Pourquoi la réserve opérationnelle pourrait pâtir du futur service national universel

Pourquoi la réserve opérationnelle pourrait pâtir du futur service national universel

Des réservistes de la gendarmerie des Alpes Maritimes à l’entraînement en août 2016. (Photo D.C L’Essor)

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Un an après la promesse du candidat Emmanuel Macron, le service national universel est enfin sur les rails. Entre temps, il a changé de nature. D’une expérience dédiée à la vie militaire, il doit finalement “favoriser la participation et l’engagement, de valoriser la citoyenneté, de renforcer la cohésion sociale et de dynamiser le creuset républicain”, précise le gouvernement, ce mercredi 27 juin.

Une annonce saluée avec prudence par l’Association nationale des réservistes de la gendarmerie (Anorgend). “Le futur service national universel ne doit pas de se faire au détriment de la réserve opérationnelle de la gendarmerie, avertit cette association. Les contraintes budgétaires de l’Etat ne doivent pas conduire à de nouvelles sujétions sur le budget de la Gendarmerie et de sa réserve opérationnelle alors qu’elle constitue aujourd’hui un modèle et permet à des milliers de jeunes citoyens de vivre un engagement au profit de la sécurité de leurs concitoyens, dans l’esprit du SNU.”

Un service d’un mois

Photo d’illustration d’un service civique dans la Gendarmerie (Photo Gendarmerie nationale). 

 

On sait désormais que ce service, obligatoire, sera effectué aux alentours des 16 ans et sera d’une durée d’un mois. Les jeunes seront ensuite invités à poursuivre l’expérience dans des engagements liés à la défense et à la sécurité (armées, police, gendarmerie ou sécurité civile), mais aussi à la santé, au patrimoine ou à l’environnement d’au moins trois mois.

Aujourd’hui, rien ne permet de dire qu’un effort budgétaire sur le service national universel se fera au détriment de la réserve opérationnelle de l’Arme, forte d’environ 30.000 réservistes. Selon le rapport du général de division Daniel Menaouine, rendu en avril 2018, le nouveau service pourrait coûter, en rythme de croisière, d’environ 1,6 milliard d’euros par an. Un investissement “soutenable” et “justifié” qui, selon le général de division, devrait à la charge du ministère en charge de la jeunesse et des autres ministères concernés.

Quelle contribution de l’Intérieur ?

Le capitaine de réserve Renaud Ramillon Deffarges, président d'Anorgend (Crédit photo: MG/L'Essor).
Le capitaine de réserve Renaud Ramillon Deffarges, président d’Anorgend (Crédit photo: MG/L’Essor). 

Le ministère de l’Intérieur devra à ce titre certainement amener sa contribution. La prise en compte de la sécurisation des sites, essentiellement par la gendarmerie nationale et marginalement par la police nationale, devra être intégrée dans la réflexion, note par exemple Daniel Menaouine. Avec un budget contraint, la tentation pourrait être grande, pour les conseillers budgétaires, de sabrer dans la réserve. “C’est une menace en termes de coût budgétaire car cet argent, il va bien falloir le trouver”, précise à L’Essor le capitaine de réserve Renaud Ramillon-Deffarges, président de l’Anorgend.

Comme lors de ce printemps, quand le budget de la réserve a été diminué d’environ 30 millions d’euros, soit un tiers des crédits, amenant à des arrêts partiels de l’activité de la réserve opérationnelle durant plusieurs semaines dans des départements. Un épisode encore douloureux pour l’Anorgend, qui fera tout pour éviter une nouvelle déroute financière similaire à l’avenir. L’association compte bien s’immiscer dans les consultations prévues à l’automne pour défendre l’idée d’un service national universel reposant “sur des financements innovants auprès des entreprises privées, afin de ne pas obérer les finances publiques”. Réponse l’année prochaine avec le déploiement, attendu, des futurs moyens du SNU.