L’Armée s’attaque au casse-tête de la maintenance des avions
La nouvelle patronne de la Direction de la maintenance aéronautique des armées veut redresser en trois ans une disponibilité insuffisante des aéronefs.
Florence Parly peut être satisfaite. Voulue par la ministre des Armées, la nouvelle organisation visant à renforcer la disponibilité des appareils aéronautiques se met peu à peu en place. Mardi, à l’occasion de la présentation du salon « ADS Show » qui aura lieu en septembre à Bordeaux Mérignac, l’ingénieur de l’armement, Monique Legrand-Larroche, récemment désignée à la tête de la toute nouvelle Direction de la Maintenance Aéronautique (DMAé), a annoncé qu’elle se donnait trois ans pour changer en profondeur le « maintien en condition opérationnelle » aéronautique (MCO).
Un casse-tête
Avec plus de 1200 aéronefs de près de 50 modèles différents, le « maintien en condition opérationnelle » de la flotte de l’armée est en soi un véritable serpent de mer. Il coûte de plus en plus cher alors que la disponibilité des aéronefs stagne depuis six ans à un niveau jugé insuffisant de 44 % tout appareil confondu ! En décembre, Florence Parly avait protesté contre une organisation, qui ne permet pas d’identifier les responsables et qui aboutit à « payer plus pour voler moins ». Spécialiste des hélicoptères, première femme générale quatre étoiles de l’armée française, Monique Legrand-Larroche est désormais l’unique responsable du MCO sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées et non du Directeur délégué à l’armement. Sa tâche ? Faire en sorte que les bons appareils soient aux bons endroits, au bon moment…
Priorités à l’Atlantique 2
Parmi les urgences, travailler sur la disponibilité de l’appareil de patrouille maritime Atlantique 2, celle de l’avion de transport militaire A400M mais aussi des hélicoptères Cougar, Caracal ainsi que des Dauphin de modèle Pedro et Panther. Autant d’appareils dont le taux de disponibilité ne dépasse guère les 25 %…
Dans son rapport à Florence Parly, l’ingénieur Christian Chabbert écrivait en novembre que « la disponibilité des hélicoptères, des avions de patrouille maritime et de l’aviation de transport tactique ne permettait pas d’honorer le contrat opérationnel minimum de la loi de programmation militaire ». Autrement dit, la France ne peut engager ses forces sur un théâtre d’opérations sans aide extérieure…, au moins logistique.
Responsabiliser les industriels
Avec une hausse d’un milliard d’euros par an consacré au MCO dans la loi de programmation militaire, à quelque 4 milliards d’euros par an entre 2019 et 2023, Monique Legrand-Larroche a de la marge pour sortir d’une logique d’urgence. « Pour l’instant, l’armée fonctionne en réactif. Elle commande les pièces après la panne et il n’existe toujours aucun outil informatique commun pour gérer les pièces de rechange », explique-t-elle. Aussi souhaite-t-elle insuffler davantage d’esprit d’anticipation dans le système. Ce qui passera par une responsabilisation des industriels, en négociant avec eux des contrats de performances à moyen, long terme. Comme dans l’aéronautique civile.
De nouveaux contrats de cinq à dix ans seront donc mis en place avec les industriels. En échange de cette nouvelle visibilité, ils devront s’engager sur des taux de disponibilité. Des négociations se poursuivent dans ce sens entre les États clients de l’A400M et Airbus, le but étant de parvenir à un accord cette année. Reste à contrôler les coûts, Monique Legrand-Larroche promet de rester vigilante. Pas question d’acheter la disponibilité au prix fort !