Europe : « globally alone »
Cette tribune est extraite de l’ouvrage Le Déméter 2024 – Mondes agricoles : cultiver la paix en temps de guerre, disponible à la commande sur le site de l’IRIS.
La troisième décennie de ce siècle plonge l’Union européenne (UE) dans un inconfort stratégique grandissant. Après le choc sanitaire et sociétal de la pandémie de Covid-19, le retour de la guerre sur le continent, dans cette Ukraine bombardée depuis deux ans, jette un profond doute sur la capacité de la vie, ici, à n’être qu’un long fleuve tranquille. À cela s’ajoute une transition à mener pour décarboner nos économies, changer nos consommations et révolutionner nos modes d’existence. Soit un processus nécessaire, mais assurément ardu, probablement tortueux et potentiellement bouleversant.
Alors que nous sommes désormais plus proches de 2050 que de la première frappe d’une pièce en euro en 1998 – une année dont certains diront que c’était hier en raison d’un double coup de tête victorieux au Stade de France –, cette UE malmenée et tourmentée marche à tâtons vers l’avenir. Elle tangue entre l’insouciance et l’arrogance, l’impuissance et l’autosuffisance. Saura-t-elle – face aux adversités qui piquent ou réaniment – rompre ces tendances et conjuguer clairvoyance, performance et persévérance ?
L’Europe-Titanic
Deux grands murs, socioéconomique et géostratégique, se dressent sur la route de l’UE, qui semble parfois naviguer à vue, sûre de son itinéraire, tel le Titanic. Or nombreux sont celles et ceux qui restent dans la salle de réception, pour écouter l’orchestre. Tout se passe comme si certains restaient là, sans sourciller à la vue des icebergs, soit par insouciance, soit par fatalité, s’en remettant alors à la providence, de l’État ou d’une croyance. Or plusieurs dynamiques invitent au réveil et à l’action.
Vive l’inflation
Marteler que l’inflation doit être combattue et qu’elle sera prochainement moindre ou nulle, c’est ramer à contre-courant de transitions stratégiques auxquelles les Européens doivent s’habituer. Certes, des facteurs conjoncturels – pandémie de Covid-19, hausse du cours des matières premières, déraillements logistiques, guerre en Ukraine – expliquent en grande partie l’inflation. Néanmoins, des éléments plus structurels la nourrissent également. Ainsi de l’ampleur de la greenflation, conséquence de ces multiples transitions menées depuis plusieurs années sur le front climatique et dont le coût financier n’est pas toujours entendu par celles et ceux qui pourtant réclament une action plus forte en matière environnementale1. Le devis de la décarbonation se chiffre en centaines de milliards d’euros et les factures seront probablement toutes ensuite plus douloureuses que prévu pour les budgets. N’oublions pas que le pétrole s’est imposé car il apportait une énergie peu chère, hyperefficace et facile à exploiter sur le plan technique – en tout cas bien plus que d’autres. L’« or noir » a fait s’accélérer le monde, a comprimé les coûts de production et a facilité toutes les mobilités. Il a cependant énormément pollué. Appelé à décliner, voire à disparaître, il reste encore largement exploité. Sortir de cette dépendance aux énergies fossiles sera long et complexe, d’autant que la tectonique des plaques bouge sur le terrain très instable de la diplomatie minérale2. Le verdissement signifie trois choses : temps long, innovation et cherté. Il faut le dire, l’expliquer et le rendre acceptable, donc inévitablement désirable, ce qui peut constituer une véritable épreuve olympique dans des systèmes politiques en quête perpétuelle de consensus3.
L’inflation est donc davantage multifactorielle que circonstancielle. Or, et c’est bien là l’ennui, les sociétés européennes peinent à appréhender le changement, surtout si celui-ci les concerne au premier chef. Dit autrement, la convergence des valeurs et des dépenses ne progresse pas. Le vouloir d’achat s’estompe vite devant la réalité financière. Le facteur prix reste déterminant. Et ce, d’autant plus, si le contexte socioéconomique se dégrade et comprime les pouvoirs d’achat des populations. Et pourtant, sans redonner de la valeur – économique – à certaines choses, le risque est grand de voir celles-ci comme étant banales, faciles à obtenir, voire dues. La paye n’est pas à la hauteur de l’acte productif ou serviciel. Prenons ici le cas de l’alimentation, dont il n’est plus responsable de dire que son bon prix serait son bas prix, quand elle est aux normes sanitaires, sociales et environnementales européennes. Persister dans ce discours, c’est tenir un propos anachronique et déconnecté des enjeux contemporains. Le consommateur doit l’entendre, le comprendre, tout comme il faut traiter le sujet des pouvoirs d’achat et des arbitrages de dépenses de chacun. Mais cessons de dire que l’alimentation pourrait ne pas coûter : c’est sinon lui ôter toute valeur, tout sens stratégique.
