L’armée française est composée à 16,8 % de femmes.© Ludovic MARIN / POOL / AFP
La France possède la 4e armée la plus féminisée au monde, derrière Israël, la Hongrie et les États-Unis. Le commissaire général Catherine Bourdès a annoncé jeudi 9 mars, à l’occasion d’un point presse au lendemain de la journée dédiée aux droits des femmes, que l’armée française est composée à 16,8 % de femmes.
Haute fonctionnaire à l’égalité des droits (HFED) au sein du ministère des Armées et directrice du projet Mixité, elle a dressé un bilan plutôt positif de l’état des lieux de la situation en 2022, même si la proportion globale de femmes militaires semble stagner (elle était de 15 % en 2015). Le commissaire général a notamment salué le fait que 78 % des personnels des armées estiment aujourd’hui qu’une meilleure mixité au sein de l’institution permet d’améliorer son efficacité, soulignant que la bataille des mentalités évolue dans le bon sens. Par exemple, plus aucun poste n’est interdit aux femmes, le dernier, dans les équipages de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, ayant été ouvert en 2022.
Le poste de HFED a été créé en 2012 dans les armées, ce qui permet à Catherine Bourdès de tracer une progression sur les dix dernières années. « Les chiffres sont au rendez-vous », selon elle. Si certaines tendances lourdes restent – il y a toujours deux fois plus de femmes dans l’armée de l’air et de l’espace que dans l’armée de terre, et le service de santé des armées est encore à plus de 60 % féminin – d’autres sont engageantes : plus d’un quart des lauréats des différents concours d’officiers de l’armée étaient des lauréates en 2022, contre 9 % en 2013.
10 % des officiers généraux
Le commissaire général rappelle non sans fierté que l’inspectrice générale des armées Monique Legrand Laroche est devenue en 2022 la première femme générale d’armée (cinq étoiles) en France, après avoir été la première femme générale de corps d’armée en 2014. Il existe pourtant encore des plafonds de verre puisque, plus tard dans leurs carrières, les femmes ne représentent plus que 10 % des officiers généraux. Un chiffre qui, certes, correspond à ce qui était voulu par le ministère pour l’année 2022, mais l’objectif de doubler leur proportion pour atteindre 15 % à la fin de la loi de programmation militaire actuelle (LPM 2019-2025), dans deux ans, semble encore loin.
Pour le commissaire général, cela s’explique par le fait que les femmes partent beaucoup plus tôt que les hommes de l’armée, souvent pour des raisons familiales : en moyenne treize ans plus tôt que les hommes chez les officiers, quatre ans dans le rang. Si l’armée fait face à de graves problèmes de fidélisation en général, celle des femmes est encore plus compliquée.
Dans la troupe, certaines spécialités restent très peu attractives pour les femmes : pour les régiments de combat d’infanterie par exemple, la proportion de femmes reste dérisoire, environ 1,6 %. À noter que ce chiffre a quadruplé en dix ans. En opération extérieure, il faut noter que la France se situe bien parmi la quinzaine de pays qui autorisent leur déploiement opérationnel. En 2022, presque 10 % des personnels d’opex (opérations extérieures) françaises étaient des femmes. L’armée eut par ailleurs à déplorer la première tuée au Sahel en 2021, le sergent Yvonne Huynh, morte pour la France.