Le service national universel sera expérimenté dès 2019
Par Marie-Estelle Pech – Le Figaro – Publié
INFOGRAPHIE – Il sera obligatoire pour tous les garçons et filles âgés de 16 ans et suivi d’un engagement sur la base du volontariat.
Le projet de «service national universel» (SNU) voulu par Emmanuel Macron prend forme, mais il sera soumis à une grande consultation nationale auprès de la jeunesse, cet automne, dont on ne peut présager des résultats. Les contours du SNU n’ont finalement pas grand-chose de militaire. Le concept, quasi exclusivement éducatif, repose sur le bénévolat de vingtenaires qui encadreront les lycéens. «C’est un projet de société pour les jeunes par les jeunes», résume au Figaro le général Daniel Ménaouine, chef d’orchestre du rapport sur le SNU .
Ce dernier sera testé à partir de l’automne 2019 puis étendu progressivement pour atteindre toute une classe d’âge en 2026, soit les enfants aujourd’hui âgés de 9 ans. Le gouvernement devra réviser la Constitution pour autoriser une obligation de service à l’ensemble d’une classe d’âge.
Le SNU est présenté par le général Ménaouine comme un plan de «cohésion nationale, de mixité sociale et territoriale». La première étape envisagée par le gouvernement, la plus périlleuse et la plus symbolique, c’est celle de ces deux semaines en hébergement collectif que devront effectuer tous les adolescents, garçons et filles, vers l’âge de 16 ans. On compte moins de filles-mères et autres jeunes gens chargés de famille à cet âge, choisi pour éviter les cas d’exemption, explique-t-on. Cette phase obligatoire de «cohésion», dont le but est d’obtenir un brassage social, pourra se dérouler indifféremment pendant les vacances scolaires de la Toussaint, de février, de Pâques, ou d’été. Ils passeront ces douze jours «en résidentiel», explique le général, qui préfère éviter d’utiliser le terme peu motivant d’«internat». Les jeunes gens résideront donc dans des camps de vacances dans lesquels on compte 225.000 places, dans des pensionnats de lycées qui peuvent en offrir 147.000 ou dans des infrastructures que le gouvernement envisage de bâtir, qui comprendraient de 10.000 à 25.000 places, selon les différentes hypothèses de travail.
Acquérir un savoir-faire pratique
L’idée est de «faire sortir les lycéens de chez eux, tout en les laissant avec une partie de leurs camarades. Ceux que nous avons consultés demandent de sortir de leur quartier. À 16 ans, des jeunes ont fait le tour du monde, quand d’autres ne connaissent même pas leur capitale régionale, à 10 kilomètres», insiste Daniel Ménaouine. «Il faut créer des moments où des jeunes expérimentent en dehors de l’école. Ce qu’on veut créer est complémentaire de l’Éducation nationale», poursuit-il.
Qu’y feront-ils? Ils apprendront les gestes de premiers secours, à s’orienter avec une boussole, à rendre compte d’une situation de danger par radio, ils feront aussi un peu de sport. «Tout le monde n’a pas le sens de la débrouille. On ne leur a pas transmis. Il s’agit de leur faire acquérir une forme de savoir-faire pratique.» L’encadrement de ces adolescents serait effectué par 15.000 «jeunes volontaires de 21 à 25 ans». Les élèves des écoles d’État, notamment, seraient sollicités pendant leur scolarité: l’ENA, l’ENM, Polytechnique, l’École normale supérieure. Les étudiants en école de commerce «souvent en quête de stages de management» également, tout comme les futurs enseignants, les étudiants à l’université, ceux qui ont «une qualification sportive», les jeunes réservistes et, bien sûr, ceux qui effectuent un service civique. Des vétérans de l’armée pourraient éventuellement prendre la tête de ces centres. Quant aux militaires, ils participeraient à la «formation des formateurs».
Le coût de cette première tranche du SNU est évalué à 1,7 milliard d’euros par an, à partir de 2026. Un budget qui comprend le coût de la construction, l’alimentation des jeunes, leur transport en train, les locations des internats et des centres de vacances et la masse salariale. Mais selon Juliette Méadel, membre du groupe de travail Ménaouine, le coût des propositions faites par la commission serait inférieur à deux millions d’euros pour la première année d’expérimentation.
La deuxième phase du dispositif, toujours obligatoire, consiste à demander aux jeunes de développer un «projet» dans des associations pendant quinze jours, pas forcément consécutifs. Un engagement de plusieurs week-ends auprès de l’Ordre de Malte ou de la Croix-Rouge pourrait suffire, et même être pris en compte et valorisé dans le cadre du bac. Cet engagement s’effectuerait dans cinq domaines: la défense, l’environnement, l’aide à la personne, le tutorat scolaire et la culture.
La troisième phase, facultative, cette fois, avant 25 ans, serait d’une durée de trois à douze mois, «pour ceux qui ont envie de s’engager davantage encore», a expliqué le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. Un engagement qui donnera lieu à «des mesures d’attractivité variées et ciblées»: facilités d’accès au permis, crédits universitaires, éventuelle indemnisation… Le SNU engloberait les actuels volontaires du service civique, des réservistes, pompiers volontaires et cadets de la République…