En route vers le monde d’après
La pandémie de Covid-19, avec son lot de répercussions sur l’économie mondiale et les chaînes de valeur, pèse d’un poids notable dans la spirale inflationniste qui frappe la planète depuis 2020. Il ne s’agit pas simplement d’impacts en cascade des confinements et rythmes différenciés de reprise des activités. Il faut regarder à quel point la mondialisation se redessine, avec des blocs régionaux privilégiés et surtout des com- portements opportunistes plus affirmés. Toutes les nations, dans une logique précautionniste, cherchent d’abord à défendre leurs intérêts, ce qui pour certaines se traduit par une multipolarisation des relations commerciales et un souci de diversification des approvisionnements. Cette tendance s’amplifie avec le multialignement diplomatique que certains États déploient, selon ce triptyque bien établi et assumé d’être dans la coopération, dans la compétition et dans la confrontation sur cette scène géoéconomique internationale en pleine recomposition. Les inégalités géographiques s’exposent avec une vigueur inédite, avec désormais plus de 8 milliards d’habitants sur ce globe où les convoitises sur les ressources s’intensifient. Tout ce qui est précieux va (re)prendre de la valeur. L’eau, l’alimentation, l’énergie, mais aussi l’emploi, un revenu fixe, le calme ou encore la nature ne sont pas superfétatoires. De plus en plus d’individus, soumis au diktat de l’adversité quotidienne et privés du confort de la paix, en rêvent. Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit donc avant tout de regarder l’avenir, jour après jour, avec l’espoir absolu de sortir enfin de l’insécurité et de la sobriété.
Aux actes citoyens
Les Européens, invités à redécouvrir la sobriété, doivent comprendre que la sécurité et la liberté ont un prix. Investir dans le capacitaire de ces deux déterminants majeurs, c’est-à-dire ne jamais tenir pour acquise la situation favorable d’un moment donné, s’avère indispensable. En miroir, cela veut aussi dire que dans des sociétés démocratiques et de droits communs, tous ont des devoirs et doivent pratiquer le vivre-ensemble. Faire nation en France, faire l’union en Europe, cela s’entretient, signifiant goût de l’effort et goût des autres, respect du contradictoire et des différences, égalité de chacun. Tout ici doit se tenir pour rendre saine et pérenne une démocratie. La vie n’est qu’une suite d’escaliers à prendre avec ses voisins de palier dans l’immeuble ou à travers les cités avec ses concitoyens. Rien n’est facile quand on quitte son canapé4. Mais tout est plus vrai. Pour cheminer dans des directions plus soutenables, se donner les moyens de réussir les transitions à conduire, des ruptures s’avèrent essentielles : retrouver l’audace et donc cultiver la prise de risque, se remobiliser et donc redonner son sens au travail, inventer une écologie circulaire intégrale et donc ne plus rien jeter du tout, remettre un prix sur des produits ou des services vitaux et donc discerner l’indispensable de l’inutile, intensifier les capacités des uns et des autres à agir ensemble et donc s’unir pour changer, redonner l’envie de s’engager et donc réenchanter ces lendemains qui viennent. Autant de chantiers citoyens dans cette UE qui peut les stimuler, si elle y croit et le veut.
L’Europe périphérique
Le monde n’attendra pas l’UE pour avancer. La montée en puissance – économique, démographique, militaire, scientifique, etc. – de plusieurs nations aboutit mécaniquement à une moindre influence européenne. La désoccidentalisation est d’abord cette transformation structurelle de la planète5. Elle n’est pas le déclin irréversible de l’UE, entre autres, mais son déclassement progressif, programmé si elle prend soin à freiner quand tant d’autres accélèrent.
