Pologne: États-Unis et Russie réconcilient les finalistes de la présidentielle

La Rand Corporation vient de diffuser un rapport sur la militarisation polonaise intitulé « Polish Armed Forces Modernization. A New Cornerstone of European Security?« , par Krystyna Marcinek et Scott Boston.
La posture militaire polonaise a fait porter la part du PIB consacré à la défense à 4,7% et ce blog s’en est souvent fait l’écho.
Cette inflexion stratégique s’est traduite par:
– la création de deux nouvelles divisions lourdes – portant le total à six – au sein des forces terrestres et leur dotation en véhicules blindés, artillerie et systèmes de défense aérienne avancés ;
– la création du Bouclier oriental, une fortification de la frontière polonaise face à la Biélorussie et au territoire russe de Kaliningrad ;
– le déploiement d’au moins 32 chasseurs F-35A, la modernisation de la flotte actuelle de chasseurs F-16, le déploiement d’un nouvel avion de chasse léger de fabrication coréenne et le réarmement complet de sa flotte d’hélicoptères d’attaque avec des hélicoptères AH-64E Apache ;
– l’acquisition de trois frégates modernes et l’étude de la possibilité de créer une petite force sous-marine ;
– l’augmentation des effectifs militaires d’active de 100 000 en 2015 à 300 000 d’ici 2035, dont 150 000 en réserve d’ici 2039.
Présidentielle: convergence des candidats
L’issue du scrutin présidentiel polonais va-t-il provoquer une inflexion de cette politique volontariste de renforcement militaire?
Lors du 2e tour de la présidentielle qui a lieu ce dimanche, Karol Nawrocki, qui est soutenu par le principal parti d’opposition nationaliste Droit et Justice (PiS), affrontera le maire pro-européen de Varsovie Rafal Trzaskowski, le candidat des centristes au pouvoir dirigés par l’ancien responsable européen Donald Tusk.
Le résultat de ce 2e tour ne devrait pas provoquer de changement majeur en terme de politique étrangère et de défense.
Les positions des différents partis politiques sur ces questions sont convergentes, notamment avec le souhait partagé de maintenir des liens forts avec l’allié américain. Karol Nawrocki affirme ainsi que la Pologne « a besoin de la certitude qu’un futur président se préoccupera des relations polono-américaines ». Rafal Trzaskowski, le candidat du PO, a quant à lui déclaré que la Pologne devrait « s’efforcer d’établir la coopération la plus étroite possible entre les États-Unis, l’Union européenne et la Pologne, car ensemble, nous sommes une puissance ».
Face à la Russie, les deux finalistes polonais, en phase avec l’opinion publique, partagent la même hostilité vis-à-vis de Moscou. L’aversion envers Poutine transcende presque tous les clivages dans ce pays où la règle veut qu’un bon Polonais se méfie profondément de la Russie.
On se souviendra enfin que, selon le sondage Eurobazooka de mars dernier, 71% des Polonais estiment qu’une guerre éclatera, dans les prochaines années, en Europe. Et que 62% d’entre eux sont favorables à de forts investissements dans la défense.