Guadeloupe : Un capitaine de gendarmerie incarcéré pour avoir tué un délinquant multirécidiviste
par Laurent Lagneau – Zone militaire – Le 31-03-2018
Le 11 mars dernier, dans le quartier de Dalciat, à Baie-Mahault [Guadeloupe] un véhicule circulant avec de fausses plaques d’immatriculation et plusieurs fois signalé lors de cambriolages et de vols avec violence, a été repéré par deux gendarmes qui se trouvaient à bord d’une voiture banalisée, près d’une station-service.
Quand les militaires – dont le capitaine commandant de la compagnie de gendarmerie de Baie-Mahault – se sont approchés pour interpeller le conducteur, ce dernier aurait refusé d’obtempérer.
La suite des faits est confuse : a-t-il foncé sur les gendarmes, qui se seraient sentis menacés ? En tout cas, le capitaine a ouvert le feu à 7 reprises et a touché mortellement le conducteur de la voiture suspecte, un délinquant multirédiviste originaire de Nice.
Comme il se doit en pareilles circonstances (et comme l’exige la procédure), l’officier a été placé en garde à vue, avant d’être rapidement libéré, la thèse de la légitime défense ayant été retenue. Du moins dans un premier temps.
En effet, plusieurs jours plus tard, et à l’issue d’auditions « plus poussées », la semaine passée, le capitaine de gendarmerie a été mis en examen pour homicide volontaire et écroué, afin de l’empêcher, semble-t-il, de faire pression sur ses subordonnés le temps de l’enquête.
Si une arme a bien été retrouvée dans la boîte à gant de la voiture du délinquant en question, les investigations de l’Inspection générale de la Gendarmerie, saisie par le procureur de la République de Pointe-à-Pitre, ont remis en cause la version du capitaine. « Il n’était pas forcément en danger lorsqu’il a tiré », a expliqué une source « proche du dossier », citée par l’AFP.
L’homme abattu, âgé de 35 ans, était très bien connu de la justice, avec, a précisé le procureur de la République, huit condamnations « pour des affaires de stupéfiants, vol, recel, dans le sud », la dernière remontant à mars 2016. Il était donc en Guadeloupe « depuis pas très longtemps », a-t-il relevé.
Quant au capitaine mis en examen et incarcéré, il s’agit d’un jeune officier de 27 ans, passé par les écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidan.
La prison de Fond Sarail à Baie-Mahault Photo d’illustration (D.C/L’Essor)
Intolérable : il fut un temps où les gendarmes qui sont une police militaire pouvaient ouvrir le feu après sommation et non en légitime défense comme c’est le cas pour la police ou un particulier autorisé à porter une arme. Cette disposition a été altérée par des jurisprudences non fondées. Il faut revenir sur ce délitement de la loi et de l’autorité publique. L’incarcération de ce capitaine constitue un abus d’autorité et une atteinte à l’honneur de cet officier dont on conteste sans fondement la parole de s’abstenir de toute communication avec les personnels impliqués dans cette affaire.