La fin de l’Eurovision
L’UE doit regarder le monde tel qu’il est, se recentrer sur plusieurs pans productifs où une partie de la planète ne veut plus travailler pour entretenir la tranquillité, voire l’oisiveté, des sociétés du Nord. La fin des « Trente Glandeuses » – cette période qui, disons, s’est étirée de 1990 à 2020 – a définitivement sonné. Les Européens, encore concentrés sur les notions de bien-être et avides de loisirs augmentés, ont-ils pris la mesure des enjeux en cours et en devenir ? Pour les pays européens, il est urgent de sortir d’une candeur trop longtemps entretenue à propos de la marche du monde. Celui-ci pense autrement, innove et se presse en matière de développement humain. Ne pas le comprendre, refuser de le voir, prétendre expliquer qu’il ne s’agit pas d’un chemin très soutenable, c’est s’exposer à la désynchronisation des agendas diplomatiques. Et donc pour l’UE se tromper de cibles, ne pas être crédible, ne plus être audible et rétrécir sur un planisphère où les lignes se recomposent. C’est ainsi courir le risque d’écrire des chansons, de les chanter avec la prétention que toutes et tous en connaissent les paroles alors qu’aucune n’est devenue un tube planétaire. À plus forte raison si l’UE, avec ses expressions urbi et orbi, auxquelles elle semble croire encore, se raconte avec autant de voix que ses États membres, dans une dissonance assourdissante.
Aux portes du paradis
Outre ce nouveau cycle socioéconomique, énergétique et industriel pour l’UE, une autre réalité paraît incontournable : ses voisinages sont peu propices à l’endormissement. Norvège et Suisse mises à part, constatons qu’elle est entourée d’espaces en transitions incertaines (Royaume-Uni), inflammables (Balkans, Moldavie, Caucase), grondants (Maghreb), inquiétants (Sahel), combattants (Ukraine, Proche-Orient) ou revendicatifs (Golfe). Or la géographie reste têtue : l’Afrique et l’Indo-Pacifique sont bien évidemment des zones importantes pour l’UE et ses États membres, mais faut-il les prioriser, en survolant parfois dans l’indifférence les dynamiques ou les turbulences de ces voisinages européens ?
Ainsi donc va l’Europe alors qu’un quart de ce siècle va se consumer. Elle somnole alors que les épreuves se rapprochent et que ses désirs de calme s’éloignent. Elle déclame des transitions sans en assumer les contraintes et les rendre supportables. Elle pousse à la décroissance des émissions carbone, mais va devoir aussi se réarmer dans tous les domaines qui transcendent l’immédiateté. Elle pense être centrale dans les relations internationales tout en prétendant, à tort, pouvoir en définir la grammaire morale. Elle n’a pas complètement tort : l’UE reste un espace plus stable, plus protecteur, plus viable et plus libre que l’écrasante majorité des pays dans le monde. Un îlot de fraîcheur quelque peu esseulé dans cet univers géopolitique et climatique mal loti et de moins en moins fréquentable.
Sur de nombreux sujets, sur ce qu’il faudrait faire pour la planète, sur les solidarités à promouvoir, l’Europe voit souvent juste. Elle a probablement raison, mais seule. Son hypertropisme environnemental, loin de la sémantique stratégique prioritaire d’une partie du monde, est ainsi parfois perçu comme une préoccupation de riches, comme une tentation d’ingérence ou comme un néopaternalisme teinté de supériorité.
Questions pour un champion
Europe globalement seule donc, avec l’hypothèse pour l’UE de devenir une zone extraterritoriale du globe. Il faut concéder que des forces l’invitent à y penser. Après tout, si les transitions sont vertueuses et que les pays européens les mènent, y embarquent leurs sociétés et toutes leurs activités, pourquoi vouloir rester ouverts sur le monde ? Ne serait-il pas préférable de se claquemurer, quand bien même il n’existe de planète B ni pour le climat, ni pour la géopolitique, ni pour l’Europe ? A minima, ne conviendrait-il pas d’imposer des clauses miroirs afin de rendre plus justes les changements massifs qu’imposent ces transitions ? Aller trop vite sur des réponses radicales à ces questions légitimes fait cependant courir le risque de ne pas comprendre les nouvelles dynamiques d’inter- dépendance qui se dessinent. D’où l’actuelle évolution sémantique du concept de souveraineté pour l’UE, en parlant davantage d’« autonomie stratégique ouverte ». En outre, certains acteurs sur cette planète nourrissent une méfiance envers l’UE, faisant en sorte qu’elle doute, recule et se divise6. En expliquant qu’elle ne sert à rien, que son heure a sonné et qu’il faudrait la détricoter. Ce narratif extérieur s’immisce jusque dans les frontières européennes : on critique l’Union – mais est-ce pour la faire grandir, mûrir et mieux agir ? –, on la torpille – mais furent-ils meilleurs et plus apaisés, ces passés de désunion européenne ? –, ou on la quitte – mais où en sont les prouesses supposées de ce Global Britain claironné ?
