquérir ensemble, dont cinq sont à l’origine d’un accord signé avant l’été : la France, la Belgique, Chypre, l’Estonie et la Hongrie. Des utilisateurs ou futurs utilisateurs rejoints en cours de route par l’Espagne, la Slovénie, la Roumanie et la Danemark.
Si Madrid est un opérateur de longue date du système produit par MBDA, Bucarest puis Ljubljana avaient successivement annoncé leur volonté de rejoindre le club au cours de l’année écoulée. Le Danemark est quant à lui resté discret sur le sujet, sa présence parmi les bénéficiaires venant officialiser un scénario évoqué en août et devant lui permettre d’armer une version de défense sol-air de son blindé Piranha V. Le besoin combiné pourrait dépasser les 1500 missiles, indiquait en juin le ministère des Armées en juin dernier.
Les quatre autres projets, desquels la France est absente, relèvent de l’acquisition de munitions d’artillerie de 155 mm, de véhicules blindés CAVS et de systèmes de défense sol-air IRIS-T SLM. La plupart répond par ailleurs à l’un des critères du mécanisme, celui d’un achat soutenant également l’Ukraine en « renforçant les moyens de défense du pays dans le contexte de l’agression russe en cours », indique la Direction générale de l’industrie de la défense et de l’espace (DEFIS) dans un communiqué.
L’enveloppe peut paraître modeste au vu du contexte mais, faut-il le rappeler, rien de tel n’existait en Europe 12 mois plus tôt. Avec ces 310 M€, ce dispositif temporaire n’a pas tant pour objectif de se substituer aux budgets nationaux que d’inciter les pays à s’aligner pour augmenter les volumes, générer des économies d’échelle, donner de la visibilité aux industriels et construire leur interopérabilité. Le tout en achetant davantage européen et en créant un précédent sur lequel s’appuyer à l’avenir.
« Les cinq projets sélectionnés représentent une valeur d’approvisionnement combinée supérieure à 11 Md€, ce qui illustre l’effet de levier élevé du financement de l’UE. L’investissement de 300 M€ de l’EDIRPA a suscité un engagement plus de 36 fois plus important, démontrant l’efficacité du programme pour stimuler des investissements substantiels dans le domaine de la défense dans l’ensemble de l’UE », constate la direction européenne.
L’achat de canons CAESAR n’a pas été retenu mais certains « propositions prometteuses » ont été intégrées dans une « liste de réserve », les rendant identifiables pour un financement futur. « Les États investis dans ces propositions pourraient par exemple chercher à les soutenir financièrement en transférant les fonds européens inutilisés qui leur sont alloués dans le cadre de la gestion commune ». EDIRPA désormais en cours de finalisation, la suite s’écrira au travers de l’European Defence Industry Programme (EDIP).
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