À la veille de nouvelles élections dans l’UE, n’est-il pas nécessaire de proposer un regard lucide et prospectif sur ce que nous réserve l’avenir, ici et au-delà ? Pour avancer dans ce siècle, l’Europe ne peut plus se permettre d’être à la fois naïve, myope et amnésique. Elle dispose d’innombrables atouts, mais les oublie parfois ou les ignore. Elle reste le modèle d’intégration politique, sociale et économique le plus abouti et robuste de la planète. On disserte sur le club des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, élargi depuis le début de l’année 2024) ou spécule sur de nouvelles alliances aléatoires, mais rien n’est à la hauteur de l’UE. En outre, des règles communes et des solidarités concrètes y sont quotidiennement expérimentées, quoique l’on en dise et même si tout n’est pas parfait. La paix, dans les frontières internes de l’UE, règne depuis des décennies. Sachons prendre conscience de ces robustesses pour savoir à la fois mener les batailles nécessaires du climat et de la géo- politique7. Il faut le faire en restant fidèle à des valeurs, mais en sachant défendre des intérêts. Dans un monde où prédominent les rapports de force, la diplomatie seule ne peut suffire et cette même diplomatie ne peut plus s’appuyer sur le même terreau de jeux. Il est donc nécessaire de déployer un narratif approprié, lisible, ferme et différenciant, sans excès d’ambitions et d’arrogances vis-à-vis du monde, sans insuffisance d’attentions et sans inactions envers le grand large, à commencer surtout dans ces voisinages européens.
Et sans incohérences : que l’on ne s’y méprenne pas, les considérations précédentes entrent en totale résonance avec les questions agricoles. Pensons au triptyque sécurité, soutenabilité et santé qui conditionne la sécurité alimentaire8. Pensons aux débats sur l’élargissement de l’UE, notamment dans le cas de l’Ukraine, qui révèlent à quel point l’attention se focalise sur les déséquilibres potentiels de l’agriculture européenne – ce qui n’est pas du tout faux – en marginalisant ce qu’une telle puissance pourrait apporter au potentiel de performances productives de l’UE – à condition d’y penser encore. Pensons aux fractures qui émergent entre d’un côté des postures nationales, conservatrices et populistes, et de l’autre des raisonnements de souveraineté communautaire, d’intégration renforcée, voire de fédéralisme en devenir. Pensons au Pacte vert et à ses rééquilibrages, dont l’actuelle présidente de la Commission européenne a reconnu la nécessité dans son discours annuel sur l’état de l’UE en septembre 2023, ouvrant par exemple un dialogue stratégique sur l’agriculture et l’industrie pour cesser de les opposer à l’environnement.
Europe : cultiver la paix en temps de guerre
En somme, interrogeons-nous. La planète est-elle plus dangereuse aujourd’hui que par le passé ? Non. Mais observons que sa nervosité s’est particulièrement intensifiée ces dernières années avec un enchevêtrement de chocs et de crises. Sortons-nous du pacifisme quand nous entrons dans une économie de guerre ? Non. Mais confessons qu’il est maladroit de vouloir mettre fin à des conflits avec l’unique morale posée sur la table et de mener des combats à armes inégales. Allons-nous vers un futur à la viabilité très réduite dans un avenir proche ? Non. Mais comprenons que sans bifurcations de grande ampleur, ce n’est plus de développement durable dont nous parlerons, mais à nouveau d’espérance de vie, nuance. Devons-nous mettre au régime l’ensemble de la population mondiale ? Non. Mais l’alimentation sera au cœur de toutes les transitions, dans toutes leurs directions et toutes leurs diversités. Les mondes agricoles seront-ils les seuls contributeurs à la paix ? Non. Mais reconnaissons qu’ils joueront un rôle fondamental, inlassablement, dans la plupart des cas et la plupart du temps.
À toutes ces interrogations, vite battues en brèche pour y injecter une dose de nuance, sachons se le dire franchement : si rien n’est acquis à jamais, l’UE dispose de toutes ses chances pour rester en paix. Un devoir envers l’avenir, envers les autres, envers son idéal de libertés. À condition de le vouloir, à condition de les respecter. Donc d’agir, en cohérence avec ses objectifs, ses valeurs et ses intérêts, mais aussi en adéquation avec ses moyens, ses capacités et ses pondérations. Il ne s’agit ni de gaspiller sa trajectoire ni de prétendre en faire un étendard. Europe globally alone, fus-tu un court instant seulement ou persistes-tu encore ?
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1. Dans le cas de la France, voir Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, Les incidences économiques de l’action pour le climat : rapport à la Première ministre (Paris : France Stratégie, 2023). Au niveau de l’UE, présenté en janvier 2020, le plan d’investissement du Pacte vert pour l’Europe avait tablé sur 1000 milliards d’euros d’investissements durables d’ici à 2030.
2. Emmanuel Hache et Benjamin Louvet, Métaux, le nouvel or noir (Paris : Éditions du Rocher, 2023).
3. Antoine Buéno, Faut-il une dictature verte ? La démocratie au secours de la planète (Paris : Flammarion, 2023).
4. Pascal Perri, Generation Pourquoi tant de Français ont perdu le goût du travail (Paris : L’Archipel, 2023).
5. Didier Billion et Christophe Ventura, Désoccidentalisation. Repenser l’ordre du monde (Marseille : Agone, 2023).
6. Thomas Gomart, Les ambitions inavouées. Ce que préparent les grandes puissances (Paris : Tallandier, 2023).
7. Pierre Blanc, Géopolitique et climat (Paris : Presses de Sciences Po, 2023)
8. Voir Sébastien Abis, Veut-on nourrir le monde ? Franchir l’Everest alimentaire en 2050 (Paris : Armand Colin, 2024).
Sébastien Abis est chercheur associé à l’IRIS depuis 2012.
Depuis 2017, il est le directeur du Club DEMETER, l’écosystème des décideurs du secteur agricole, agro-industriel et agro-alimentaire. Ses activités sont tournées vers les réflexions de long-terme, les enjeux stratégiques mondiaux, les dynamiques d’innovation et les expériences intersectorielles en faveur du développement durable. Autour de ses 80 entreprises membres, le Club DEMETER met en réseau 20 écoles d’enseignement supérieur, mobilise des experts scientifiques et coopère avec 5 ministères en France.
Entre activités de coopération internationale, d’animation de réseaux d’entreprises et de recherche, Sébastien Abis développe une expertise sur la géopolitique de la sécurité alimentaire et de l’agriculture dans le monde. Il travaille aussi sur l’évolution de la puissance française, les enjeux de souveraineté en Europe et les dynamiques de la mondialisation. Il est aussi spécialisé sur la région Méditerranée/Moyen-Orient. Il explore également le domaine maritime pour analyser les stratégies des acteurs et les transformations du commerce international.
Sébastien Abis intervient très régulièrement dans les médias, notamment sur LCI et France 24, et lors d’événements publics. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages et de nombreux articles. Il codirige chaque année Le Déméter (éditions IRIS), ouvrage d’analyses prospectives sur l’agriculture, l’alimentation et les ruralités dans le monde.
Sébastien Abis est membre du comité de rédaction de la Revue Futuribles. Il est chroniqueur pour le journal L’Opinion et la revue Sésame de l’Inrae. Il est membre des Comité de Mission des entreprises Avril et InVivo ainsi que du Comité de pilotage du pôle Agri-Agro du MEDEF International. Il enseigne à l’Université catholique de Lille (UCL), à Junia-Grande école d’ingénieurs (Lille) et à l’Université Mohammed VI Polytechnique (Rabat, Maroc). Il est expert associé dans de nombreux think tanks et associations (Euromed-IHEDN, APM, CyclOpe, Institut Jacques Delors, Comité Sully). Sébastien Abis est également réserviste citoyen de la Marine nationale (RCIT). Il est régulièrement auditionné et consulté par les pouvoirs publics (Élysée, Assemblée nationale, Sénat, ministères, collectivités locales). Il est depuis 2023 et chevalier dans l’ordre national du mérite agricole.
Diplômé de l’Université de Lille II avec une maîtrise en Histoire-Géographie et de l’IEP de Lille avec un DESS en Études stratégiques européennes piloté par l’IRIS, Sébastien Abis a d’abord travaillé à l’état-major des Armées au sein du ministère français de la Défense en 2004, avant de rejoindre en 2004-2005 le CALAME (Centre d’analyse et de liaison des acteurs de la Méditerranée). De 2005 à 2016, il a été fonctionnaire international du CIHEAM (Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes), organisation intergouvernementale dans laquelle il a notamment œuvré pour la coordination des publications (Mediterra, Watch Letter), les relations diplomatiques entre États membres et la mise en place des initiatives stratégiques institutionnelles.